Janvier 2004

“ La môme PIAF ”

Baptisée par Louis Leplée “ La Môme Piaf ”, Edith Piaf avait la fragilité du piaf, nom qui en argot signifie petit oiseau.  Du haut de son 1,47 m, Edith Piaf a séduit par sa Voix un très large public qui 40 ans après sa disparition rend hommage à cette voix exceptionnelle. Sa mort survenue en fait à Cannes, mais déclarée à Paris, a été suivie quelques heures plus tard de celle de Jean Cocteau (1889-1963). En ce 11 octobre 1963, la France pleure deux monstres sacrés.

Les Gassion, famille normande sur dix générations.

Les ancêtres d'Edith Piaf ont pour berceaux la Basse-Normandie, la Picardie, le Nord-Pas-de-Calais, l'Italie et le Maroc.

Edith Piaf est née Edith Giovanna Gassion. L'ancêtre le plus lointain localisé en ligne direct est Jean Gassion (n° 256) maçon à Castillon, dans le département du Calvados. Son fils, Gilles Gassion (n° 128) et son petit-fils, Jacques Gassion (n° 64) y ont vu le jour, le premier, le 9 juin 1706, le second, le 9 mai 1740. Jacques Gassion (n° 64) épouse le 18 septembre 1760 à Noron-la-Poterie (Calvados) Suzanne Mancel (n° 65). Elle lui a donné un fils, Jacques François Gassion (n° 32) né à Arganchy (Calvados). Les quatre générations suivantes vont voir le jour à Falaise, dans cette ville où enfant Edith Piaf passera une partie de son enfance chez sa grand-mère paternelle.

Cette famille à laquelle “ elle ne croyait pas ” !

Edith Piaf avait un frère et une demi-sœur, mais la vie les a éloignés. Enfants confiés à la garde de parents, ils n'ont pas été élevés ensemble. Le frère, Herbert Gassion, est né à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 31 août 1918, Edith a un peu moins de trois ans à cette époque, et elle vit déjà chez ses  grands-parents paternels. Herbert Gassion, cadre administratif, s'est marié tardivement, tout d'abord en 1963 à Henriette Buguet (1891-1971), veuve de Marcel Frédéric Bouin, puis en 1972 avec Jeanne Dufour.

Louis Gassion (n° 2) eut une autre fille, Denise Gassion née en 1931 de Jeanne Georgette L'Hôte, fille de Charles Joseph L'Hôte et de Eugénie Lang. Denise Gassion, artiste lyrique en France, puis au Canada, a épousé en 1950 Roger Brossard. Elle est l'auteur de deux ouvrages consacrés à Edith Piaf “ Piaf, ma sœur ” et “ Edith Piaf secrète et publique ”.

Edith Piaf a eu de Louis Dupont (1915-1965) une petite fille, Marcelle Dupont née en 1933 et morte à deux ans et demi. Elle a convolé par deux fois, en premier, le 20 septembre 1952 à New York avec René Ducos dit Jacques Pills (1906-1970), divorcé de Emilienne Henriette dite Lucienne Boyer (1901-1983), son secrétaire ; il était aussi compositeur et acteur français. Point de Vue de 1952 en fait sa Une. Dans les deniers mois de sa vie, elle a épousé le 9 octobre 1962 à Paris 16^è Theophan Lamboukas dit Théo Sarapo (1936-1970) de 21 ans son cadet. Il sera à ses côtés lors de son décès.

Victor Alphonse Gassion et le cirque.

Louis Gassion (n° 2) est d'une grande famille, quatorze enfants. Victor Alphonse Gassion (n° 4), le père, est normand depuis Jean Gassion (n° 256) maçon à Castillon en 1705. Bien que ses ancêtres aient été maçon, journalier, siamoisier, employé d'octroi, bonnetier, lui a choisi de devenir écuyer de cirque. Engagé dans la troupe de Louis Dianta, il s'y fait appeler “ Gassion de Falaise ”. Il vient tout juste d'avoir dix ans, lorsqu'il signe le 1^er janvier 1861 au Cirque Napoléon, inauguré en 1852 par Napoléon III, et qui prit le nom de cirque d'Hiver en 1870. Il va se produire au cirque de l'Impératrice ou Cirque d'été créé sous un chapiteau en 1835, nommé lors de son édification en solide en 1841 s'appela Cirque national, puis rebaptisé en 1853 Cirque de l'Impératrice, et dans des cirques ambulants, comme le cirque Ciotti. Ces déplacements vont le mener à Lille où il a épousé le 6 janvier 1880 Léontine Louise Descamps (n° 5). Lors du mariage, les nouveaux mariés légitiment deux filles : Louise Alhonsine Gassion née à falaise le 7 février 1878 et Mathilde Gassion née le 9 novembre 1879 à Verviers, en Belgique. Douze autres enfants vont naître au gré des tournées dont : 1° Louis Gassion (n° 2) né le 10 mai 1881 à Falaise, père d'Edith Piaf ; 2° Louise Clotilde Gassion née le 21 février 1884 à Calais, Pas-de-Calais ; 3° Mathilde Gassion née le 24 novembre 1890 à Bordeaux-Caudéran, en Gironde ; 4° Zéphora dite Zaza Gassion née le 29 janvier 1897 à Parthenay, dans les Deux-Sèvres.

Trois filles toutes trois acrobates.

Les trois sœurs de Louis Gassion (n° 2) commencèrent comme acrobates. Tout d'abord, Louise Clotilde Gassion (1884-1965) qui devint ensuite artiste lyrique. Elle épousa le 25 juillet 1916 à Paris 19è Jules Cellier (1881-1962), lui aussi artiste lyrique, fils d'un boulanger, Lazare Cellier, et de Françoise Isidore.

Puis Mathilde Gassion (1890-1959) qui a choisi ensuite le commerce. Elle s'est alliée en premières noces le 24 novembre 1912 à Caen avec Maurice Marie (1892-1928), marchand forain, fils de Tranquille Victor Marie, employé d'octroi, et de Blanche Julia Gassion. Veuve, elle épousa en secondes noces le 19 avril 1933 à Falaise Achille Eugène Hermand (1893-1938), hôtelier, divorcé de Anna Georgette Serier depuis le 11 février 1921, et fils de Jean Baptiste Hermand, employé de commerce, et de Pélagie Augustine Menoux.

Et Zéphora dite Zaza Gassion (1897-1980) qui devint commerçante en épousant le 7 avril 1920 à falaise un électricien, René Lecerf (1896-1956), fils de Lucien Lecerf, bonnetier, et de Eugénie Racine.

Louise Gassion était championne d'acrobaties. Elle a formé pour commencer un duo avec son partenaire qui était son mari, Jules Cellier, appelé “ Les Dilecta ”. Ils vont ensuite parcourir l'Europe pendant onze années en s'adjoignant un partenaire ; le trio portait le nom de “ Krag ' trio ”.

Mathilde et Zéphora Gassion ont laissé comme empreinte un spectacle d'équilibristes donné sous le chapiteau du Cirque Populaire, à la Foire du Trône de 1905, sous le nom de “ Sœurs Gassion ”.

Des origines au gré des cirques ambulants.

L'Italie apparaît par deux fois dans les lieux d'origine des ancêtres d'Edith Piaf. Sa mère, Anneta Giovanna Margherita Maillard (n° 3), et son arrière-grand-mère maternelle, Marguerite Bracco (n° 15). Anneta Giovanna Margherita Maillard (n° 3) est née en Italie, à Livourne, d'un père français, Auguste Eugène Maillard (n° 6) et d'une mère maghrebine, Emma Saïd Monhamed (n° 7). Auguste Eugène Maillard (n° 6) est alors artiste de cirque, il est en tournée dans la péninsule italienne au “ teatro estivo ” ; Emma Saïd Mohamed y présente un numéro de dresseuse de puces sous le nom de Aïcha. La résidence déclarée des époux au moment de la naissance d'Annetta est à Paris.

Anneta Giovanna Margherita Maillard (n° 3) sera d'abord funambule, puis écuyère, avant d'entamer une carrière de chanteuse sous le nom de Line Marsa. Après la mort de Auguste Eugène Maillard (n° 6), survenu le 29 juin 1912 sur la voie publique à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), la mère et la fille alors domiciliées à Aubervilliers font les foires de la région. Annetta y tient un manège et y vend des nougats, et elle y a sûrement rencontré son futur mari, Louis Gassion. Leur mariage fut célébré le 4 septembre 1914 à Sens (Yonne), ville où est caserné le futur. Quelques années plus tard, Emma Saïd Mohamed (n° 7) a épousé en secondes noces le 13 février 1923 à Paris 19è Adolphe Louis Cornu (1867-1937), coiffeur dans le 19^è arrondissement de Paris, fils de Adolphe Cornu, cabaretier, et de Augustine Marie Fouquet, mariage sans postérité.

Du Piémont à Champigny-sur-Marne.

Marguerite Bracco (n° 15) est native de Murazzano, dans le Piémont italien. Née le 30 août 1830 d'un mécanicien, Joseph Bracco (n° 30) et de Catherine Chapelle (n° 31), elle avait un frère, Roch Bracco, né dans les années 1824, devenu régisseur d'une troupe d'acrobates en 1853, et une sœur, Marie Elisabeth Bracco née le 1^er janvier 1827 à Diano Marina, en Ligurie.

En 1853, Roch Bracco est présent aux mariages de ses deux sœurs. Célébrés à Poitiers (Vienne) le 4 février 1853, les deux époux sont marocains et artistes acrobates.

Marie Elisabeth a épousé Ben Bel Aïd dit Mustapha, natif de Fez au Maroc, né vers 1823 et fils de Bel Aïd, négociant à Fez, et de Aïcha Zaara. Forains, la naissance de leurs quatre enfants a eu lieu au grès de leurs déplacements : 1° Roch Ben Bel Aïd est né le 19 février 1851 à Gimont (Gers) ; 2° Habrahim Ben Bel Aïd est né le 10 juin 1852 à Brive-la-Gaillarde (Corrèze) ; 3° Mustapha Ben Bel Aïd est né le 14 février 1861 à Saint-Mer (Pas-de-Calais) ; et 4° Aïpha dite Victorine Ben Bel Aïd est née le 8 septembre 1862 à Ath, en Belgique.

Roch Ben Bel Aïd est mort sans alliance le 24 juillet 1909 à Champigny-sur-Marne (Val-de-marne). On ne sait rien de Habrahim Ben Bel Aïd, quant à Mustapha Ben Bel Aïd, il est dit “ veilleur de nuit et marié à Victoire Joséphine Beaupère ” lors de son décès survenu à Paris 12^è le 11 septembre 1904. La descendance s'est toutefois continuée avec Aïfa dite Victorine Ben Bel Aïd qui s'est alliée à Joseph Tagliabue (1855-1936), artiste musicien italien, et a eu au moins deux filles : 1° Alice Hortense Tagliabue née à Montpellier (Hérault) le 3 novembre 1886 ; et 2° Adolphine Tagliabue née à Firminy (Loire). On localise la famille à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) de 1909 à 1965, et l'on y dénombre pas moins de six décès survenus en cette ville : 1° Marie Elisabeth Bracco le 15 septembre 1909 ; 2° Roch Ben Bel Aïd le 24 décembre 1909 ; 3° Aïfa dite Victorine Ben Bel Aïd le 13 janvier 1947 ; 4° Joseph Tagliabue le 1er janvier 1936 ; 5° Albin Tatti (1870-1946) époux de Alice Hortense Tagliabue le 30 décembre 1946 ; et 6° Adolphine Tagliabue y est décédée le 1er décembre 1965.

Née dans la rue ? Née dans la voiture de ses parents ?

La légende dit qu'Edith Piaf est née le 19 décembre 1915 dans la rue à la hauteur du n° 72 de la rue de Belleville, en fait, le n°72 de la rue de belleville est le domicile des parents et l'acte de naissance dit qu'elle a vu le jour rue de la Chine où se trouve l'Hôpital Tenon. Par contre, Emma Saïd Ben Mohamed (n° 7), elle est bien née dans la voiture de ses parents, stationnée rue de la Paix, le 10 décembre 1876 à Soissons (Aisne).

Emma Saïd Ben Mohamed a eu trois sœurs et un frère, nés aussi au gré des représentations : 1° Emilie Charles Ben Mohamed est née le 12 avril 1851 à Grenade (Haute-Garonne), non légitimée par le mariage des parents célébrés à Poitiers le 4 février 1853, mais reconnue à Poitiers le 4 octobre 1858 ; 2° Rose Saïd Ben Mohamed née le 1^er avril 1852 à Payré (Vienne) ; 3° Antoinette Saïd née le 20 janvier 1857 à Mayenne (Mayenne) ; et 4° Eugène Saïd qui habite à Givors (Rhône) en 1898.

Emilie et Antoinette se sont mariées par deux fois, leur première union ayant eu lieu en 1876, année de naissance de leur sœur Emma.

- Emilie a épousé en premières noces le 23 mai 1876 aux Lilas Charles Amédée Lavacquerie (1850-1896) ; veuve sa deuxième union eut lieu le 2 octobre 1909 à Paris 11^è avec André désiré Delhomme (1863-1934). Emilie est décédée le 28 juillet 1916 à Paris 11^è.

- Antoinette a épousé en premières noces le 15 février 1876 à Clichy Henry Lesourd (1852-1881), remariée le 21 mai 1887 à Paris 20^è Ernest Charles Hédé.

Des parents célèbres.

En 1983, grâce aux travaux de Gilles Henry, on découvrait la parenté existant entre Edit Piaf et Maurice Chevalier. Ils sont cousins au 14^ème degré. Leurs ancêtres communs sont Jean Baptiste Descresme (n° 172) et Marie Madeleine Fardez (n° 173) mariés à Roubaix en 1722.

Une parenté entre Sainte Thérèse de Lisieux et Edith Piaf est plus que probable mais non prouvée. Les familles Bohard d'Athis-de-l'Orne apparaissent à la fois dans la généalogie de la Sainte et dans celle d'Edith Piaf.

L'arrière-grand-mère paternelle de Sainte Thérèse de Lisieux est Marie Anne Bohard née le 14 janvier 1753 à Athis-de-l'Orne. Elle est la fille de Pierre Bohard (1717-1797) et de Marie Desvaux, la petite-fille de Nicolas Bohard, mort à 1760, et de Jacqueline Lebon, et l'arrière-petite-fille de Louis Bohard (écrit Bouhard) et de Marie Marie.

Dans la généalogie d'Edith Piaf, Anne Bohard (n° 39) est l'épouse de Pierre Blin alias Blain (n° 38) ; ce dernier est décédé à Athis-de-l'Orne le 22 Ventôse an 09 (13 mars 1801). La recherche en généalogie n'est jamais terminée en elle-même, des branches restent à compléter, des questions restent en suspens.

Bibliographie :

- “ D'où venait cette voix ! Les origines d'Edith Piaf ” de Gilles Henry. Album de famille. Gé-Magazine numéro 6 - Avril 1983.

- “ A la découverte de leurs racines ” de Joseph Valynseele et Denis Grando. Seconde série. ICC 1994.