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GéMagazine n°235 : George Sand

Mars 2004

Aurore Dupin, baronne Dudevant, dite George Sand

Aurore Dupin dit George Sand est née en 1804, il y a deux cents ans. Sa généalogie est un roman à elle seule, fille de roi, galante, liaisons. L'œuvre de George Sand évolua aussi au gré de ses passions, Jules Sandeau, Alfred de Musset, Pierre Leroux et Frédéric Chopin. Ses romans sont d'inspiration sentimentale, mais aussi sociale et rustique.

 

Un procès en séparation.

Aurore Dupin dit George Sand (n° 1) est née à Paris le premier juillet 1804. Son père, Maurice Dupin (n° 2), meurt en 1808, elle a tout juste quatre ans. George Sand sera élevée par sa grand-mère paternelle à Nohant. George Sand épouse le 17 septembre 1822 à Paris François dit Casimir Dudevant, licencié en droit, sous-lieutenant d'infanterie et propriétaire. Né le 5 juillet 1795 à Pompiey, département du Lot-et-Garonne, et décédé le 7 mars 1871, il est le fils naturel de Jean François Dudevant, chevalier de l'Empire en 1810, baron en 1811, colonel de cavalerie, et d'Augustine Soulès. Comme le divorce n'était pas légalement possible, le mariage est rompu après un procès en séparation. En effet, le divorce fut autorisé par la loi du 20 septembre 1792 et fut supprimé en 1816. Son rétablissement n'eut lieu que par la loi du 27 juillet 1884.

 

Antoine de Horn, tué en duel.

Marie Aurore de Saxe (n° 5), grand-mère paternelle de George Sand, fut élevée à Saint-Cyr jusqu'à son mariage. Saint-Cyr est une école de fille près de Versailles construite à la demande de Madame de Maintenon. Le premier mariage de Marie Aurore de Saxe (n° 5) fut célébré le 9 juin 1766, paroisse Saint Roch à Paris, avec le comte Antoine de Horn, né le 18 septembre 1721 à Saint Pierre l'Angelé, à Verdun (Meuse), capitaine d'infanterie, lieutenant pour le Roi à Sélestat (Bas-Rhin), fils de Charles de Horn, intéressé dans les affaires du Roi, et de Marie Thérèse Michel. Quelques mois seulement après le mariage, le comte de Horn est tué en duel. Dix ans plus tard, elle épouse Louis Claude Dupin dit de Francueil (n° 4), fils d'un fermier général, âgé de soixante et un ans.

 

Frère et sœur de George Sand.

George Sand avait un demi-frère, Auguste Dupin, né à Madrid en Espagne le 12 juin 1808. Ce petit garçon né de Catherine Chatiron (1779-1866), attachée au service de Marie Aurore de Saxe (n° 5), s'est éteint le 8 septembre 1808 à Nohant-Vicq, quelques jours seulement avant son père.

George Sand avait aussi une demi-sœur née d'une liaison de sa mère Caroline Delaborde (1799-1878) qui s'est alliée à Saint Germain des Près, à Paris, le 12 décembre 1821 avec Nicolas Cazamajou ( 1797-1864), contremaître en chef à la Manufacture d'armes de Châtellerault, fils de Jean Cazamajou, contremaître d'armes, et de Marie Lesage. Caroline Delaborde et Nicolas Cazamajou ont eu un fils unique Oscar Cazamajou (1822-1891), mercier, allié en 1853 avec Artémise dite Hermine Lécuyer, union sans postérité.

 

Les Dupin, propriétaire du Blanc et de Chenonceaux.

Claude Dupin (n° 8), l'arrière-grand-père paternel de George Sand, fut acquéreur de la seigneurie du Blanc en 1739. Il avait aussi un hôtel à Paris, l'hôtel Lambert. Lorsqu'il s'éteignit en 1769, sa seconde épouse, Louise Madeleine Guillaume de Fontaine (1707-1799), quitta Le Blanc pour Chenonceaux où elle habitait encore au moment de la Révolution.

Louise Madeleine Guillaume de Fontaine avait apporté une dot considérable ; elle était la fille naturelle de Samuel Bernard, financier, et de madame de Fontaine.

De cette deuxième union est né Jacques Armand Dupin dit de Chenonceaux, baptisé le 3 mars 1727, paroisse Saint Roch, à Paris, qui épousa le 9 octobre 1749, paroisse Saint Sulpice, à Paris, Louise Julie dit aussi Marie Alexandrine Sophie de Rochechouart. Elle est la fille de Bertrand de Rochechouart, seigneur du Bâtiment, et de Julie Sophie de Rochechouart de Jars. Dont un fils : Claude Dupin dit de Rochefort (1752-1788) qui s'allia en 1780 à Anne Sophie Serre de Saint Roman, sans postérité.

Jean-Jacques Rousseau, secrétaire de Claude Dupin (n° 8), fut le précepteur de Jacques Armand. A la mort de Louise Madeleine Dupin, la fortune des Dupin avait fondu et l'héritage passa dans la famille Vallet de Villeneuve.

 

Marie Aurore de Saxe, petite-fille de roi et fille du Maréchal de Saxe.

Marie Aurore de Saxe (n° 5) fut portée sur les fonds baptismaux de l'église Saint Gervais, à Paris, le 19 octobre 1748. Elle est alors dite “ fille de Jean Baptiste de La Rivière, bourgeois de Paris, et de Marie Rinteau, sa femme ”. Le 4 juin 1766, un arrêt du Parlement de Paris remplace ce libellé par “ fille naturelle de Maurice comte de Saxe, maréchal général des camps et armées de France, et de Marie Rinteau ”. Elle fut l'unique enfant du Maréchal de Saxe.

La famille de Saxe est apparue à l'époque de Charlemagne. Il existe deux branches principales de la famille. La seconde branche a donné les Electeurs puis les Rois de Saxe. En 1697, L'Electeur Frédéric Auguste I devient Roi de Pologne sous le nom d'Auguste II, il s'agit de l'ancêtre n°20 de George Sand. Dresde, l'ancienne capitale de la Saxe, est la ville où les Electeurs de Saxe sont installés depuis Christian II, en 1583.

Frédéric Auguste de Saxe (n° 20) régna sur la Pologne jusqu'en 1733 ; il eut un seul enfant issu de son mariage, mais on lui attribue plus de 350 bâtards. Maurice de Saxe (n° 10) est l'un d'eux, fils naturel de la comtesse Marie Aurore de Königsmarck (n°21), il fut élevé à la dignité de Maréchal de France en 1746.

 

Marie Geneviève Rinteau, galante.

Marie Aurore de Saxe (n° 5) eut toutefois un demi-frère né d'une liaison entre sa mère, Marie Geneviève Rinteau (n° 11), et Godefroy Charles de La Tour dit d'Auvergne, 6è duc de Bouillon (1728-1792). Ce demi-frère utérin, Charles Godefroy dit l'abbé de Beaumont, est né à Paris le 31 octobre 1750. Prêtre puis curé de Tartas, dans les Landes, il est mort le 5 mars 1823 à Brunoy, actuellement dans l'Essonne.

Le 28 septembre 1761, Marie Geneviève Rinteau (n° 11) met au monde, paroisse Sainte Marie Madeleine de la ville l'Evêque, à Paris, une petite-fille, Marie Louise, demi-sœur de Marie Aurore de Saxe. L'enfant est déclarée comme fille de Louis (de) Salnac. En fait, elle est née de la liaison de sa mère avec Denis La Live, marquis d'Epinay. Marie Louise (de) Salnac s'est alliée le 27 mai 1779 à Paris avec Pierre Joseph Reynaud, juge du Roi, avocat en Parlement.

 

Carrière dans la galanterie.

Marie Geneviève Rinteau (n° 11) et sa sœur, Geneviève Claude Rinteau firent carrière dans la galanterie.  Cette dernière est née le 13 février 1734 à Saint Leu Saint Gilles, à Paris, et décédée le 23 septembre 1791 à Saint Jacques du Haut Pas, à Paris. Marie Geneviève et Geneviève Claude Rinteau sont les filles de Nicolas Rinteau (n° 22), marchand limonadier, et de Marie Anne Dupuy.

A la génération précédente, Nicolas Rinteau (n° 44) est mort à Paris, paroisse Saint Eustacche, le 6 octobre 1733. Maître et marchand limonadier à Paris, il s'y est marié trois fois. Le premier mariage fut réglé par contrat le 9 février 1690 à Marie Anne Chaucüer, morte sur la paroisse Saint Nicolas des Champs en juillet 1722. Marie Anne Chaucüer est la fille d'un marchand distillateur, Jean Chaucüer et de Barbe Guichard. Son deuxième mariage fut célébré à Saint Sulpice à Paris le 21 août 1723 à Rose Semit, morte en 1725. Le 20 juin 1726, il épouse en troisièmes noces une veuve, Claude Louise Dubreuil. La famille Rinteau est localisée à Massy, actuellement dans l'Essonne, en 1687.

Claude Louis Rinteau (n° 22) avait un frère, Jean Baptiste Rinteau dit de Fleurimont (1695-1760), receveur de la barrière Saint Marcel ; il fut condamné à plusieurs reprises pour trafics et malversations et lança ses nièces dans la galanterie.

 

Marie Aurore de Saxe, veuve Dupin, achète Nohant.

Marie Aurore de Saxe (n° 5), épouse Dupin, achète la terre de Nohant le 23 août 1793 à Monsieur Pierre Philippe Péarron de Serennes, un ancien officier d'infanterie, gouverneur de Vierzon. Ce dernier l'avait acquis le 10 novembre 1767 et avait fait raser le château de Villelume pour y faire construire l'habitation dans laquelle s'installe Marie Aurore de Saxe femme Dupin.

Son fils unique, Maurice Dupin (n° 2), brillant officier est décédé accidentellement en revenant d'un dîner à La Châtre le 17 septembre 1808 ; aide de camp de Murat, il arrivait tout juste d'Espagne et s'était installé avec sa famille à Nohant. Maurice Dupin laisse une veuve et une fille, Aurore dite George Sand, qui fut élevée par sa grand-mère de quatre à seize ans. Après trois années de pension à Paris, elle revient à Nohant jusqu'au décès de sa grand-mère survenu le 26 décembre 1821. Par son testament rédigé le 29 mai 1821, Aurore héritait de tous ses biens. Après la mort de George Sand, Nohant revient à son fils Maurice en exécution d'un testament du 17 juillet 1847 qui le légua à son tour à ses deux filles, Aurore et Gabrielle.

 

Enfants légitime et naturels de Louis Claude Dupin (n° 4).

Maurice Dupin (n° 2) avait une demi-sœur née du premier mariage de Louis Claude Dupin (n° 4) avec Suzanne de Bollioud de Saint Julien née le 11 décembre 1718 à Bourg-Argental, dans le département de la Loire, et inhumée le 3 septembre 1754, paroisse Saint Eustache, à Paris. Suzanne est la fille de Christophe de Bollioud de Saint Julien, conseiller secrétaire du Roi, lieutenant général d'épée au bailliage de Bourg-Argental et de Saint Ferréol, et de Françoise Olivier de Senozan.

Suzanne Dupin (1751-1812), demi-sœur de Maurice Dupin (n° 2), épousa le 9 février 1768, paroisse Saint Eustache, à Paris, Pierre Armand Vallet de La Touche, seigneur de Villeneuve (Passy 1731-Paris 1794), trésorier général de la ville de Paris, fils de Nicolas Vallet de Villeneuve et de Françoise Thérèse Guillaume de Fontaine, cette dernière est la sœur de Louise Madeleine Guillaume de Fontaine, seconde épouse de Claude Dupin (n° 8). De ce premier mariage sont nés deux garçons : René Vallet de Villeneuve (1777-1963), comte de l'Empire, chambellan du roi de Hollande, Sénateur, chambellan de Napoléon III, époux de Apolline de Guibert ; et Auguste Vallet de Villeneuve (1779-1835) époux de Laure de Ségur (1778-1812).

Veuve de Pierre Armand Vallet de La Touche, Suzanne Dupin se maria à Chenonceaux (Indre-et-Loire) le 25 juin 1796 avec Joseph Delaville-Leroulx (Le Blanc 1747 - Paris 1803), négociant, Député du tiers pour la sénéchaussée d'Hennebont aux Etats Généraux, Sénateur en 1799, fils d'un avocat au Parlement, Joseph Delaville-Leroulx et d'Elisabeth Cellier.

Maurice Dupin (n° 2) avait aussi un demi-frère né d'une liaison de son père avec Louise Tardieu d'Esclavelles, Madame Denis La Live, marquise d'Epinay : Jean Claude Le Blanc de Beaulieu (1753-1825), évêque, chanoine de Saint-Denis, celui-là même qui donna l'extrême onction à Marie Aurore de Saxe (n° 5). Se reporter au paragraphe intitulé “ Marie Geneviève Rinteau, galante ” qui mentionne Marie Louise (de) Salnac née en 1761 d'une liaison présumée avec Denis La Live.

 

Maurice et Solange Dudevant-Sand, enfants de George Sand.

Maurice Dudevant-Sand, romancier et artiste peintre, est né le 30 juin 1823 sur le premier arrondissement ancien de Paris ; il réalisa de nombreuses huiles montrant des paysages berrichons, illustra les livres de sa mère et écrivit une dizaine de livres. Maurice Dudevant-Sand fut marié religieusement par Alexis Muston, pasteur vaudois de la Drôme, le 17 mai 1862 avec Lina Calamatta (1842-1901), fille d'un maître graveur italien de Milan, Luigi Calamatta, et d'Anne Joséphine Rochette. Elle est aussi l'arrière-petite-fille du sculpteur Jean Antoine Houdon, père de Antoinette Claudie Houdon. Cette dernière est la femme de Raoul Rochette, archéologue, administrateur de la bibliothèque du Roi, tous deux parents de Anne Joséphine Rochette. Lina Calamatta eut un fils et deux filles : Marc Antoine (1863-1864), Aurore (1866-1961) et Gabrielle dite Titite  (1868-1909).

Solange Dudevant-Sand (1828-1899) épousa à Nohant-Vicq le 19 mai 1847 Jean Baptiste dit Auguste Clésinger, né à Besançon, dans le Doubs, le 22 octobre 1814 et décédé à Paris 7è le 6 janvier 1883. Sculpteur de quatorze ans son aîné, il est le fils de Georges Philippe Clésinger, aussi sculpteur, et de Anne Gabrielle Doroz. Solange Dudevant-Sand donna naissance à deux petites filles, toutes deux prénommées Jeanne Gabrielle et décédées jeunes.

 

Postérité de Maurice Dudevant-Sand.

Marc Antoine Dudevant ne vécut qu'une année. Aurore Dudevant-Sand devint femme de lettres, artiste peintre sous le pseudonyme de Claudio Padilla ; elle a épousé le 16 novembre 1889 à Paris 16è Frédéric Lauth (1865-1922), artiste peintre, fils de Charles Lauth, chimiste à la Manufacture de Sèvres, et de Elisa Kirschleger. Aurore Dudevant-Sand adopta par un jugement du tribunal civil de La Châtre Georges Smeets, son filleul, devenu ainsi Smeets-Dudevant-Sand. Architecte, ce dernier est né à Paris 8è le 28 septembre 1911 et est décédé le 26 janvier 1970 à Gargilesse-Dampierrre, dans l'Indre, sans postérité.

Gabrielle Dudevant-Sand épousa le 28 juillet 1890 à Paris 1er Roméo Palazzi, né le 15 juin 1853 à Arcenia en Italie, et décédé dans les années 1940 à Rome. Professeur de dessin, il est le fils de Romigio Palazzi, percepteur, et de Barbara Streglia, union qui fut sans postérité.

 

De Klokart en Autriche à Cloquard, maître faïencier à Lunéville.

Antoine Delaborde (n° 6) et Marie Anne Cloquard (n° 7) ont eu deux filles dont la mère de George Sand et Lucie Delaborde. Lucie Delaborde est née le 15 janvier 1776 à Paris, elle y est d'ailleurs décédée le 8 mai 1851. L'église de Saint Nicolas des Champs fut le théâtre de son union célébrée le 22 août 1804 avec Armand Maréchal, chef de bureau au ministère de la Maison du Roi, puis inspecteur général, fils de Toussaint Maréchal, graveur du Roi, et d'Elisabeth Lelorrain, dont une fille unique, Clotilde Maréchal ( 1805-1859). Cette dernière s'est mariée par deux fois, en premières noces le 24 mai 1826 à Saint Philippe du Roule, à Paris, avec Auguste Dacher. Lieutenant colonel de cavalerie, ce dernier est mort en service au 11è Régiment des Chasseurs d'Afrique le 10 août 1845. Veuve, elle a épousé le 20 juillet 1846 sur le 1er arrondissement ancien de Paris Saint-Cyr dit Camille Villetard, traducteur au ministère de la Guerre, dont postérité.

Joseph Klokart (n° 28) fut foudroyé le 27 mai 1738, installé comme maçon à Lunéville, il arrivait d'Autriche, plus précisément de Dornbirn, dans le Vorarlberg. Jean Georges Klokart (N° 14) transforma son nom en Cloquard, il fut tour à tour maître faïencier, maître ferrailleur, puis maître paulmier. Sa fille, Marie Anne Cloquard (n° 7), épousa un maître oiseleur à Paris.

 

Bibliographie :

“ A la découverte de leurs racines ” de Joseph Valynseele et Denis Grando. Seconde série. ICC 1994.

“ A la table de George Sand ” de Christiane Sand. Flammarion 1987.

“ Le Blanc - Vingt siècles d'Histoire ” de Lucienne Chaubin. Ed. Royer.