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GéMagazine n°229 : Pierre Loti

Septembre 2003

“ Un grand voyageur à travers le monde ” - Auteur-reporter-ethnologue

Pierre Loti est le pseudonyme de Julien Viaud ; après l'écriture du “ Mariage de Loti ” lors d'une escale à Tahiti, il a retenu le surnom Loti qu'il adopte dès 1876 comme pseudonyme. Officier de marine puis écrivain, Pierre Loti a été élu par l'Académie française à la place vacante par la mort de Octave Feuillet le 21 mai 1891 et reçu le 7 avril 1892.

Au retour des vacances, nous vous présentons l'ascendance d'un grand voyageur qui a sillonné les mers du monde. Il nous a ramené de ses escales des dessins, des photographies, des notes précises nous faisant découvrir des images et des scènes de la vie courante. Son père est issu d'une famille catholique de Lavau-sur-Loire, en Loire-Atlantique, sa mère, de l'alliance d'une famille catholique de la région d'Angoulême, en Charente, et d'une famille protestante de l'Île d'Oléron.

 

Pierre Loti repose sous une pierre blanche à la “ Maison des Aïeules ”.

Pierre Loti est né le 14 janvier 1850 à Rochefort-sur-Mer. Il est décédé le 10 juin 1923, il y a soixante dix ans, à Hendaye, dans la maison louée depuis 1894, dite la maison du solitaire ou Bachar-Etchea le. Son corps fut rapatrié à Rochefort, puis transporté jusqu'à Boyardville (Saint-Georges d'Oléron) où il eut droit à des funérailles nationales. Ensuite, il fut emmené à Saint-Pierre d'Oléron, à la “ Maison des Aïeules ”, demeure acquise par la famille de Pierre Loti en 1677, qui fut vendue en 1832 et rachetée par Pierre Loti en 1898. Sa tombe est au fond du jardin où il fut inhumé le 16 juin. Un poème de Miguel Zamacoïs y fut gravé. Pour le centenaire de sa naissance, on fit réaliser un buste à la gloire de Pierre Loti, buste qui se trouve devant la mairie de Saint-Pierre d'Oléron.

 

Descendance de Pierre Loti.

Pierre Loti intègre l'Ecole Navale de Brest deux ans après le décès de son frère survenu en 1865. En 1870, il participe au conflit franco-allemand. Sa carrière le mène à Tahiti et en Turquie. Il reprend la mer en 1900, séjourne en Asie et à Constantinople.

Pierre Loti a épousé à Bordeaux (Gironde) le 20 octobre 1886 Blanche Franc de Ferrière, d'une famille protestante du Périgord, de Lalinde plus précisément, qui posséda le domaine de Ferrière. Blanche est née le 21 août 1859 à Pomport (Dordogne) de Jacques Franc de Ferrière et de Jeanne Mathilde Ménier. De cette union est né un fils, Samuel (1889-1969), autorisé par décret du 15 janvier 1924 à s'appeler Pierre-Loti-Viaud, qui s'est allié à Elsie Charlier, dont il eut deux garçons.

Lorsque Pierre Loti arrive à Hendaye en 1894, il fait la connaissance de Crucité Gainza (1867-1949) ; comme il est déjà marié, il l'installe à Rochefort. C'est en ce lieu que vont naître trois garçons enregistrés sous le nom de leur mère : 1° Raymond Gainza (1895-1926), allié à Denise Boulleau, sans postérité ; 2° Alphonse Lucien dit Edmond Gainza (1897-1975), allié à Jeanne Georgette Barets, dont deux filles ; et 3° Charles Fernand Gainza (1900-1901).

 

La maison de Pierre Loti à Rochefort.

Après son retour de Turquie en 1878, Pierre Loti décide de la réalisation d'un “ petit palais ”. Sa maison natale devint alors le miroir de sa vie et de ses voyages : tapis, étoffes, mosaïques, armes, coffres trouvent place dans la maison rochefortaise. Des décors qui rappellent là le japon, là une mosquée ou bien encore, une galerie de portraits, une chambre des momies et un petit salon mauresque.

 

Gustave Viaud, frère aîné de Pierre Loti, mort en mer.

Pierre Loti est le fils de Théodore Viaud (n° 2) et de Nadine Texier (n° 3). Pierre Loti est le troisième enfant du couple après Marie (1831-1908) et Gustave (18361865). Marie Viaud née à Rochefort le 26 décembre 1831, artiste peintre et auteur d'un roman [“ Autour de Paulette ”.1896], épousa à Rochefort le 24 août 1864 Armand Bon (1831-1916), percepteur des contributions directes. Leur frère, Gustave Viaud, sans alliance, chirurgien de la Marine, est mort en mer à bord de l'Alphée, d'anémie tropicale, le 12 avril 1865, et fut immergé dans le golfe du Bengale.

Théodore Viaud (n° 2) dut abjurer le catholicisme et se faire protestant pour pouvoir épouser Nadine Texier (n° 3) ; elle avait été élevée dans la religion de sa mère, Henriette Renaudin (n° 7). Théodore Viaud fut accusé à tort de malversation dans son travail, il fut incarcéré, puis disculpé. Cette mésaventure entraîna quelques problèmes financiers.

Quant au grand-père paternel de Pierre Loti, Jean Louis Viaud (n° 4), il est mort de la fièvre typhoïde à l'hôpital du Ferrol en Espagne.

 

Maître boulanger à Saint-Cybard en Charente.

Du côté maternel, Philippe Texier (n° 24) et Françoise Nandon (n° 25) tiennent une boulangerie à Saint-Cybard. De leur union sont nés au moins deux garçons : 1° Dauphin Texier (n° 12) ; et 2° Pierre Texier né sur la paroisse Saint-Martin d'Angoulême en 1765, reçut pharmacien, qui épousa à Rochefort le 27 juillet 1789 Marie Geneviève Lusseau. Cette dernière est la fille de Joseph et de Jeanne Billard. La descendance de Pierre Texier fut assurée par sa fille, Virginie Texier, épouse de Henry Tayeau, docteur en médecine, chirurgien de Première classe de la Marine, puis conservateur de la bibliothèque de l'Hôpital du port de Rochefort.

Dauphin Texier (n° 12) épousa Julie Bertin (n° 13) dont un frère, Antoine Bertin, fut curé de Saint-Trojan (Charente-Maritime).

Le grand-père maternel de Pierre Loti, Philippe Texier (n° 6), était catholique, et avait pour frère et sœurs : 1° Julie Texier (1783-1852) ; 2° Honoré Texier ; 3° Rosalie Texier (1789-1880) ; et 4° Victorine Texier (1797-1824).

 

Les Renaudin, famille protestante de l'île d'Oléron.

Un Consistoire fut établi à la Rochelle en 1558. La Rochelle et sa région furent terre d'accueil pour les grands seigneurs réformés et le culte catholique n'y fut rétabli qu'en 1599, après avoir été une des quatres places fortes accordées aux protestants. En 1660, on compte 80.000 protestants dans un territoire qui correspond à l'actuel département de la Charente-Maritime. Au milieu du XVIIIè siècle, les protestants se réunirent dans des maisons particulières, ouvrirent des registres de baptêmes et de mariages dès 1761, et de décès dès 1766.

Henriette Renaudin (n°7) est d'une famille protestante de Saint-Pierre d'Oléron. L'acte de mariage de Samuel Renaudin (n° 14) et de Jeanne Grenot (n° 15) fut semble-t-il célébré au désert ; leur union fut réglée selon un contrat de mariage du 27 mai 1775, passé chez maître Péponnet, notaire à Saint-Pierre d'Oléron.

Henriette Renaudin (n° 7) avait un frère, Samuel Renaudin (1783-1845), et une sœur, Clarisse Renaudin

 

Négociant à Saint-Pierre d'Oléron.

Jeanne Grenot (n° 15) est la fille d'un négociant de Saint-Pierre. Elle eut pour frères et sœurs : 1° Marguerite Angélique Grenot, alliée à François Allard ; 2° Marie Anne Grenot, alliée à Jacques Allard ; 3° Marie Elisabeth Grenot, alliée à Nicolas Biscon ; 4° Henriette Grenot ; et 5° Jean Grenot, allié à Marie Biscon. Tous sont cités dans un acte de partage rédigé le 28 février 1784 chez maître Péponnet. Les sœurs de Jeanne Grenot ont toutes deux épousé des Allard, nom que l'on rencontre à la cinquième génération, avec Jeanne Allard (n° 29), ce qui laisse présager d'une politique familiale organisée autour des alliances.

A son retour de ses longs voyages autour du monde en 1898, Pierre acheta la demeure familiale où vécut les Renaudin et les Grenot ; c'est la maison que nous connaissons sous le nom de “ Maison des Aïeules ”.

 

Un oncle, mousse sur “ La Méduse ”

Théodore Viaud (n° 2) avait un frère prénommé Jean. Ce dernier est né à Rochefort le 18 août 1803 , il fut mousse sur “ La Méduse ” et s'éteignit à Saint-Louis, au Sénégal en juillet 1816. La Méduse fut armée le 24 avril 1816 à Rochefort pour porter au Sénégal le gouverneur et les troupes chargés de la reprise de possession de la colonie restituée par les traités de 1815. La Méduse appareilla de l'Ile d'Aix le 17 juin 1816 à la tête d'une division comprenant aussi la corvette l'Echo, la gabare la Loire et le brick l'Argus. Le 29 juin 1816, la Méduse passe au large de Santa Cruz de Teneriffe, continue sa route, et s'échoue le 2 juillet 1816 vers 14 heures par “ beau temps et à marée haute ” sur le banc d'Arquin. Après de vains efforts pour se déséchouer, tout le personnel fut évacué le 5 juillet 1816 dans les embarcations et sur un grand radeau. Ce n'est que le 9 juillet suivant que partit de Saint-Louis le secours ; il n'arriva sur place que le 17 juillet, et n'y trouva que quinze survivants : 150 hommes et une femme étaient morts pendant ces douze jours. Jean Viaud ne mourut ni à bord de la Méduse, ni sur le radeau, il est semble-t-il décédé à terre des suites du naufrage.

 

Bibliographie :

“ A la découverte de leur s racines ” Joseph Valynseele et Denis Grando. ICC. 1994.