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GéMagazine n°215 : Maximilien de Robespierre

Juin 2002

Du pays d'Artois

Dans la salle Robespierre de l’Hôtel de ville d’Arras, dans le Pas-de-Calais, eut lieu en 1989, année du bicentenaire de la Révolution, une exposition consacrée à une famille artésienne : Les Robespierre. La même année, l’Association Généalogique du Pas-de-Calais, organisatrice du Xe Congrès National de Généalogie, y avait évoqué Maximilien de Robespierre, personnage natif d’Arras.

Maximilien de Robespierre a été le sujet de nombreuses études, cet article n’a pour but que de vous présenter son ascendance.

 

Les origines géographiques des huit quartiers de Maximilien de Robespierre sont localisées dans la région Nord-pas-de-Calais, et tout particulièrement dans le département du Pas-de-Calais, sur les arrondissements d'Arras et de Lens. En fait, le département du Pas-de-Calais fut créé le 4 mars 1790 et l'Artois a subi les luttes acharnées entre les différentes appartenances, les Flandres en 1382, les Etats Bourguignons en 1384, la Maison d'Autriche en 1493, les Habsbourg d'Espagne en 1529, pour devenir français en 1659 par le Traité des Pyrénées.

 

Une famille artésienne.

Les Robespierre sont d’une famille de notables de la région artésienne dont le nom se trouve sous différentes orthographes Rouvespierre (1434), de Robespré (1511), Drobespierre (1652) et Roberts Pierre (1671). Les Robespierre sont cités dans le Nord de la France dès le XIIIe siècle. Madame Francine Lhoste signale un certain Robbertus Pierrars figurant dans une liste d’hospites ou hôtes de 1250-1270 sur le territoire de Harnes, Baudouin de Robespierre alias de Rouvespierre était chanoine perpétuel de l’église de Cambrai en 1434 que l’on trouve aussi dans les Comptes de Hesdiguel et de Béthune, Pierre de Robespierre qui vivait à Béthune de 1491 à 1511, mais on trouve aussi des Robespierre à Vauldricourt et à Ruitz. Ils ont exercé des fonctions de greffiers, de notaires royaux et de procureurs d’offices, mais aussi de laboureurs. Le premier ancêtre répertorié remonte à Wilame de Robespierre (n°1024) né vers 1430 et figurant à la onzième génération ; c’est peut-être lui qui fut cité en 1460 comme bailli de la seigneurie de Vaudricourt. Un fils prénommé Pierre de Robespierre (n°512) alias de Robespré est cité à Ruitz dans la deuxième moitié du XVe siècle comme “ labourier et homme de fief du seigneur de la Beuvière ”. On lui connaît deux enfants : Jehanne de Robespierre, sœur grise à Saint Pol puis à l’hôpital de Lens et Jean (Jehan) de Robespierre (n°256) qui suit.

 

Négociant en produits et mets d’église à Lens.

Jean de Robespierre (n°256), fermier de la dîme du chapitre d’Arras, auditeur royal à Béthune en 1517, eut six enfants de Marie Claire Chauvin (n°257). Dont un fils, Robert de Robespierre (n°128), premier du nom, fut auditeur royal à Béthune, puis épicier et tavernier à Lens. De par son mariage célébré le 11 janvier 1560 avec Germaine Catherine Cardevacque (n°129) qui avait hérité de son premier mari, Jean Le Censier, d’un commerce de “ cires et de liquides ”, Robert de Robespierre (n°128) reprit le négoce de produits et mets d’église à Lens. Puis vint Pierre de Robespierre (n°64), bourgeois et hôtelier de Lens à l’enseigne de la “  Ville de Bruges ” qui épousa en secondes noces Catherine Fournel qui possédait des biens à Brebières. Il avait convolé en premières noces avec Jacqueline Clicquet (n°65) dont la famille donna sept baillis à la ville de Harnes. Il eut de sa seconde épouse trois enfants, et de sa première, cinq enfants, dont Robert de Robespierre (n°32), deuxième du nom, né à Lens le 21 mars 1591 et décédé à Carvin le 30 octobre 1663 - Carvin se compose de deux villages, Carvin et Epinoy, qui furent réunis en un seul bourg au XIIIe siècle. Greffier d’Evin puis à Harnes, procureur à Hénin, puis notaire royal à Carvin, il épousa le 22 août 1619 Adrienne Lhoste (n°33), fille de Edmond alias Aymond Lhoste (n°66) et de Antoinette de Bouret (n°67), dont il eut huit enfants dont quatre filles et deux garçons : 1° Anne de Robespierre née à Pecquencourt qui épousa en 1675 à Pecquencourt Antoine Trachez ; 2° Elisabeth de Robespierre née à Harnes qui épousa en 1665 Noël Hottin ; 3° Marguerite de Robespierre née à Hénin qui s’allia en 1671 avec Antoine Le Febvre ;  4° Marie Françoise de Robespierre native de Harnes qui convola en 1686 avec Gaspard Cordier ; 5° Martin de Robespierre prêtre sous la protection de la princesse d’Epinoy, mort en 1686 ; et 6° Robert de Robespierre (n°16), troisième du nom, qui vit le jour à Harnes en 1627, et s’y éteignit en 1707. Greffier de Harnes, lieutenant de la principauté d’Epinoy, greffier de la seigneurie de Vieil Vendin et bailli d’Oignies, il épousa le 20 février 1667 Rictrude Debruilhe (n°17), la fille d’un chirurgien qui lui donna treize enfants dont deux filles Scholastique et Françoise qui épousèrent deux frères Duquesne et Martin de Robespierre (n°8).

 

Maximilien, prénom du gouverneur de la province.

Martin de Robespierre (n°8) né à Carvin le 22 septembre 1664, et y est décédé le 14 avril 1720. Successeur dans les charges de son père comme procureur de la principauté d’Epinoy, il fut parrain de la grosse cloche de l’église de la paroisse de Carvin en 1702. Martin de Robespierre (n°8) épousa le 9 juin 1688 à Pont à Vendin Marie Antoinette Martin (n°9),  la fille d’un maître de poste de Pont à Vendin dont il eut au moins quatorze enfants, neuf sont morts jeunes ou sans postérité, dont le troisième né est Maximilien de Robespierre (n°4). Maximilien de Robespierre (n°4) est le premier à porter ce prénom, cette attribution du prénom de Maximilien est peut-être due au fait que le gouverneur de la province de l’époque était Maximilien de Briois. La famille de Robespierre s’installe définitivement à Arras avec Maximilien de Robespierre qui épouse sur la paroisse Saint Géry d'Arras le 30 janvier 1731 Marie Marguerite Françoise Poiteau (n°5) d'où treize enfants dont cinq morts jeunes et Maximilien Barthélémy François de Robespierre (n°2), Marie Marguerite de Robespierre née le 3 janvier 1735, qui épousa un notaire d'Arras, Robert François Deshorties, et Amable Aldegonde Henriette de Robespierre née le 25 septembre 1736 qui s'allia le 11 février 1777 Gabriel François Durut, docteur en médecine à Arras. Arras est une ville riche en 1790 puisqu'elle devient le chef-lieu du département du Pas-de-Calais devant Aire-sur-la-Lys.

 

Morte en mettant au monde son cinquième enfant.

Maximilien Marie Isidore de Robespierre (n°1) est né le 6 mai 1758 à Arras dans une maison construite en 1730, et fut baptisé dans l’église de La Madeleine. Son père, Maximilien Barthélémy François de Robespierre (n°2) est âgé de 26 ans et est avocat au Conseil d’Artois. Sa mère, Jacqueline Marguerite Carrault (n°3), a tout juste 21 ans ; elle est issue d’un milieu de brasseurs. Celle-ci donnera ensuite naissance à quatre autres enfants : 1° Marie Marguerite Charlotte de Robespierre née le 8 février 1760, décédée à Paris le premier août 1834 ; 2° Henriette Eulalie de Robespierre née le 28 mars 1761, morte à l’âge de 19 ans ; 3° Augustin Bon de Robespierre né le 21 janvier 1763 ; et 4° une petite fille qui coûtera la vie à la mère le 14 juillet 1764. Le 6 novembre 1777, les quatre enfants deviennent orphelins de père après l’avoir été de leur mère ; les deux garçons furent confiés aux grands-parents maternels, Jacques François Carrault (n°6) et Marie Marguerite Cornu (n°7), les deux filles furent recueillies par leurs tantes paternelles à Tournai, en Belgique.

 

Guillotiné le 10 thermidor de l’an II.

Maximilien de Robespierre, bachelier le 31 juillet 1780, licencié en droit le 15 mai 1781, devint avocat au barreau d’Arras et prêta serment le 8 novembre 1781. Le 9 mars 1782, il est nommé juge au Tribunal Episcopal. Il entra en politique lors de la convocation des Etats généraux en 1788 et le 26 avril 1789, il fut élu député du Tiers Etat d’Artois. Nommé représentant de la Commune le 11 août 1792, il remplaça Danton au Comité de Salut Public le 27 juillet 1793. Après ce que l’on a appelé “ La dictature de Robespierre ”, il fut mis hors la loi par le décret de la Convention nationale du 9 thermidor de l’an II et guillotiné le 10 thermidor suivant (soit le 28 juillet 1794).

 

Pelletier et bourgeois d’Arras.

Germaine Catherine Cardevacque (n°129) était veuve en premières noces de Jean Le Censier lorsqu’elle épousa Robert de Robespierre (n°128). Elle est la fille de Guillaume Cardevacque (n°258) bourgeois d’Arras, et de Geneviève alias Chrétienne Douvrin (n°259).

La famille Cardevacque est connue depuis Huart dit Plet Cardevacque (n°2064), à la douzième génération, natif d’Arras, il y était pelletier et bourgeois par achat à la date du 14 août 1419. Marié avec Michelle Lottin (n°2065), il eut un fils Guillaume Cardevacque (n°1032). Son petit-fils, Mathieu Cardevacque (n°516), issu de l’union scellée avec Colle de Noeufville (n°1033), était qualifié de seigneur d’Hulluch ; il épousa Catherine Hocquet (n°517) native de la ville d’Amiens (Somme).

Certaines sources font remonter les origines de la famille Cardevacque à Grard vivant fin XIIe-début XIIIe siècle (dix-huitième génération), famille qui se continua par Huart, sergent d’armes du roi en 1249, puis Adam, autre Adam, Jacquemon et Pieron, généalogie somme toute douteuse.

 

Olhain et Verdrel, hameaux de la commune de Fresnicourt.

Jean Willmet alias Willemet (n°58) est lieutenant d'Olhain, situé actuellement sur la commune de Fresnicourt, à seize kilomètres au sud de Béthune, où existe encore un château médiéval. D'ailleurs la famille d'Olhain est l'une des plus vieilles familles du nobiliaire artésien. Le château d'Olhain par contre passa dans la famille de Berghes en 1418 et y demeura jusqu'en 1900.

Jean Willemet (n°58) est aussi qualifié de censier du Bois de Baillon, à la sortie sud du village de Verdrel, un hameau de la commune de Fresnicourt qui donna son nom à la commune en 1840 en englobant les hameaux de Olhain et de Verdrel.

 

Remerciements :

Christophe Drugy.

 

Sources :

“  Une famille artésienne Les Robespierre ” D. de la Barre de Raillicourt. RFG n°32 Juin-Juillet 1984.

“  Robespierre : de la Nation artésienne à la République et aux Nations ”. Actes du colloque d’Arras tenu à l’Université d’Artois. 1993.

“ Robespierre Cœur d’Artois ” Conférence de madame Francine Lhoste à l’Assemblée Générale de l’Association Généalogique du Pas-de-Calais en 1997.

“  Ascendance Maximilien de Robespierre ” Didier Bouquet . Généalogie 62. N°73 premier trimestre 2002.