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GéMagazine n°213 : Victor Hugo

Mars-Avril 2002

“ L'homme océan ”[1]

Le bicentenaire de la naissance de Victor Hugo va donner lieu à de nombreuses expositions et manifestations en cette année 2002. Pour nous associer à cette commémoration, nous avons choisi de vous présenter son ascendance. Certains fragments ont déjà été publiés dont une courte généalogie parue dans les premières pages de “ Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie ”, travail qui donne comme ancêtres de Victor Hugo quelques nobles personnages alors que son plus lointain ancêtre répertorié Claude Hugo dit le Hollandais à la sixième génération était fossoyeur à Domvallier dans les Vosges.

 

Des “ origines lorraines et bretonnes ”.

La lignée paternelle de Victor Hugo est localisée dans le département des Vosges, en région lorraine. Les familles alliées ont des berceaux distincts, les Michaud arrivent de Bourgogne tandis que les Barbier sont installés en Franche-Comté. La Loire-Atlantique est un des départements qui forment la région Pays de la Loire, mais son histoire se confond avec celle de la région Bretagne. C'est dans ce département que l'on trouve la famille Trébuchet. La famille Lenormand est d'origine vendéenne.

 

Fossoyeur à Domvallier dans les Vosges.

Les registres paroissiaux de Domvallier et de Ramecourt ne sont pas antérieurs à 1691. Le patronyme Hugo est présent dans les différentes communes avoisinantes du canton de Mirecourt dans les Vosges. L'histoire débute avec Claude Hugo dit le Hollandais (n°32) qui est cité à plusieurs reprises et qui s'y trouve qualifié de fossoyeur. Né dans les années 1631, Claude Hugo (n°32) eut au moins un fils, Jean Hugo (n°16), installé comme cultivateur à Domvallier. Six ou huit enfants Hugo ont été identifiés, tous nés semble-t-il de Catherine Mansuy (n°17) : 1° Anne Hugo mariée en premières noces le 16 novembre 1699 à Domvallier avec Nicolas François Latraye, et en secondes au même lieu le 6 avril 1704 avec Dominique Moloux ; 2° Jean Philippe Hugo (n°8), cultivateur à Baudricourt qui épousa dans la même commune le premier janvier 1707 Catherine Grandmaire (n°9) dont descend en ligne directe Victor Hugo ; 3° Marie Barbe Hugo qui épousa en premières noces le 10 juillet 1703 à Domvallier Etienne Bourlier, et en secondes noces le 23 avril 1709 Nicolas Colin et qui s'y éteignit le 15 septembre 1767 ; 4° Claude Hugo, cultivateur à Domvillier marié le 26 janvier 1717 avec Catherine Luc dont on connaît la descendance aujourd'hui, mourut le 15 novembre 1769 à Domvallier ; 5° Pierre Hugo marié le 18 mai 1717 avec Marguerite Valentin ; 6° Nicole Hugo mariée le 14 janvier 1716 avec Joseph Lhillier, laboureur à Domvillier ; 7° un certain Joseph Hugo époux de Anne Simon ; et 8° Didier Hugo né à Domvillier en 1693.

 

Un père général et deux oncles généraux.

On ne connaît qu'un seul fils de Jean Philippe Hugo (n°8) et de Catherine Grandmaire (n°9) Joseph Hugo (n°4) né le 24 octobre 1727 à Baudricourt qui s'installa comme maître menuisier à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Il épousa en premières noces le premier juillet 1755 dans la paroisse de saint Epvre de Nancy Dieudonnée Françoise Béchet  qui lui donna sept enfants. Veuf le 4 août 1768, il convola en secondes noces le 22 janvier 1770 dans la même paroisse Jeanne Marguerite Michaud (n°5) dont il eut au moins trois fils : 1° Joseph Léopold Sigisbert Hugo (n°2) ; 2° Louis Joseph Hugo (1777-1853), capitaine à la bataille d'Eylau en 1807, colonel puis général, convola le 19 septembre 1826 à Tulle (Corrèze) avec Marie Pinaud dont deux enfants, Léopold Hugo et Marie Hugo; et 3° François Juste Hugo dit Francis Hugo (1780-1831) deviendra lui aussi général et épousa Martine Louzurica qui n'eut pas d'enfant.

Joseph Léopold Sigisbert Hugo (n°2), militaire, a jouit comme ses frères d'avancements successifs sous la révolution et le premier Empire. Il épousa sur le 9e arrondissement ancien de paris le 15 novembre 1797 (selon le calendrier républicain le 25 Brumaire an 6) Sophie Françoise Trébuchet dont la descendance est étudiée dans l'album de famille de ce mois. Après le décès de Sophie Trébuchet (n°3) survenu le 27 juin 1821 à Paris, Léopold Hugo (n°2) épousa le 6 septembre 1821 à Chabris dans l'Indre Marie Catherine Tomas y Saetoni, comtesse de Salcano et veuve de Anaclet d'Almay, native de Cervione en Corse.

 

Morts en mer.

Sophie Françoise Trébuchet (n°3) est née le 19 juin 1772 dans la paroisse saint Laurent à Nantes (Loire-Atlantique). Elle est la troisième née de la famille Trébuchet. Jean François Trébuchet (n°6) a épousé dans la paroisse saint Fiacre en Loire-Atlantique le 29 septembre 1767 Renée Louise Lenormand (n°7). Les huit enfants sont nés dans la paroisse saint Laurent de Nantes : 1° Renée Rose Trébuchet née le 6 juillet 1768 et décédée le 7 juillet 1795 à Nantes ; 2° Madeleine Françoise Trébuchet née le 16 novembre 1769, décédée à Nantes le 24 juillet 1859, religieuse ursuline ; 3° Sophie Françoise Trébuchet (n°3) mère de Victor Hugo ; 4° Jean Louis Trébuchet né le 30 octobre 1773, décédé en 1794 comme pilotin sur le navire “ Maréchal de Lévis ”; 5° Auguste Trébuchet né le 8 mai 1775, décédé le 6 décembre 1792 comme pilotin sur le navire “ La Nouvelle Société ”; 6° Charles Henri Trébuchet né le 4 juillet 1777 et décédé le 24 juin 1778 ; 7° Marie Joseph Trébuchet né le 11 décembre 1778, chef archiviste du secrétariat général de la Préfecture de la Loire Inférieure, marié par trois fois, la première fois le 19 mars 1801 avec Anne Marie Liegaux, la deuxième fois avec Marthe Claire Giton, et la troisième fois le 19 avril 1826 à Nantes avec Marie Joséphine Bouret ; et 8° Etienne Constant Trébuchet né le 21 juillet 1780 et décédé le 8 novembre suivant. Renée Louise Lenormand (n°7) s'était éteinte le 13 août de la même année. Jean François Trébuchet (n°6) est décédé en mer, dans l'océan Indien devant l'Ile de France maintenant l'Ile Maurice, comme capitaine de navire le premier septembre 1783. Il laissait six enfants à élever.

 

René Pierre Lenormand, tuteur de ses petits-enfants devenue orphelins.

René Pierre Lenormand (n°14) recueille ses petits-enfants devenus orphelins, il est leur tuteur. Il est le fils de René Lenormand (n°28), sieur du Buisson, receveur des Domaines du Roi. Ce fonctionnaire du Roi est installé à La Garnache où il épouse la veuve de René Mourain, procureur fiscal dudit lieu, Anne Marguerite Dolbeau (n°29).  Anne marguerite Dolbeau (n°29) est alors en charge de trois enfants : 1° Marie Anne Mourain ; 2° Françoise Mourain ; et 3° Louis Mourain de Montmartre né en 1715 à La Garnache, marié le 15 septembre 1738 sur la paroisse saint Denis de Nantes avec Magdelaine Mignault, et décédé sur la paroisse saint Laurent de Nantes le 19 juin 1767. Louis Mourain fut procureur fiscal au marquisat de Goulaine et lorsqu'il devint procureur au Présidial de Nantes, il céda sa charge à René Pierre Lenormand (n°14) son frère utérin.

 

Dix enfants en quinze ans.

Jean François Trébuchet (n°6) embarqua la première fois la veille de ses dix-huit ans. Ses voyages auront pour escales l'Ile Maurice, les Antilles et Saint-Domingue. Il servira un temps sur les vaisseaux du Roi et participa à la bataille des Cardinaux perdue par la marine française le 20 novembre 1759. Le père de Jean François Trébuchet, Jean Trébuchet (n°12) était pourtant maître mouleur à la forge Péan, son grand-père, Gilles Trébuchet (n°24) était lui fondeur. Gilles Trébuchet (n°24) est né dans le premier quart du XVIIe siècle, il avait épousé le 13 septembre 1672 dans l'église de Riaillé (Loire-Atlantique) Anne Rousseau (n°25) née à Riaillé le 24 mai 1688. Veuve le 20 mai 1684, Anne Rousseau (n°25) épousa en secondes noces René Morice, un maître mouleur qui lui-même veuf en 1688 de Anne Rousseau convola une seconde fois le 2 mai 1689 avec une certaine Jeanne Trébuchet, veuve Boisgontier. Anne Rousseau (n°25) donna naissance à dix enfants en quinze ans, tous nés à Riaillé : 1° Jean Trébuchet (n°12) né le 20 juin 1673 ; 2° Guillaume Trébuchet né le 21 septembre 1674, marié le 29 octobre 1716 à Moisdon-la-Rivière avec Marie Guérin ; 3° Marguerite Trébuchet née le 28 mars 1676 ; 4° Renée Trébuchet née le 17 mai 1677 ; 5° Jacques Trébuchet né le 20 novembre 1679 ; 6° Thérèse Trébuchet née le 16 février 1681 ; 7° Louise Trébuchet née le 13 juillet 1683 ; 8° Jeanne Trébuchet née le 24 novembre 1684, fille posthume de Gilles Trébuchet décédé le 20 mai 1684 à Riaillé ; 9° René Morice né le 15 mai 1686, frère utérin des huit précédents ; et 10° Louis Morice né le 11 mai 1688, autre frère utérin. Le 24 mai 1688 Anne Rousseau (n°25) s'éteignait soit seulement deux semaines après la naissance de son petit dernier.

 

Procureur au présidial de Nantes.

Jean Trébuchet (n°12) épousa en premières noces le 10 février 1705 à Riaillé Renée Oger. Celle-ci mourut le 4 juillet 1706 à Moisdon-la-Rivière. Veuf, Jean Trébuchet (n°12) se remaria le 16 octobre 1708 au Petit-Auverné avec Françoise Louvigné (n°13). La famille Louvigné compte plusieurs fondeurs. C'est ainsi que le plus lointain ancêtre connu, Jean Louvigné (n°52) était qualifié de maître fondeur à la Hunaudière, alors que son fils, Michel Louvigné (n°26) l'était à la forge du Péan.

Le couple Trébuchet-Louvigné aura dix enfants tous nés à Moisdon-la-Rivière, à l'exception des trois derniers nés au Petit-Auverné : 1° Julien François Trébuchet né le 25 juillet 1709 et décédé le 18 avril 1714 ; 2° Jeanne Trébuchet née le 25 janvier 1711, épouse en premières noces de Jean L'Hotelier, en secondes noces de Pierre Métayer, et décédée le 3 janvier 1794 à Châteaubriant (Loire-Atlantique) ; 3° Renée Etiennette Trébuchet née le 16 novembre 1712 ; 4° Marie Françoise Trébuchet née le 25 septembre 1714 ; 5° Marie Angélique Trébuchet née le 25 mai 1716 ; 6° Louis Trébuchet né le 22 janvier 1719, connu comme sieur du Vivier, fondeur qui épousa Louise Bodin dont la descendance fait état d'un procureur au Présidial de Nantes en la personne de Louis Maurice Trébuchet, sieur de la Roulais (1743-1784); 7° Françoise Trébuchet née le 21 octobre 1721, épouse de Marie René Robin ; 8° Anne Marguerite Trébuchet mariée le 21 janvier 1755 au Petit-Auverné avec René Daniel, médecin ; 9° Elisabeth Trébuchet née le 8 juin 1726 ; et 10° Jean François Trébuchet (n°6), grand-père maternel de Victor Hugo.

 

Prévôt de la confrérie des mégissiers.

René Pierre Lenormand, sieur du Buisson (n°14), procureur fiscal au marquisat de Goulaine, fut juge au tribunal criminel et révolutionnaire de Nantes. Né à La Garnache en Vendée dans les années 1723, il épousa le 20 juin 1747 dans l'église saint Nicolas de Nantes Renée Pélagie Brevet (n°15). Celle-ci avait été portée sur les fonds baptismaux de saint Jacques à Nantes le 30 novembre 1751 et était la dernière-née de René Brevet (n°30), mégissier puis prévôt de la confrérie des mégissiers,  et de Renée Chédran (n°31) native de Gétigné (Loire-Atlantique). En fait, le couple Brevet-Chédran eut onze enfants tous nés à Nantes, cinq furent baptisés à sainte Croix et six à saint Jacques ; le domicile des parents était à mi-chemin entre les deux paroisses.

Veuf le 23 février 1751, René Pierre Lenormand (n°14), sieur du Buisson, se remaria le 25 juin 1753 à Monnière (Loire-Atlantique) avec Rose Elisabeth Marion, fille de greffier du marquisat de La Galissonnière. De son premier mariage qui a duré à peine quatre ans sont nés à saint Fiacre trois enfants : 1° Renée Louise Lenormand (n°7) grand-mère maternelle de Victor Hugo, elle eut pour parrain Louis Mourain de Montmartre, oncle comme frère utérin de son père, et procureur au Présidial de Nantes ; 2° Louise Mathurine Lenormand née le 3 août 1749 qui épousa Louis Maurice Trébuchet, sieur de la Roulais qui est cité précédemment comme procureur au Présidial de Nantes ; 3° René Pierre Lenormand, né le 12 février 1751, procureur au Parlement de Bretagne, qui épousa le 16 novembre 1779 à Nantes (saint Laurent) Marie Thérèse Rousseau. Sept enfants vont naître de la seconde union de 1754 à 1765 dont Charles Marie Lenormand (1756-1785), sieur de Lanoë, notaire, procureur fiscal, conseiller du Roi et François Lenormand, sieur du Paty.

 

Bibliographie :

“ Généalogies des familles Hugo, Trébuchet et Foucher ” de Jean Massin. Le Club Français du Livre 1969.pages 225-248.

“ Une famille – les Hugo ” de Simone Bourlard-Collin. Lys de Provence 1985 n°11 pages 18 et 19.

“ Ascendance maternelle de Victor Hugo ” de Roger Naux. Bulletin du Cercle Généalogique de l’Ouest 1985 n°42 pages 8 à 26.

“ L’ascendance de Victor Hugo ” de Françoise Praud. Bulletin du Cercle Généalogique de Franche-Comté 1989 n°39 pages 9 et 10 ; n°40 page 36.

“ Les Hugo ” de Claude Latta. Gé-Magazine 1986 n°35 pages 29 à 41.

“ Victor Hugo ” de Jean Paul Fontaine. Revue Française de Généalogie 1985 n°39 pages 31 à 33.

 

[1]  Titre de l'exposition - Bibliothèque nationale de France site François Mitterand du 21 mars au 23 juin 2002.