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GéMagazine n°206 : La comtesse de Paris

Juillet-Août 2001

Epouse du chef de la Maison de France de 1940 à 1999, Madame la comtesse de Paris fêtera le 11 août prochain son quatre-vingt-dixième anniversaire.

Cette étude est tirée du livre que Philippe de Montjouvent a consacré aux ancêtres du défunt comte de Paris, son altesse royale (S.A.R.) le prince Henri Robert Ferdinand Marie Louis-Philippe d'Orléans, et à ceux de son épouse, son altesse impériale et royale (S.A.I.R.) la princesse Isabelle Marie Amélie Louise Victoire Thérèse Jeanne Michèle Gabrielle Raphaëlle Gonzague d'Orléans et Bragance. Comme à l'accoutumée, seule l'ascendance par quartiers sur cinq générations avec mention de la sixième sera présentée ici.

 

De la quatrième maison, les Orléans-Bourbon.

Orléans est le nom de quatre familles princières de France. La première maison, la maison des Orléans-Valois, eut pour fondateur et unique membre Philippe 1er, fils du roi Philippe VI, mort sans héritier en 1375. La deuxième maison est représentée par Louis 1er, frère du roi Charles VI, mort en 1407, son fils, Charles d'Orléans, poète mort en 1465, et son petit-fils Louis II, devenue en 1498 le roi Louis XII. La troisième maison - les Orléans-Bourbon - eut pour chef et unique membre Gaston d'Orléans, frère du roi Louis XIII, mort en 1660. La quatrième maison commence avec Philippe 1er, frère du roi Louis XIV, mort en 1701. Ses principaux membres furent Philippe II, le Régent, mort en 1723, Louis Philippe Joseph, dit Philippe-Egalité, guillotiné en 1793, Louis Philippe II, devenu en 1830 le roi Louis-Philippe 1er. Henri Robert d'Orléans, comte de Paris, né en 1908, était le représentant de cette quatrième maison jusqu'à son décès survenu en 1999. Ce dernier, fils de Jean, duc de Guise, vécut en exil à partir de 1926. De son union avec Isabelle d'Orléans et de Bragance, il eut onze enfants.

Le titre de comte de Paris est apparu au IXè siècle. Ce titre fut rétabli par le roi Louis-Philippe en  faveur de son petit-fils, Philippe d'Orléans, comte de Paris (1838-1894), fils aîné du duc d'Orléans. Exilé de France en 1848, il devint héritier au trône à la mort en 1883 du comte de Chambord, avec qui s'éteignit la branche de Marche-Vendôme, branche cadette des Bourbons. Philippe d'Orléans fut victime de la loi d'exil de 1886, et se retira en Angleterre. Henri Robert d'Orléans fut  comte de Paris le 5 juillet 1929, jour de sa majorité.

 

Moravie et Styrie.

La Bohême, région historique d'Europe centrale, dont la capitale était Prague, fut rattachée à la République tchèque. Au IXè siècle, la Bohême faisait partie du royaume de Grande Moravie. En 1526, Ferdinand 1er, frère de Charles Quint, fut élu roi, et avec lui, la Bohême passa à la maison de Habsbourg, qui la conserva jusqu'en 1918. La Moravie, région formant la partie orientale de la république tchèque, ne cessa de partager l'histoire de la Bohême depuis 1182. C'est à Prague que naquit en 1703 Maria Theresia, comtesse von und zu Trauttmandorff (n°113) ; celle-ci épousa le 20 août 1738 à Vienne (Autriche) Franz-Karl, comte Kottulinsky, baron von Kottulin und Krzizkowicz (n°112) dont au moins un fils, Josef-Franz de Paula, comte Kottulinsky (n°56). Ce dernier fut chef de sa Maison le 5 mai 1772, à la mort de son père. Il fut baptisé le 10 avril 1742 à Graz, capitale de la Styrie, province d'Autriche. Duché indépendant depuis 1180, la Styrie passa par héritage à la maison autrichienne de Babensberg, puis à la Hongrie, à Ottokar II de Bohême, et enfin aux Habsbourg en 1282. En 1919 (traité de Saint-Germain), la partie méridionale de la Styrie fut attribuée à la Yougoslavie.

 

Le royaume des Deux-Siciles.

Le royaume de Naples fut appelé officiellement à partir de 1816 royaume des Deux-Siciles. C'est lors de la paix de Vienne en 1735, que l'empereur Charles VI céda le royaume de Naples et la Sicile à la ligne cadette des Bourbons d'Espagne, représentée par Charles VII. Lorsque Charles II doit partir pour Madrid en 1759, afin de remplacer son demi-frère Ferdinand VI, il passe le royaume de Naples à son fils encore mineur, Ferdinand IV. Adversaire de la Révolution française, Naples se jette dans la guerre contre la France. Les Français entrent à Naples en janvier 1799. Napoléon proclame la déchéance des Bourbons et confie le royaume de Naples à son frère Joseph, puis à Murat qui fut fusillé en octobre 1815. Ferdinand IV fut rétabli et eut pour successeur en 1825 François 1er, et en 1830 Ferdinand II qui termina sa vie en son château de Caserte. En 1860, Garibaldi s'empare des Deux-Siciles ; le dernier roi des Deux-Siciles, François II, part en exil.

C'est à Caserte, ville d'Italie du Sud, en Campanie que naquit S.A.R. la princesse Marie-Amélie Thérèse des Deux-Siciles. L'événement eut lieu dans son magnifique palais, réalisé par Vanvitelli de 1752 à 1774, et qui fut la résidence des Bourbons de Naples.

 

Fait prince par diplôme en 1815.

Ignaz Jozef Anton Franz Xaver, comte von Kohary zu Csabrag und Szitnya auf Murany (n°76) fut baptisé le 3 décembre 1724 à Szent Antal en Hongrie. Il épousa le 4 août 1761 à Seibersdorf (Autriche) la comtesse Maria Gabriela Josefina Cavriani (n°77), dame de l'ordre de la Croix Étoilée, née à Vienne (Autriche) le 25 avril 1736. Tous deux s'éteignirent à Vienne en Autriche, le premier en 1777, et la seconde, en 1803. Franz de Paula Josef, prince von Kohary (n°38) devint chef de sa Maison au décès de son père. C'est par un diplôme du 15 mai 1817 avec effet rétroactif au 15 novembre 1815, qu'il fut fait prince “ pour lui et toute sa famille ”, sa fille Maria Antonia Gabriela von Kohary (n°19) ayant épousé le prince Ferdinand Georges Auguste de Saxe-Saalfeld-Cobourg (n°18) le 2 janvier 1816. Tout comme son époux, Maria-Antonia Josepha Johanna Baptista, comtesse von Waldstein, dame zu Wartenberg (n°39), était née à Vienne. C'est dans l'église St Rochus de Vienne que leur mariage fut célébré le 13 février 1792, une fille leur naîtra le 2 juillet 1797 à Buda, quartier n°19 de cette ascendance. Budapest, capitale de la Hongrie, résulte de l'union réalisée en 1873 des villes de Buda, d'Obuda et de Pest. La forteresse de Buda devint résidence royale au XIVè siècle.

 

Empereurs du Brésil.

Le Brésil est le plus vaste des États de l'Amérique du Sud. Les rois de la maison de Bragance s'intitulaient rois de Portugal et du Brésil. Lisbonne, capitale du Portugal fut occupée par les Français en 1807. Fuyant devant Napoléon, le roi Jean VI alla se fixer à Rio de Janeiro en novembre 1807, qui devint alors la capitale de l'Empire portugais. Né le 13 mai 1767 au palais de Quéluz, près de Lisbonne, il s'éteignit le 10 mars 1826 au palais de Bemposta, à Lisbonne, laissant sa petite-cousine, l'infante Charlotte-Joachime Thérèse Gaëtane d'Espagne (n°41), fille de Charles IV, roi d'Espagne, et de la princesse Marie-Louise Thérèse de Parme, épousée par procuration le 27 mars 1785 à Madrid et en personne le 9 juin 1785 au palais d'Ajuda, à Lisbonne. Dès 1821, Jean VI, né Jean Marie Joseph François Xavier de Paule Louis Antoine Jacques Raphaël de Portugal (n°40), rentra au Portugal en 1821, tout en laissant son fils aîné comme Régent du Brésil. Ce dernier prit la direction du mouvement national et proclama l'indépendance en 1825. Il fut choisi comme empereur constitutionnel, sous le nom de Pierre ou Pedro 1er. En 1831, Pierre 1er, né Pierre d'Alcantara François Antoine Jean Charles Xavier de Paule Michel Raphaël Joachim Joseph Gonzague Pascal Cyprien Séraphin de Portugal (n°20), abdiqua en faveur de son fils, Pierre II, encore mineur, qui régna de 1831 à 1889. Le régime impérial prit fin en novembre 1889 ; sa majesté (S.M.) Pierre II, né S.A.I. le prince Pierre d'Alcantara Jean Léopold Salvator Bibiano François Xavier de Paule Leucadio Michel Raphaël Gabriel Gonzague du Brésil (n°10) fut déposé le 15 novembre 1889. Son petit-fils le prince Pierre d'Alcantara d'Orléans et Bragance (n°2), reconnu par la majorité des monarchistes brésiliens sous le non de Pierre III, fut empereur du Brésil ; mineur la régence fut exercée par la princesse impériale du Brésil, Isabelle, née S.A.I. Isabelle Christine Léopoldine Augusta Michèle Gabrielle Raphaële du Brésil (n°5). Toute la famille fut toutefois contrainte à quitter le Brésil et commença alors pour elle un long exil. Pierre III renoncera au trône brésilien le 30 octobre 1908.

Du nom d'une ville du Nord-Est du Portugal, la famille de Bragance fut représentée par Alphonse 1er, fils naturel de Jean 1er le Grand, roi du Portugal, et qui fut fait duc de Bragance en 1442. Cette famille régna sur le Portugal jusqu'à la Révolution de 1910 et donna des empereurs au Brésil de 1822 à 1889.

 

Entre Ems et Oder : la Saxe.

La Saxe est le nom commun donné à de nombreux états ou provinces compris dans un territoire allant de l'Ems à l'Oder, en Allemagne. A la suite de nombreux partages intervenus depuis la fin du XVIè siècle, diverses principautés saxonnes se sont constituées, entre autres le duché de Saxe-Cobourg-et-Gotha. Cobourg devint capitale du duché de Saxe-Cobourg-Saalfeld, puis du duché de Saxe-Cobourg-et-Gotha de 1826 à 1918. En fait le duché de Saxe-Cobourg-et-Gotha a pour origine la principauté de Saxe-Cobourg constituée en 1572. La principauté fut rattachée ensuite à celle de Saxe-Gotha, puis en fut détachée en 1679, et annexée en 1735 aux possessions des Saxe-Saalfeld. Le jeu des transmissions fit que le duc Ernest III de Saxe-Cobourg-Saalfeld devint le duc Ernest 1er de Saxe-Coubourg-et-Gotha en 1826. Les deux anciennes principautés de Cobourg et de Gotha gardèrent leur autonomie jusque dans les années 1873-1874 où fut fait l'unité. Au cours du XIXè siècle, la maison de Saxe-Cobourg-et-Gotha donna des souverains à de nombreux États européens : Léopold 1er à la Belgique, le prince Albert, à la Grande-Bretagne, Ferdinand, au Portugal, Ferdinand 1er, à la Bulgarie. Après la chute de la dynastie, Gotha fut incorporé à la Thuringe et Cobourg à la Bavière.

 

Vivre et mourir en exil.

Le prince Louis Philippe Joseph d'Orléans (n°32), prit le nom de Philippe-Egalité en 1792, premier prince du Sang de France et duc d'Orléans, qui porta le titre de duc de Montpensier jusqu'en 1752, puis celui de duc de Chartres jusqu'en 1785 et épousa l'arrière-petite-fille de Louis XIV et de Madame de Montespan. Député de la noblesse aux états généraux de 1789, il vota la mort de son cousin Louis XVI, mais suspect il fut exécuté sur l'échafaud révolutionnaire le 6 novembre 1793 - selon le calendrier républicain le 16 brumaire an II - sur la place de la Révolution à Paris. C'est son fils aîné, Louis-Philippe, qui porta le titre de duc d'Orléans jusqu'à son avènement au trône en 1830.

Plusieurs personnages sont morts loin de leur terre natale. Marie-Caroline de Lorraine (n°35 et n°45), archiduchesse d'Autriche et princesse royale de Hongrie et de Bohême, sœur de la reine Marie-Antoinette, décéda en exil dans la nuit du 7 au 8 septembre 1814 au château d'Hetzendorf, près de Schönbrunn en Autriche. Son époux, Ferdinand 1er, roi des Deux-Siciles (n°34 et n°44) s'éteignit à Naples le 4 janvier 1825. L'un et l'autre apparaissent par deux fois dans l'ascendance de la comtesse de Paris. Ce phénomène d'implexe s'accentuera au fur et à mesure que la recherche remontera le temps. L'exil fut aussi le sort réservé à Louis-Philippe 1er, roi des Français (n°16), et à son épouse, S.A.R. la princesse Marie-Amélie Thérèse des Deux-Siciles (n°17), tous deux ayant trouvé refuge en Grande-Bretagne et qui décédèrent au château de Claremont, à Esher, dans le Surrey. La famille impériale du Brésil fit une escale à Porto au Portugal lors de son voyage d'exil ; c'est lors de cette étape que S.A.R. la princesse royale Thérèse Marie Christine des Deux-Siciles (n°11) mourut le 28 décembre 1889.

 

Remerciements :

Philippe de Montjouvent, généalogiste, 34 rue de la République 94220 Charenton.

 

Bibliographie :

“ Le comte de Paris, duc de France, et ses ancêtres ” de Philippe de Montjouvent. Editions du Chaney. 2000.

“ Le comte de Paris et sa descendance ” de Philippe de Montjouvent. Editions du Chaney. 1998.

“ Mon album de famille ” de Henri, comte de paris et Michel de Grèce. Editions Perrin.1996.