Logo

GéMagazine n°217 : Georges Méliès

Août 2002

Dit “ Géo Smile ” - L'Enchanteur

Depuis quelques semaines une exposition présente un aperçu de la carrière et de l'œuvre de Georges Méliès. Cette exposition intitulée “ Méliès Magie et Cinéma ” est organisée par la Cinémathèque Méliès et la Cinémathèque Française.

Georges Méliès, une des figures les plus étonnantes du cinéma naissant, a grandi dans un milieu bourgeois : ses parents sont fabricants de chaussures. Tous les membres de la famille travaillent d'ailleurs à cette fabrication. Georges Méliès est le petit dernier, il fait ses études au lycée Louis-le-Grand à Paris, il entre ensuite à l'usine paternelle, suit un stage dans un grand magasin à Londres. Mais Georges Méliès y préfère la prestidigitation qu'il a découverte sous la houlette de David Devant. En 1888, Georges Méliès vend à un de ses frères sa part de l'usine paternelle pour acheter à la veuve de Robert Houdin le théâtre de son mari. Quand la guerre éclate en 1914, Georges Méliès est au bord de la faillite malgré les 500 films tournés. On le découvre en 1928 marchand de jouets au premier étage de la gare Montparnasse. En 1932, la Mutuelle du Cinéma lui offre une modeste retraite et un appartement dans le château d'Orly. Reconnu mondialement en 1902, année de son “ Voyage dans la lune ”, son œuvre en grande partie détruite et dispersée est tombée dans l'oubli après 1913. Georges Méliès est pourtant un créateur du spectacle cinématographique, un précurseur dans les truquages, et ses films restent à découvrir.

 

De Chalabre à Lavalenet.

La région du Languedoc-Roussillon est le berceau de la famille Méliès. Celle-ci est en effet localisée au milieu du XVIIIè siècle à Chalabre, dans le département de l'Aude. François Méliès (n°16) y est qualifié de “ cardeur de laine ” le 30 avril 1755, date de baptême de son fils Pierre, issu de son épouse, Françoise Dutil (n°17). La marraine est Marguerite Dutil de la même paroisse de Chalabre. Le 22 janvier 1781, c'est le baptême de François Méliès (n°4) enregistré comme fils de Pierre Méliès (n°8), cardeur, et de Catherine Pinel (n°9) ; le parrain fut François Méliès, oncle de l'enfant, et la marraine, sa tante, Rose Pinel. On constate un déplacement de l'Aude vers Lavelanet dans le département de l'Ariège, région Midi-Pyrénées, au tout début du XIXè siècle. Le frère aîné de François Méliès (n°4), Paul Méliès est mort à Lübeck, sur la mer Baltique le 6 novembre 1806, la terre de Chalabre revient à ses neveux. François Méliès (n°4) trouve alors une place d'ouvrier en drap dans une manufacture de Lavalenet, et finit par épouser la fille du propriétaire de l'usine, Marie Fouquernie (n°5). C'est à Lavelanet que furent enregistrées au moins les naissances de leurs trois enfants.

 

Rencontre dans une usine de chaussures entre Jean-Louis Méliès et Catherine Schveringh.

François Méliès (n°4) et Marie Fouquernie (n°5) ont eu au moins trois enfants :

Méliès Marion née le 5 février 1813 à Lavelanet (Ariège).

2° Jean Louis Stanislas Méliès (n°2) né en 1815, sera cordonnier ; il va voyager pendant sept ans, de 1836 à 1843, et sera reçu compagnon cordonnier-bottier sous le nom de “ Carcassonne- l'Ami du courage ”. C'est dans une usine de chaussures qu'il rencontrera sa promise, Catherine Johanna Schveringh (n°3), fille d'un bottier de la reine Hortense, femme de Louis Bonaparte, roi de Hollande. Henricus dit Henry Schveringh (n°6) a épousé la femme de chambre de la reine Hortense, Marie Anne Guicher (n°7), originaire du Languedoc. Après le retour en France de leurs maîtres, les époux Schveringh s'installent à La Haye et Henry Schveringh devient un fabricant de chaussures bien établi. La famille s'agrandit avec la naissance de trois petites filles dont Catherine Johanna Schveringh (n°3) l'aînée. Un incendie et c'est la ruine ; la famille part et s'installe à Paris, le père recommence à zéro, les trois filles sont “ ouvrières piqueuses de tiges de bottines ” dans une usine de chaussures, et c'est en ce lieu que se déroulera la première rencontre entre Jean Louis Stanislas et Catherine Johanna

Méliès Jean, cordonnier, bottier, né vers 1819, décédé à Montreuil le 11 avril 1904, cordonnier, marié le 18 août 1847 à Alès (Gard) à Alix Françoise Lafond, qui s'est éteinte à Montreuil le 14 juillet 1913. Jean Méliès déclara la naissance de Louis Jean Marie Méliès, son petit-neveu le 27 novembre 1872. Dont au moins :

  1. a) Méliès Célina Rose Marie, piqueuse de bottines, née le 27 octobre 1850 à Alès (Gard), mariée le 27 août 1872 à Paris 3è avec Pierre Marie Ange Tainguy. Jean Louis Stanislas Méliès, oncle paternel de la future, et Henri Amédée Méliès, cousin de la future, sont les témoins de cette union.
  2. b) Méliès Louis Marie Jean François né le 27 mai 1862 à Paris 3è, et y décédé le 12 novembre 1862 (5 mois et demi).

 

Jean-Louis Méliès épouse une jeune veuve d'origine hollandaise.

Jean Louis Stanislas dit Jean-Louis Méliès (n°2), deviendra fabricant de chaussures, mais en attendant il a épousé le 20 juillet 1843 sur le 5e arrondissement ancien de Paris Catherine Johanna Schveringh (n°3), piqueuse de bottines, jeune veuve de Maurice Antoine Viven. Le mariage religieux fut célébré à l'église paroissiale de Saint-Eustache. Elle lui a donné quatre enfants :

Méliès Henri Amédée, fabricant de chaussures, négociant, né le 23 mai 1844 à Paris 3è arrondissement ancien, décédé en 1929, fabricant de chaussures en 1872 rue Meslay. Veuf en premières noces de Marie Thérèse Horment, il se remaria avec Clémence Pauline Simon. Dont de sa première union :

  1. a) Méliès Louis Jean Marie né le 25 novembre 1872 et décédé le 14 décembre 1872 à Paris 3è. Le décès fut déclaré par Marie Gaston Méliès, alors âgé de 21 ans, oncle de l'enfant.

De sa seconde union :

  1. b) Méliès Louise Marie née le 22 février 1876, mariée le 9 juillet 1900 à Paris 15è avec Pierre Théodore Saraux, maître tanneur à Niort, décédée à Nantes le 15 mars 1955. Dont deux enfants : Simone et Jean.

Méliès Eugène Louis né le 4 août 1849 à Paris, décédé le 7 mai 1851 à Paris 3è (1 an et 9 mois).

Méliès Constantin Gaston Marie dit Gaston Méliès, né le 12 février 1852 à Paris 3è arrondissement ancien, décédé en 1915 en Corse après ; Il s'est marié le 11 septembre 1907 à Paris 8è avec Hortense Louise Simon, sœur de Clémence Pauline Simon et de Blanche Simon, toutes trois filles de Paul Joseph Simon, miroitier avenue des Amandiers à Paris. Dont :

  1. a) Méliès Jeanne Henriette Augustine née le 27 septembre 1878 à Paris 3è, mariée le 29 septembre 1902 à Paris 10è avec le docteur Pierre Lucien Vidal, décédée le 30 juillet 1962 à Versailles. Dont deux filles : Claire et Jacqueline.

Méliès Marie Georges Jean né le 8 décembre 1861 à Paris 3è.

 

Georges Méliès épouse une jeune orpheline, Eugénie Alphonsine Génin.

Marie Georges Jean Méliès dit Georges Méliès, bien qu'il fut un temps fiancé à mademoiselle Blanche Simon, épousa Eugénie Alphonsine Génin, fille naturelle de Delphine Génin et de Cornélius Van Damme. Delphine Génin était originaire de Grenoble. Ses parents tenaient une mercerie à Saint-Martin-d'Uriage (Isère). Le décès de son père, Charles Génin, survenu en 1865, obligea la mère et la fille à monter à Paris ; Delphine Génin y devint la gouvernante de Cornélius Van Damme, un hollandais négociant en chaussures, homme dont l'épouse était restée à l'île Maurice. Le 9 août 1867 naissait Eugénie Alphonsine Génin, enfant qui reçut de Cornélius Van Damme une somme importante pour assurer son avenir et son éducation. Delphine Génin s'est éteinte en 1881 ; Cornélius Van Damme la suivra en mars 1885. Eugénie Alphonsine Génin est à présent orpheline ; Pierre Coussy, marchand d'appareils à gaz, est nommé son tuteur. Le 29 mai 1885, soit sept jours après le décès de Victor Hugo, “ cet homme qu'il admirait tant ”, le contrat de mariage est passé devant maîtres Godet et Châtelain, notaires à Paris, entre Georges Méliès et Eugénie Génin ; le mariage civil fut célébré le 25 juin 1885 à la mairie du 11è arrondissement de Paris, le mariage religieux se déroula à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne).

 

La Croix de la Légion d'honneur des mains de Louis Lumière.

Veuf le 3 mai 1913, Georges Méliès épousa le 10 décembre 1925 à Paris 14è Charlotte Lucie Marie dite Fanny Faës, veuve Manieux; Née le 20 mars 1865 près de Pontoise, Fanny Faës avait fait partie de la troupe du théâtre de Robert-Houdin sous le nom de Jehanne d'Alcy, et tenait alors une boutique de confiserie et de jouets, installée au premier étage de la gare Montparnasse. Georges Méliès reçut la Croix de la Légion d'honneur le 21 octobre 1931 des mains de Louis Lumière. Le 21 janvier 1938, vers seize heures s'éteint Georges Méliès, âgé de soixante seize ans, à l'hôpital Léopold-Bellan, à Paris 14è. Son enterrement se déroula le mardi 25 janvier ; il fut inhumé dans le caveau de famille au cimetière du Père-Lachaise, après une cérémonie à l'église Notre-Dame-du-Travail, rue Vercingétorix. Charlotte Faës est décédée le 14 octobre 1956 à Versailles ; elle avait 92 ans.

 

La descendance de Georges Méliès.

Georges Méliès et Eugénie Génin ont eu deux enfants : 1° Georgette Méliès née en 1888 à Paris, décédée en 1930, qui fut l'épouse en premières noces de Amand Fontaine (1894-1988) et en secondes noces de Gabrielle Hennig ; et 2° André Méliès né en 1901 à Paris, décédé en 1985, qui épousa en premières noces Raymonde Thomas (1897-1979) et en secondes noces Jeanne Pinaud.

Georgette Méliès épousa Amand Fontaine connu au théâtre sous le nom de Pierre-Armand Fix ; elle joua entre autres dans Faust, au Théâtre des Variétés artistiques de Montreuil en 1917, et est la mère de Madeleine Fontaine, épouse de René Malthête, auteur de “ Méliès l'Enchanteur ” et petite-fille de Georges Méliès, dont la descendance se continue aujourd'hui et est représentée par les Malthête et les Quevrain.

André Méliès eut de son épouse Raymonde Matho une fille Marie Georgette Méliès (1921-1983) qui épousa Fernando Bellet-Bastias, originaire du Chili, dont au moins Marie-Hélène femme de Pascal Leherissey.

 

Remerciements :

Madame Madeleine Malthête-Méliès et Marie-Hélène Lehérissey.

 

Bibliographie :

“ Méliès L'Enchanteur ” de Madeleine Malthête Méliès. 1985.

“ Georges Méliès ” par Georges Sadoul. Cinéma d'Aujourd'hui. Seghers 1961-1970.