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GéMagazine n°216 : Rosa Bonheur

Juillet 2002

"Première femme officier de la Légion d'honneur"

Rosa Bonheur (1822-1899), artiste peintre et sculpteur à succès de la seconde moitié du XICe siècle, a défrayé la chronique avec les deux femmes qui ont partagé sa vie Nathalie Micas décédée en 1889, puis Anna E. Klumpke, artiste américaine, désignée comme légataire universelle. Peintre animalier, Rosa Bonheur allia son adresse manuelle à l'observation naturaliste ; elle exposa dès 1841, elle avait dix-neuf ans. Elle fut l'amie de la reine Victoria ce qui lui valut de nombreuses commandes des britanniques ; ses œuvres ont atteint des cotes fabuleuses. Objet d'un véritable culte aux Etats-Unis après avoir participer à l'exposition de New York en 1857, elle reçoit chez elle le colonel Cody, alias Buffalo Bill, et peint son portrait[1]. Féministe avant l'heure, Rosa Bonheur étudia les animaux au sein des marchés, des foires et des abattoirs et, pour des raisons pratiques, fit une demande de dispense au Préfet afin de porter des vêtements masculins.

 

Promue officier de la Légion d'honneur.

Née à Bordeaux (Gironde) le 16 mars 1822, Marie Rosalie dite Rosa Bonheur, est la fille de Oscar Raymond Bonheur (n°2), peintre d'histoire, et de Christine Dorothée Sophie Marquis dite dame Sophie (n°3). Sa naissance eut lieu au domicile de ses parents au n°29 de la rue Saint Jean Saint Seurin et fut déclarée le 18 mars suivant en présence des ses grands-parents paternels, François Bonheur (n°4), cuisinier, et Marianne Pérard (n°5).

Rosa Bonheur fut Chevalier de la Légion d'honneur par décret du 15 juin 1865, puis fut promue Officier par décret du 3 avril 1894 rendu sur le rapport du Ministre de l'Instruction publique avec départ de la décoration le 26 avril 1894. Les insignes, selon le procès-verbal de réception, lui furent remises par Auguste Cain, statuaire, le 5 mai 1894. Elle est décédée le 25 mai 1899 au château de By à Thomery en Seine-et-Marne où vous pouvez visiter aujourd'hui le Musée de l'atelier de Rosa Bonheur. Thomery en forêt de Fontainebleau dont le château de By qui date du XVIIe siècle fut acquis par l'artiste en 1859 alors en pleine gloire et assiégée par ses admirateurs dans son atelier au numéro 32 de la rue d'Assas à Paris ; elle y fit aménager un immense atelier.

 

Anna Elizabeth Klumpke, une amie très chère.

A sa mort, Rosa Bonheur légua le château à son amie Anna Elizabeth Klumpke, désignée légataire universelle et à qui la famille intenta un procès pour captation d'héritage ; ce qui amené la vente de plus de 2000 toiles. Peintre américain née à San Francisco en 1856, Anna Elizabeth Klumpke a voyagé en Europe avec sa mère lorsqu'elle s'installe à Paris pour étudier à l'Académie Julian. Elle réalise un portrait de sa mère, tableau qui la consacre comme portraitiste ; elle obtint au salon parisien de 1885, une mention honorable, et la médaille d'argent à Versailles en 1886. Après un séjour à Boston, elle obtint en 1898 une invitation de Rosa Bonheur qui lui avait commandé son portrait. C'est à compter de cette époque que Anna Elizabeth Klumpke vécut avec Rosa Bonheur, et ce jusqu'à la mort de l'artiste. Elle rédigea la biographie de Rosa Bonheur. Après la mort de Anna Elizabeth Klumpke survenue le 9 février 1942 à San Francisco, le château de By revint à un neveu qui a ouvert la demeure au public en 1963.

 

Son père, Oscar Raymond Bonheur, maître de dessins de la dame Sophie.

Christine Dorothée Sophie Marquis (n°3) devint l'épouse de Oscar Raymond Bonheur (n°2) le 21 mai 1821 à Bordeaux ; le futur était alors professeur de dessin et demeurait rue saint Jean au n°29.

La mère de Rosa, Christine Dorothée Sophie Marquis (n°3), fit établir un acte de notoriété qui fut reçu par le juge de paix du 3ème arrondissement de Bordeaux à la date du 28 avril 1821 ; dans cet acte il est précisé qu'elle est née de parents inconnus à Altona près de Hambourg (Allemagne) dans les années 1797, qu'elle est arrivée âgée de deux ans à Quinsac (Gironde) avec une nourrice venue d'outre-Rhin. Elle fut autorisée à se marier avec un maître de dessin, Oscar Raymond Bonheur, par Jean-Baptiste Dublan, propriétaire du château Grimont à Quinsac. Quels étaient les liens existant entre Christine Dorothée Sophie Marquis et Jean-Baptiste Dublan ? Le futur époux, Oscar Raymond Bonheur, est accompagné de ses parents, François Bonheur, cuisinier, et de Marie Pérard.

La famille semble s'être installée à Paris entre 1827 et 1830. C'est à Paris que décède en 1849 Oscar Raymond Bonheur.

Oscar Raymond Bonheur et Christine Dorothée Sophie Marquis ont eu au moins quatre enfants : 1° Marie Rosalie dite Rosa Bonheur ; 2° Auguste François Bonheur ; 3° Isidore Jules Bonheur ; et 4° Juliette Bonheur.

 

Un don indiscutable pour le dessin et la sculpture.

Les quatre enfants Bonheur ont fait preuve très tôt d'un don pour le dessin et la sculpture, et grâce aux conseils et à l'enseignement de leur père, Oscar Raymond Bonheur, professeur de dessins (1822)  et artiste peintre (1827), ils ont les uns comme les autres étaient de véritables artistes.

- Auguste François Bonheur, peintre paysagiste.

Auguste François Bonheur comme peintre, né le 3 novembre 1824 à Bordeaux et décédé le 21 février 1884 à Bellevue (Seine-et-Oise). Il a été fait Chevalier de la Légion d'honneur en 1867.

- Isidore Jules Bonnheur, peintre et sculpteur.

Isidore Jules Bonheur est né le 15 mai 1827 à Bordeaux ; la naissance eut lieu au domicile des parents rue du Champ de Mars au numéro 3 et fut déclarée le 17 mai suivant. Il est décédé le 19 novembre 1901. Comme sculpteur animalier, il fut fait Chevalier de la Légion d'honneur par décret du 7 mai 1895 rendu sur le rapport du Ministre de l'Instruction publique avec comme date de départ de la décoration le 24 mai 1895. Isidore Jules Bonheur participa à toutes les expositions des beaux-Arts depuis l'année 1847. Il a reçu la médaille d'or à l'exposition universelle de Paris de 1889. En 1892, il obtint la médaille d'argent à l'exposition de Madrid, et la médaille d'or à l'exposition d'Anvers en 1894. Entre temps, il fut nommé Chevalier de l'ordre d'Isabelle la Catholique (Espagne) et Chevalier de Notre dame de la Conception (Portugal). Il est l'auteur du monument de Fontainebleau intitulé “ Un zèbre attaque une panthère ” érigé à la mémoire de sa sœur et du grand escalier du Palais de Justice deux lions en pierre.

- Juliette Bonheur, peintre.

Juliette Bonheur, peintre sous le nom de madame Peyrol-Bonheur, née le 19 juillet 1830 à Paris et décédée en 1891 après avoir épousé le fondeur Monsieur Peyrol.

 

Rosa Bonheur n'a pas eu de descendance. Pourtant La descendance Bonheur comptait au moins en 1899, Hippolyte Peyrol, alors âgé de 43 ans, artiste sculpteur, demeurant à Paris 11e rue Crussol, et Raymond François Bonheur, alors âgé de 38 ans, compositeur de musique, demeurant à Magny-les-Hameaux (Yvelines), tous deux neveux de Rosa Bonheur. Ce dernier fut pris en photo près de Luzancy (Seine-et-Marne) en 1893 en compagnie de Achille Claude Debussy (1862-1918),  et à qui sera dédié le “ Prélude à l'après-midi d'un faune ” en 1894.

 

Bibliographie :

“ Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre ” A. E. Kumpke, Flammarion, Paris 1909.

“ Rosa Bonheur ”, catalogue raisonné des peintures et des aquarelles, 2 volumes, Richard Miles, Paris 1900.

“ Célébrations nationales 1999 ”. Ministère de la Culture.

“ Le nouveau guide des Musées de France ” de Pierre Cabanne. Larousse.

Article “ Les Lions montrent leurs dents ” paru dans Timbroscopie. Le magazine de la philatélie active. N°102 Mai 1993.

“ Mademoiselle Rosa ”, article L'Express du 31 juillet 1997.

“ La grande Mademoiselle ” article Le Figaro du 19 août 1997.

“ Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre ”. Lettre d'Information.

 

Sources:

Archives nationales. CARAN. Dossiers de la Légion d'honneur. LH 267/50.

 

[1]  Le Lions Club International a comme logo, deux profils léonins opposés, conçus par Rosa Bonheur.