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GéMagazine n°232 : Philippe Tailliez

Décembre 2003

Le commandant Philippe TAILLIEZ

Il y a un peu plus d'un an disparaissait le dernier des mousquemers, le commandant Philippe Tailliez, aîné du célèbre trio. Avec Frédéric Dumas ([1]) et Jacques-Yves Cousteau ([2]), le commandant Philippe Tailliez est un des pères fondateurs de la plongée sous-marine. 

 

Né en 1905, le commandant Philippe Tailliez fut de la promotion 1924 de l'Ecole Navale. Cofondateur et premier commandant du Groupe d'Etudes et de Recherches Sous-marines ou GERS de la Marine nationale en 1945, il fut aussi un des membres fondateurs de la Fédération Française d'Etude et de Sports Sous-marins ou FFESSM en 1948.

Le commandant Philippe Tailliez était un homme d'action et un sportif, mais c'était aussi un visionnaire en forçant les portes du monde du silence. Pour lui rendre hommage, nous avons plongé dans l'histoire pour en remonter ses racines.

 

Les Tailliez, famille artésienne.

L’ancêtre le plus lointain  localisé est Louis Roch Tailliez (n° 64), né dans les années 1716 à Pont à Vendin, dans l'ancien comté de l'Artois. Qualifié dès 1743 de marchand épicier à Lille, il fut marié trois fois. Il a épousé en premières noces dans l’église Ste Catherine à Lille le 30 avril 1743 Marie Barbe Joseph Marcoin. Veuf, il eut de sa deuxième épouse, Marie Joseph Bierlaire (n° 65) au moins un fils, Louis Joseph Fortuné Tailliez (n° 32), enfant porté sur les fonds baptismaux de Ste Catherine le 17 septembre 1762. Sa troisième épouse, Catherine Bello, lui a survécu. Louis Roch Tailliez (n° 64) est en effet décédé le 29 octobre 1792 à Lille, il fut inhumé en présence de deux de ses fils, Louis Joseph Fortuné et Louis Joseph Tailliez.

 

Dentellière et maîtresse d'école à Lille.

Louis Joseph Fortuné Tailliez (n° 32), de la paroisse Ste Catherine de Lille, a pris femme dans l’église St Maurice de Lille le 13 avril 1790. Sa promise, Henriette Joseph Leleu (n° 33), y a été baptisée dans les années 1768 ; âgée alors de 27 ans, ses parents, Philippe Joseph Leleu (n° 66), natif de la paroisse St Maurice, et de Marie Thérèse Deshay, native de la paroisse St Etienne, sont tous deux décédés. Henriette Joseph Leleu (n° 33) est qualifiée de dentellière à son mariage en 1790, au décès de son mari en 1818 et à son décès en 1825. Par contre, au mariage de son fils célébré en 1820, elle est dite maîtresse d’école.

 

Pierre Joseph Maillard, boulanger à Lille.

Fortuné Joseph Tailliez (n° 16) est né le 20 mars 1795. Lorsqu’il se marie le 2 février 1820 à Lille, il est domicilié avec sa mère, Henriette Joseph Leleu (n° 33), rue Saint Pavé. L’épouse, Camille Louise Maillard (n° 17) née à Lille le 13 juin 1798, demeure même rue ; elle est toutefois accompagnée de son père, Pierre Joseph Maillard (n° 34), boulanger demeurant rue des Mannetins, sa mère, Marie Thérèse Delobelle (n° 35) étant déjà décédée. Les futurs sont entourés de quatre amis, Joseph Brunnier, filtier, de Antoine Joseph Cartignie, tailleur, de Louis Cartignie, bonnetier, et de Pierre Pacifique Delomme, fileur. La future et son père signent “ Maillaird ”.

 

Meyer de Roos, marchand à Gand.

Jules Désiré Tailliez (n° 8) a légitimé par son mariage célébré le 20 juin 1851 à Lille avec Anne de Roos (n° 9), un enfant né le 28 juin 1849 à Lille et prénommé Julien Maurice Tailliez (n° 4). Jules Désiré Tailliez (n° 8) s’est présenté le 29 juin pour déclarer et reconnaître son fils né de la veille à sept heures du matin. Le père comme la mère de l’enfant sont tous deux âgés de dix-neuf ans. Lors de leur mariage, le futur est entouré de sa mère, tandis que la future a obtenu l’autorisation de son père, Meyer de Roos (n° 18) alors marchand à Gand, acte rédigé chez maître Jules Lammont, notaire à la résidence de Gand. Sa mère, Rosalie Israel (n° 19), est alors dite décédée à Lille. Il est de plus précisé que la future est domiciliée à Lille depuis plus de six mois ; l’acte de décès de la mère n’a pas été trouvé dans l’état civil de Lille. Les témoins au mariage sont trois amis, Louis Bernard et Henri Bernard, tous deux négociants, et Charles Louis Herman, rentier, et un cousin de l’époux, Camille Dufour, commis négociant, âgé de 31 ans.

 

En garnison à Lorient.

Julien Maurice Tailliez (n° 4) est employé de commerce à Lille lors de son mariage célébré en 1873. C’est pourtant à Bordeaux que naît Félix Charles Marie Joseph Tailliez (n° 2) en 1875. Julien Maurice Tailliez (n° 4) et Caroline Pauline Sautai (n° 5) s’y sont en effet installés entre temps, plus précisément rue du Lormont au n° 201. Puis la famille se retrouve à Wambrechies, dans le Nord, où est d’ailleurs domicilié Félix Charles Marie Joseph Tailliez (n° 2) lors de son mariage célébré à Lille le 24 juin 1899 Céline Victoire Marie Charlotte Derache (n° 3). En fait, le marié est en garnison à Lorient (Morbihan) et est autorisé à contracter mariage par décision de Monsieur le Ministre de la Marine du 8 juin. Il est accompagné de deux oncles maternels, Charles Sautai, propriétaire à Paris, âgé de 60 ans, et de Félix Sautai, négociant à Lille, âgé de 53 ans.

 

Douanier à Essemberg, département de la Roër en 1811.

Louis Félix Sautai (n° 10) est le petit-fils du côté paternel de Jean Louis Sautai alias Sautay (n° 40) et de Rose Hyacinthe Devillers (n° 41), et du côté maternel de Jacques Clin (n° 42) et de Marie Madeleine Duchange (n° 43). Ces deux derniers sont décédés avant 1845 à Guise, dans le département de l’Aisne. En 1845 fut enregistré à Lille le décès de leur fille, Marie Madeleine Pélagie Clin (n° 21), alors pensionnée des Douanes de par le décès de son mari. En effet, Louis Paul Sautai (n° 20) était de son vivant employé des Douanes. Louis Félix Sautai (n° 10), leur fils, est né à Essemberg, en Prusse, le 17 janvier 1811. Essemberg dépendait de Clèves, siège de la Direction des Douanes ; Clèves fit partie du département de la Roër et fut rendue à la Prusse en 1814. Louis félix sautai (n° 10) prit femme à Lille en 1845 et resta veuf en 1889. Il est tour à tour dit artiste, artiste professeur, et artiste musicien.

 

Employé à la Recette générale et écrivain.

Les Vaitte alias Waitte sont, semble-t-il, de Longwy sur le Doubs, dans le Jura – écrit Louwy dans l’acte de décès de 1814. Louis François Waitte (n° 44) est décédé à Lille le 3 février 1814 comme concierge de la maison d’arrêt civil rue de la Comédie à Lille ; il est précisé qu’il est veuf en premières noces de Anne Catherine Decroix (n° 45) native de Lille et décédée à Douai, et qu’il est époux en secondes noces de Marie Agnès Lecq, âgée de vingt huit ans, native de Verbières, dans le Pas-de-Calais. De sa première union, est né Brutus Désiré Vaitte (n° 22) le 17 juin 1798 à Lille ; celui-ci fut employé à la Recette générale à Lille. Pourtant à son décès survenu à l’hospice Saint Sauveur de Lille le 4 novembre 1840, les déclarants le qualifient d’écrivain. Son épouse, Julie Jeanne Charlotte Gattebled (n° 23) est native de Condé, dans le Nord.

 

En retraite à Tours.

Julie Jeanne Charlotte Gattebled alias Wattebled (n° 23) a vu le jour le 19 Ventôse de l’an IV selon le calendrier républicain à Condé, tout au long de sa vie elle fut qualifiée de “ rentière ”. Lors du mariage célébré le 16 février 1824 à Lille, elle est dite domiciliée avec sa mère, Catherine Joseph Hennebuisse (n° 47) à Lille depuis plusieurs années. Son père, Jean Jacques Emart Gattebled (n° 46) est alors officier en retraite domicilié à Tours et il consent par un acte notarié du 2 février du même mois. A la naissance de sa fille, Jean Jacques Emart Gattebled (n° 46) est dit natif de St Brieuc (écrit dans l’acte St Brieux) et “ sergent major au bataillon des Côtes du Nord ” (actuellement les Côtes d’Armor).

 

Maître Deledicque, notaire de famille.

Céline Victoire Marie Charlotte Derache (n° 3), mère de Philippe Tailliez, est native de Lille (Nord). Elle y est domiciliée au n° 3 rue de Molière avec ses parents en 1899, année de son union avec Félix Charles Marie Joseph Tailliez (n° 2). Le mariage fut réglé par un contrat passé par devant maître Deledicque, notaire à Lille, le 24 juin, jour des noces. Elle est accompagnée de son grand-père maternel, Victor Quef (n° 14), alors propriétaire à Lille, et de Paul Duquesnay, négociant à Lille, âgé de 27 ans, son beau-frère.

L’union de Charles Henri Dieudonné Derache (n° 6) et Victoire Céline Quef (n° 7) à Lille le 24 septembre 1873 fut aussi précédée d’un contrat ; ce dernier fut passé par devant le même notaire, maître Deledicque, en date du 17 septembre. Bien que né à Neuve-Chapelle, dans le Pas-de-Calais, Charles Henri Dieudonné Derache (n° 6) était installé à Lille depuis l’année 1866. Le futur est alors accompagné d’un cousin, filateur à Flers (Nord), Alfred Lesaffre, et d’un beau-frère, employé de banque à Lille, Henri Hubert ; la future, d’un oncle maternel, filateur à Lille, Jules Debieve, et d’un cousin paternel, employé de commerce, Charles Quef.

 

Un seul baptême à Frasne en Belgique.

Henri Joseph Derache (n° 12) s’est marié à Neuve-Chapelle alors que son épouse, Marine Zénobie Josyn Loock (n° 13) était de Locon, dans le Pas-de-Calais. Les Loock sont installés à Calonne sur la Lys depuis au moins la première moitié du XVIIIè siècle. Séraphin Etton Joseph Look (n° 26), le père, et Pierre François Etton Loock (n° 52), le grand-père, y sont nés le premier dans les années 1772, le second, le 2 juin 1737.

Séraphin Etton Joseph Loock (n° 26) a épousé Marie Anne Joseph Catherine Leriche (n° 27) qui est dite dans son acte de décès rédigé le 23 septembre 1855 à Neuve-Chapelle, originaire de “ Frasnes ”, dans les Ardennes. Hors il n’existe pas de commune de ce nom dans le département des Ardennes. Par contre, Frasne (sans s) est une commune de Belgique. Une vérification a été faite. Seul le baptême d’un enfant à Frasne les Couvin a été relevé. Il s’agit de celui de Charles Joseph Leriche en date du 6 juin 1777 fils de Pierre Laurent Leriche, peintre, et de Marie Barbe Ansai (alias Ansay) – qui sont aussi les parents de Marie Anne Joseph Catherine Leriche (n° 27). Son parrain est Charles Barré et sa marraine Henriette Robertine Charlier. C’est le seul enfant Leriche né à Frasne les Couvin. Une recherche dans les communes de Couvin, Cul des Sarts, Bossus et Dinant n’a pas été plus concluante.

 

La commandant Philippe tailliez, franc-comtois ?

Artiste musicien, écrivain, fonctionnaires et marchands, voilà ce qui a fait le commandant Philippe Tailliez. Bien que ses origines à la cinquième génération soient concentrées dans le Nord de la France, dans les régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie, qu'elles débordent tout juste sur la Belgique vers Frasne, en région wallonne (commune supprimée en 1977 et rattachée à Couvin), et Gand, en région flamande, on constate des déplacements en Prusse, dans le sud-ouest de la France et la Bretagne, mouvements occasionnés par les métiers exercés. L'amorce de la recherche à sixième génération nous laisse tout juste entrevoir un élargissement des berceaux dans le Jura, en Franche-Comté, et dans les côtes d'Armor, en Bretagne.

 

Sources :

Recherches aux archives du Nord à Lille et aux archives du Pas-de-Calais réalisées par Chantal MOUGEL, généalogiste professionnelle,

[AD59. Lille 90, 96, 148, 198, 201, 231, 381, 495, 542, 589, 648 ; La Madeleine 8, 20 ; EC sup 2083].

[1D62. 5 Mi.262 R2 et R3 ; 5 Mi.491 R8 ; 5 Mi.606 R2 et R3].

Vérification faite en Belgique par Alain CHAPELLIER 47, rue de Lauveau 08090 Warnecourt, généalogiste professionnel.

 

Pour en savoir plus :

“ La plongée en scaphandre ”. Ed. Elzevir, 1949. Coauteurs Ph. Tailliez, F. Dumas, J.Y. Cousteau, J. Alinat. F. Devilla.

“ La plongée ”. Ed. Arthaud. A959. Coauteurs Ph. Tailliez, F. Dumas, J.Y. Cousteau, J. Alinat. F. Devilla.

“ Plongée sans câbles ”. Ed. Arthaud. 1954. Philippe Tailliez.

“ Aquarius ”. Ed. France Empire. 1961. Philippe Tailliez.

 

[1]  Disparu en 1991.

[2]  Disparu en 1997.