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GéMagazine n°208 : Michel Rocard

Octobre 2001

Député européen - Et Président de Terra Australis 2001

Ministre du Plan et de l'Aménagement du Territoire de 1981 à 1983, de l'Agriculture de 1983 à 1985, Premier ministre de 1988 à 1991, Michel Rocard est sénateur des Yvelines depuis 1995, député européen depuis 1994. Entre temps, Michel Rocard fut maire de Conflans-Sainte-Honorine de 1978 à 1994 et membre du comité directeur du PS dès 1987. Aujourd'hui, Michel Rocard préside l'association Terra Australis 2001. Terra Australis 2001, association française, organise les célébrations françaises prévues par le Comité France-Australie afin de commémorer le Bicentenaire de l'Expédition Scientifique du Commandant Nicolas Baudin vers les Terres Australes entre 1801 et 1804.

 

Nous vous présentons ici deux cents ans d'histoire familiale de Michel Rocard. Des origines éparpillées qui laissent apparaître cinq régions : les Rocard-Martel en Champagne-Ardenne, les Gaudin-Coudreau en Poitou-Charentes, les Lamblin en Languedoc-Roussillon, les Favre-Mallinjoud en région Rhône-Alpes, et les Riegler en Alsace. La fécondité reste faible, l'âge moyen au décès n'atteint pas 60 ans de la troisième à la quatrième génération. Issu d'un milieu d'instituteurs du côté maternel, Michel Rocard compte parmi ses ancêtres paternels deux militaires, tous deux faits Chevalier de la Légion d'honneur, mais aussi des entrepreneurs de bâtiments et un vérificateur des poids et mesures.

 

Du plateau de langres à Plassay, en Charente-Maritime, et à saint Seurin sur l'Isle, en Gironde.

Les Rocard et  Martel sont localisés dans le département de la Haute-Marne. L'ancêtre le plus lointain en ligne directe est Nicolas Rocard (n°32), jardinier de son état. Il a tout juste 36 ans lorsqu'il décède à Vaux sous Aubigny - arrondissement de Langres, canton de Prauthoy. Son fils, Louis Nicolas Rocard (n°16), orphelin de père à 10 ans, deviendra jardinier pépiniériste à Langres après avoir pris femme dans le village de Montsaugeon. Jeanne Agnès Martel (n°17) est blanchisseuse et est la fille d'un maçon. Il leur naîtra au moins deux fils : Simon Eugène Rocard (n°10), né à Montsaugeon, qui s'alliera en secondes noces à saint Seurin sur l'Isle - arrondissement de Libourne, canton de Coutras - en Gironde, et Adolphe Nicolas Rocard (n°8), né à Brennes, prendra femme à Plassay - arrondissement de Saintes, canton de saint Porchaire - en Charente-Maritime. La rencontre de Adolphe Nicolas Rocard et de Marie Elisabeth Gaudin se fit à Paris où le couple s'installa après la naissance de leurs deux enfants, une fille, Magdeleine Marie Louise Jeanne en 1873, et un garçon, Eugène Louis en 1880. Jeanne Rocard (n°5), elle, naquit à Marseille au cours d'une mission d'ordre professionnel de Simon Eugène Rocard (n°10).

 

Un père universitaire et inventeur des premières lampes radio à chauffage indirect.

Yves André Rocard (n°2) est le fils d'un Officier aviateur mort pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Universitaire, il a fait ses études au Lycée Louis le Grand à Paris et à l'Ecole normale supérieure. Agrégé de physique, Docteur ès sciences mathématiques et Docteur ès sciences physiques, il commença sa carrière comme Assistant au Collège de France (1927-1928) et occupa un poste d'Ingénieur à la Compagnie générale de T.S.F. , et ce pendant une dizaine d'années. En 1939, Yves Rocard est Maître de conférences à la Faculté des sciences de Paris. De 1945 à 1973, il occupe le siège de Directeur du laboratoire de physique de l'Ecole normale supérieure. Inventeur des premières lampes radio à chauffage indirect, il étudia le radio-atterrissage sans visibilité, de nombreux travaux de physiques et la stabilité dans le vent du pont de Tancarville. Commandeur de la Légion d'honneur, Grand Officier de l'ordre national du Mérite, Commandeur des Palmes académiques, Commandeur de l'Ordre du British Empire, il fut fait Docteur honoris causa de l'université de Bruxelles.

 

Fils et fille de la nation.

Yves André Rocard (n°2) et Renée Favre (n°3) furent tous deux adoptés par la Nation, le premier par jugement du Tribunal civil de la Seine en date du 8 octobre 1919, la seconde, par un jugement du Tribunal civil de saint Julien du 8 juin 1920.

Tué à l'ennemi le 12 septembre 1918 à La Chaussée dans la Meuse - le décès fut transcrit le 26 septembre 1920 dans l'état civil du sixième arrondissement de Paris -  Eugène Louis Rocard (n°4) avait été nommé chef d'escadrons à titre temporaire à compter du 5 juillet 1918. Capitaine active au 3ème régiment d'artillerie coloniale, il fut fait Chevalier de la Légion d'honneur par un arrêté du Ministre de la Guerre en date du 22 juillet 1918 pour prendre rang du 26 mai 1918 [Archives nationales - LH2357/42]. Quant à Léon Favre (n°6), il rentra épuisé de la Guerre de 1914-1918, il fut déclaré mort pour la France.

 

Un acte désespéré.

Le 28 décembre 1891 décédait Adolphe Nicolas Rocard (n°8) en son domicile au n°6 de la rue Stanislas. En fait, il s'agissait d'un suicide. Il laissait une lettre adressée à son général expliquant la raison de son acte “ Dans un moment d'inconscience inexplicable, j'ai commis en paroles, dans votre bureau, un acte qui ternit ma vie, qui avait été jusque là honnête ”. Sa succession fut réglée le 22 juin 1892 ; un supplément fut rédigé le 4 novembre 1893 [Archives de la Seine - DQ8.1580 ; DQ7.11670 et 11678]. Il laissait une femme et deux enfants mineurs. Marie Elisabeth Gaudin (n°9), commune en biens suivant leur contrat de mariage reçu le 9 mai 1872 par maître d'Aiguières, notaire à Port d'Envaux en Charente-Maritime, devenait la tutrice légale de Magdelaine Marie Louise Jeanne Rocard, et de Eugène Louis Rocard (n°4), ses enfants mineurs. Le 26 janvier 1892 maître Louis Girardin [Minutier Central des notaires parisiens, étude CVI] établissait un inventaire  afin de régler la succession.

 

Des biens à Langres.

Adolphe Nicolas Rocard (n°8) avait hérité de sa mère, Jeanne Agnès Martel (n°17) qui s'était éteinte le 18 décembre 1879 à Langres, de la somme de 1.143 francs, et d'une tante maternelle, Léonide Martel alors veuve Trécourt qui était décédée à Langres le 23 mars 1886, la somme de 4.194 francs. De même, il fut l'héritier pour un tiers de son oncle paternel, Simon Rocard. Simon Rocard, mort le 26 janvier 1877 à Vaux (Haute-Marne), laissait Anne Boisselier, sa veuve, commune en biens par un acte passé le 29 octobre 1870 devant maître Desvigne. Lors du règlement de la succession de Adolphe Nicolas Rocard (n°8) déjà citée dans le paragraphe précédent, on fait état des droits de mutation aux héritiers de Simon Eugène Rocard (n°10), son frère, comme légataire universel de la veuve Trécourt.

 

Des histoires de famille.

Simon Eugène Rocard (n°10) a épousé en premières noces, le 4 août 1868 à Plassay en Charente-Maritime Amélie Gaudin, née le 12 juillet 1857 sur le 11è arrondissement ancien de Paris ; elle est la sœur de Marie Elisabeth Gaudin (n°9). Cette dernière épousera en 1872 le frère de son beau-frère, Adolphe Nicolas Rocard (n°8). Veuf depuis le 6 juin 1874 avec au moins un garçon, Simon Eugène Rocard (n°10), s'allia en secondes noces en 1877 avec Elisabeth Lamblin (n°19).

Eugène Louis Rocard (n°4) fils de Adolphe Nicolas Rocard, épousera par la suite la fille de Simon Eugène Rocard et de Elisabeth Lamblin, Jeanne Rocard (n°5). Eugène Louis Rocard (n°4) avait une sœur Magdelaine Marie Louise Jeanne Rocard, née à Plassay le 22 juillet 1873. Cette dernière contracta une alliance le 8 mars 1897 à Paris 6è avec André Proust. André Proust est minotier, il est fils d'un courtier en blé, Eugène Armand Proust et de Noémie Deffault. Né le 16 mars 1866 à Felletin, dans le département de la Creuse, André Proust est le frère de Jeanne Noémie Proust née le 14 juin 1868 à Paris 1er. Jeanne Noémie Proust s'allia le 7 janvier 1891 à Paris 2è Marc Gaudin, né le 14 novembre 1857 à Plassay. Marc Gaudin lieutenant-colonel d'infanterie est le demi-frère de Marie Gaudin, comme fils de Louis Eugène Gaudin (n°18) et de sa seconde épouse, Virginie Quernel. Marc Gaudin et André Proust déclarèrent le décès de Adolphe Nicolas Rocard (n°8) le 29 décembre 1891 ; le premier est dit “ âgé de 34 ans, capitaine au 25è régiment d'infanterie à Charbourg (Manche) ”.

 

Successions et héritages.

Marie Elisabeth Gaudin (n°9) reçut par héritage la somme de 5.600 francs dans la succession de Victor Coudreau et la somme de 14.000 francs dans la succession de Edouard Coudreau. Tous deux étaient ses oncles maternels. Le premier Victor Coudreau décéda à Tonnelles, dépendant de la commune de saint Porchaire (Charente-Maritime) le 11 août 1891 ; le second, Edouard Gaëtan Coudreau, huissier, s'éteignit en 1886 à Champagne (Charente-Maritime). Marie Elisabeth Gaudin avait semble-t-il un troisième oncle maternel, Charles Eugène Coudreau, pharmacien.

Aspasie Zoé Seignant (n°37) donna naissance à une petite fille, Ernestine Mélanie Gaudin, le 7 juin 1827. La mère s'éteignit quelques jours plus tard en laissant deux autres enfants mineurs Alphonse Gaudin né le 20 août 1821 et Louis Eugène Gaudin (n°18). Le décès de Aspasie Zoé Gaudin (n°37) fut déclaré par un élève architecte, Pierre Louis Logerot, et un sculpteur, Julien Jean François Legoupil. Un inventaire fut dressé le 3 septembre 1827 par maître Jean Baptiste Guiffrey (Minutier Central des notaires parisiens, étude LXXXVIII] et fait état d'un actif de 30.409 francs, d'une maison au n°9 rue de Fleurus à Paris construite pendant la communauté sur un terrain acquis le 18 septembre 1821 par contrat devant maître Henri Mailand [Minutier Central des notaires parisiens, étude LXVI]. Pierre Gaudin (n°36) lui survécut jusqu'en 1845. C'est Louis Eugène Gaudin (n°18) qui se déplace au bureau de l'Enregistrement, il fait état de son frère, Alphonse Gaudin, alors élève ingénieur des Ponts-et-Chaussées, et de sa sœur, Ernestine Mélanie Gaudin, qui encore mineure est sous la tutelle de autre Pierre Gaudin (n°72), son grand-père paternel, propriétaire à Saintes (Charente-Maritime). Un inventaire fut dressé le 17 mai 1845 par maître Charles Joseph Jaussand [Minutier Central des notaires parisiens, étude CVI], porte à 279.667 francs le total des biens, meubles et effets, et fait état de la maison sise  au 9 rue de Fleurus et d'un terrain rue Duguay-Trouin. La suite reste encore à découvrir.

 

Sources :

Recherches complémentaires effectuées aux Archives de Paris et aux Archives nationales par Myriam Provence, généalogiste, 29 rue Tandou 75019 Paris.

 

Bibliographie :

“ A la découverte de leurs racines ” Joseph Valynseele et Denis Grando. ICC.

“ Histoire familiale des hommes politiques français ”. Archives et Culture.

“ Mon Voyage aux Terres Australes - Journal de bord personnel du Commandant Baudin ”. Imprimerie Nationale.