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GéMagazine n°237 : Colette

Mai 2004

“ Un certain sens de l'indépendance et de la découverte ”

Il y a soixante ans s'éteignait en son domicile à Paris au 9 rue de Beaujolais, Colette, femme de Lettres, élue à l'Académie Goncourt, Grand Officier de la Légion d'Honneur. Après des funérailles nationales civiles au Palais Royal, elle fut inhumée au cimetière du Père-Lachaise. Romancière, auteur de plus de quarante volumes, dont la série des “ Claudine ”, elle est la fille de Jules Joseph Colette, militaire de carrière, devenu percepteur des contributions directes après une blessure reçue au combat de Melegnano le 8 juin 1859, et de Adèle Eugénie Sidonie Landoy, dite Sido.

 

Trois rencontres qui ont marqué sa vie.

Le premier époux de Colette, de quatorze ans son aîné, fut Henry Gauthier-Villars dit Willy né le 10 août 1859 à Villiers-sur-Orge (Essonne) d'un éditeur installé à Paris, Jean Albert Gauthier-Villars. Willy a tout d'abord travaillé avec son père avant de prendre ce pseudonyme à la réputation de “ libertin excentrique ”. Willy a publié des livres dont il écrivait le canevas mais qu'il laissait à d'autres le soin de rédiger. Maurice Edmond Sailland dit Curnonsky fut son “ nègre ”, comme le sera par la suite son épouse Colette. Leur mariage célébré en 1893 fut suivi de leur séparation dès 1907 ; leur divorce fut prononcé en 1910. Willie est décédé en 1931 presque oublié.

Colette épousa en secondes noces le 19 décembre 1912 à Paris 16è Bertrand Henri Léon Robert de Jouvenel des Ursins dit Henry de Jouvenel, alors directeur honoraire au Ministère de la justice, rédacteur en chef du journal Le Matin, Chevalier de la Légion d'honneur. Furent témoins au mariage, Jean Sapène, directeur commercial, René François, rédacteur, Georges Alric, directeur des Services politiques ; tous trois travaillaient au Matin.

Maurice Goudeket fut le troisième époux de Colette. Homme de Lettres, Croix de Guerre, né à Paris le 3 août 1889, il est le fils de Salomon Goudeket et de Berthe Bondy.

 

Devenue baronne et châtelaine par son mariage avec Henry de Jouvenel.

Henry de Jouvenel, journaliste, écrivain, homme politique, Ambassadeur de France, est né le 2 avril 1876 à Paris 8è de Raoul Marie Bertrand de Jouvenel des Ursins et de Marie Juliette Emilienne Dollé (1857-1929), d'une famille ayant des attaches en Corrèze, tout particulièrement à Varetz où se trouvait la propriété familiale des de Jouvenel - Castel Novel - Colette en sera la châtelaine. Marié trois fois, il a épousé en premières noces le 26 décembre 1902 à Paris 9è Sarah Claire Boas (1879-1967). Sarah Claire Boas fut officier de la Légion d'honneur et l'auteur de deux ouvrages sous le pseudonyme d'Ariel. Elle est la fille d'Alfred Boas, ingénieur des Arts et Manufactures, fabricant de faïences et de sanitaires. Le divorce de Jouvenel-Boas fut prononcé en 1909, trois ans plus tard était célébré le mariage avec Colette, union suivie d'un nouveau divorce prononcé en 1925. En troisièmes noces, il épousa le 4 août 1930 à Paris 6è Germaine Sarah Hément, veuve de Charles Louis-Dreyfus, banquier et négociant suisse, et fille d'Edgard Hément, rédacteur au Temps. Il eut trois enfants : Bertrand de Sarah Claire Boas, Colette surnommée Bel-Gazou de Colette, et Renaud né en 1907 de Ida de Comminges.

 

Bourguignonne avec des racines provençales.

Colette est née à Saint Sauveur en Puisaye, en Bourgogne, mais ses racines paternelles la mènent à Toulon, dans le Var, où son père et son grand-père paternel ont vu le jour. La ligne directe paternelle a toutefois des origines plus anciennes dans le département de la Moselle, plus précisément à Fénétrange où Claude Colette (n° 32) est qualifié de “ bourgeois ”.

Les racines provençales de Colette sont pourtant effectives avec les Funel puisque la grand-mère paternelle de Colette, Marie Thérèse Adélaïde Funel (n° 5) etait née à Toulon, de parents natifs de Seillans. Seillans et Comps sont le théâtre de la vie quotidienne des familles Boyer, Lyon, Thalamer, Gariel et Dourcol. Joseph Boyer (n° 44) est huissier royal à Seillans vers 1753, tandis que Joachim Lyon (n° 46), marchand et bourgeois de Comps, a épousé au même lieu le premier juillet 1744 Marie Thérèse Thalamer (n° 47); Il s'y est d'ailleurs éteint le 4 février 1761.

La famille Lyon alias Lions est suivie jusqu'à Jacques Lions (n° 368) marchand, qui régla son union avec Anne Chaix (n° 369) pardevant notaire le 10 février 1643 à Comps.

 

Les Landoy, de Saint-Sauveur dans l'Yonne à Schaerbeek en Belgique.

Adèle Eugénie Sidonie Landoy (n° 3) épousa en premières noces le 15 janvier 1857 à Schaerbeek en Belgique Claude Jules Joseph Robineau-Duclos, propriétaire à Saint-Sauveur (Yonne) où il est né le 9 février 1814 de Edmé Pierre Joseph Robineau-Duclos - décédé le 13 novembre 1836 à Saint-Sauveur - et de Françoise Dauphine Damon - décédée à Paris le 22 janvier 1836. Dans l'acte de mariage rédigé le 15 janvier 1857, on apprend que les parents de Adèle Eugénie Sidonie Landoy (n° 3) sont décédés, son père, Henri Marie Landoy (n° 6) à Lyon le 17 janvier 1854, sa mère, Sophie Céleste Chatenay (n° 7) à Paris le 2 octobre 1835. Les publications des bans ont été faites à Schaerbeek, mais aussi à Saint-Sauveur et à Paris où la future est dite “ domiciliée de droit ”. Le futur est accompagné d'un cousin, Henri Thoumas-La Chassagne, docteur en médecine à Saint-Fargeau, dans l'Yonne. La future est accompagnée de ses deux frères, Eugène et Paul Landoy, tous deux journalistes à Schaerbeek ; ils ont d'ailleurs fait carrière en Belgique.

 

Henry Landoy, négociant à Molenbeck Saint Jean, en Belgique.

Les conditions du premier mariage de Adèle Eugénie Sidonie Landoy (n° 3) furent réglées par contrat de mariage passé pardevant maître Langendrie, notaire à Bruxelles le 7 janvier 1857. C'est d'ailleurs à Bruxelles que son père, Henry Landoy (n° 6) épousa en secondes noces le 25 janvier 1837 Thérèse Leroux, qualifiée alors de fabricante, née à Bruxelles le 29 floréal an 06 - 18 mai 1798, veuve de Jean François Claret, décédé le 8 avril 1835, et fille de Jean Baptiste Leroux et de Isabelle Schoenen.

Henry Landoy (n° 6) est prénommé Marie Henri dans l'acte de mariage du 25 janvier 1837. Qualifié de négociant demeurant à Molenbeck Saint Jean, il est veuf de Sophie Céleste Chatenay (n° 7). Son père, Robert Landoy (n° 12), alors fabricant à Charleville dans les Ardennes, consent au mariage par acte, sa mère, Anne Marie Mathis (n° 13) est dite décédée. Le patronyme de sa mère est orthographié Matisse. Le mariage fut célébré en présence de Jacques Leroux, marchand de vin, de Nicolas Clerens, agent de change, de Jules Alexis Théodore Delfosse, lithographe, et de Charles Ectors, avocat.

 

Robert Landoy, perruquier rue Saint Charles à Charleville, dans les Ardennes.

Veuf de Anne Marie Mathis (n° 13) depuis le 11 mars 1824, Robert Landoy (n° 12) a épousé en secondes noces le 29 septembre 1824 à Charleville Marie Antoinette Migeot, née à Charleville le premier Fructidor an quatre - 19 août 1796, fille de Nicolas Migeot, “ porte-sac ”, et de Adrienne Noiret. Le mariage fut célébré en présence de Nicolas Joseph Dunand, cordonnier, de Philippe Isaac Jouvenet, imprimeur, amis du futur, de Antoine Migeot, cordonnier, et Nicolas Migeot, manœuvre, tous deux frères de la future. Nicolas Joseph Dunand et Nicolas Migeot furent aussi les témoins du décès de Robert Landoy (n° 12) survenu le 3 août 1838 à Charleville.

L'acte de décès de Anne Marie Mathis rédigé le 13 mars 1834 dit qu'elle est native de Grandpré, son mari, Robert Landoy y est qualifié de perruquier rue Saint Charles. A la célébration du baptême de Henry Landoy (n° 6) le 26 septembre 1792, les parrain et marraine sont Henry Mathis alias Matisse et Anne Marie Mathis ; tous deux résident à Fépin (Ardennes). Des recherches à Fépin permettraient peut-être de combler les manques de Grandprè - registres paroissiaux lacunaires de 1700 à 1786.

 

Une origine plus lointaine à La Neuville près Cormicy, dans la Marne.

Selon l'article publié par René Robinet, les Landoy étaient laboureurs et manouvriers à La Neuville près Cormicy, dans la Marne. L'ancêtre le plus lointain est Pierre Landoy, époux de Barbe Guyart, dont le fils, Guillaume Landoy (1664-1724) fut l'époux de Perette Loiselet. Leur fils, Henri Landoy (1702-1759) eut de son épouse Anne Prévoteau, un fils Jean Louis Landoy (n° 24).

La descendance s'organise de la manière suivante : Robert Landoy (n° 12) eut deux enfants de sa première union : 1° Henri Landoy (n°6) dont descend Colette ; et 2° Marie Charlotte Landoy née en l'an III, et décédée l'année suivante.

De sa seconde union, il eut au moins deux fils : 3° Henri Emile Landoy né en 1825 qui fut l'époux de Anaïs Herbin dont un fils, Henri Ernest Edouard Landoy, né en 1848 à Charleville, miroitier et époux de Marie Julie Kraus, dont Vincent Landoy né à Mézières en 1879, mort à Reims en 1946, chef de préfecture à la Préfecture des Ardennes ; et 4° Jules Landoy né en 1837.

Henri Landoy (n° 6) et Sophie Chatenay (n° 7) ont eu au moins sept enfants : 1° Henri Célestin Landoy né le 26 novembre et décédé le 14 décembre 1815 ; 2° Henri Eugène Landoy né le 17 octobre 1816 ; 3° Paul Emile Landoy né en 1818 et décédé en 1822 ; 4° Jules Hyppolite Landoy né en 1821, mort âgé d'un jour ; 5° Jules Paulin Landoy né le 31 juillet 1823 ; 6° Irma Céleste Désirée Landoy née le 23 mai 1834  au Havre (Seine-Maritime) ; et 7° Adèle Eugénie Sidonie Landoy (n° 3).

 

Une existence aventureuse.

Henry Landoy (n° 6) était installé comme épicier-marchand de tabac à Charleville. Lorsque la mère de Sido décède à Paris en 1835, moins de deux mois après la naissance de cette dernière fille, Henry Landoy est absent, il est même déclaré “ sans domicile ni résidence connue, le mauvais état de ses affaires ayant nécessité son départ pour l'étranger ”. Lors de son passage à Paris, après un séjour au Havre puisque la naissance d'une petite fille y a été enregistrée en 1834, Henry Landoy occupait un poste de commis en marchandises. En 1837, il est négociant à Bruxelles, c'est cette qualification qui sera mentionnée dans son acte de décès ; sa mort est survenue à l'Hôtel-Dieu à Lyon le 17 janvier 1854.

 

Vérifications faites par :

- Alain Chapellier, Généalogiste professionnel, 47, rue Lauveau, 08090 Warnécourt.

- Baudouin Storms à Bruxelles.

 

Bibliographie :

- “ A la découverte de leurs racines ” de Joseph Valynseele et Denis Grando. ICC 1988.

- “ Colette ” de Claude Pichois et Alain Brunet. Editions de Fallois. Paris 1999.

- “ Racines d'Ardennes ” de Alain Chapellier. Les Editions du Plateau de Rocroi. 2002.

- “ L'ascendance champenoise et ardennaise de Colette ”. Article de René Robinet paru dans le n°9 d'Etudes Ardennaises d'avril 1957, cote AD08. PER H10.

- “ Méridionaux illustres ” compléments transmis par les archives municipales de Toulon signés L. Mounier dans AGEVAR - BP 1022 - 83057 Toulon Cedex.

- “ Dictionnaire Biographique Généalogique et Historique du département de l'Yonne ”. Tome I. Paul Camille Dugenne. Société Généalogique de l'Yonne. 1996.

- “ Who's Who in France. XXe Siècle. 1900-2000 ”. Editions Jacques Lafitte. Paris 2001.

 

Remerciements :

- Mairie de Saint-Sauveur-en-Puisaye.

- Mairie de Châtillon-Coligny.

- Archives Municipales de la Ville de Toulon, 3, Impasse Calvi, 83000 Toulon.

- Madame Colette Boulard à Bordeaux.