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GéMagazine n°199 : Françoise Sagan

Décembre 2000

"L'espiègle Lili".

C'est ainsi que Jean-Paul Sartre appelait Françoise Sagan parce qu'il disait qu'elle avait toujours des projets fous. Françoise Quoirez dite Françoise Sagan est née le 21 juin 1935 à Cajarc dans le Lot; elle prit le pseudonyme de Sagan du nom de la princesse dans "La recherche du temps perdu" de Marcel Proust, son auteur préféré.

Françoise Sagan a publié plus de vingt romans et pièces, réalisé deux films et nombre d'adaptations pour la télévision; elle a été chantée par Juliette Gréco et Mouloudji, sur une musique de Michel Magne. Françoise Sagan a dit: "je sais ce que c'est d'être un arbre avec une nouvelle branche, c'est d'avoir un enfant".

 

L'arbre d'ascendance.

L'arbre, représentation classique d'une généalogie, est ici l'arbre d'ascendance de Françoise Sagan. Elle compte parmi ses ancêtres des origines dans le Nord-Pas-de-Calais, en Alsace, et dans la région Midi-Pyrénées. La branche paternelle est localisée dans la partie Nord de la France, la branche maternelle dans la partie Sud. A la septième génération, apparaît une ascendance belge avec le couple Dupont-Vraiwig. Plus en amont dans cette ascendance, on découvre, du côté paternel, un certain Antoine Garaud (n°292), baptisé le 27 juillet 1709 à Vieillevigne en Haute-Garonne - région Midi-Pyrénées - couvreur de son état, qui, enrôlé le premier mai 1738 au régiment de Piémont sous le nom d'Antoine Larose, était en fait le fils illégitime de Marc Antoine de Garaud, seigneur de Vieillevigne, et de Marie Lanta, ce qui laisserait à penser que Françoise Sagan a une origine noble.

 

Une nouvelle branche.

Après une enfance dorée, un père industriel, Françoise Sagan a reçu une éducation bourgeoise. Elle fit d'ailleurs ses études aux couvents des Oiseaux et du Sacré-Cœur à Paris. Avec "Bonjour Tristesse" paru en 1954, l'année de ses dix-neuf ans, elle symbolise toute une jeunesse.

Du signe du gémeaux, Françoise Sagan est née un 21 juin comme Jean-Paul Sartre. Elle épousa le 13 mars 1958 à Paris 17ème Guy Schœller, de vingt ans son aîné, éditeur, qui a traduit de l'anglais le Dictionnaire du Comportement animal paru en 1990, et qui devint Directeur de collection du Grand Quid Illustré. Le mariage fut dissous dès 1960. Elle épousa en secondes noces à Barneville, dans le Calvados, un sculpteur américain, Robert James dit Bob Westhoff. Cette seconde union fut suivie par la naissance d'un petit garçon prénommé Denis.

 

De l'arrondissement de Valenciennes.

L'ancêtre le plus lointain connu en ligne directe est Antoine Quoirez alias Quarez [Quarrez, Quoirès] (n°256), connu à Raismes - département du Nord, arrondissement de Valenciennes, canton de Saint-Amand-les-Eaux - dès le milieu du XVIIème siècle. Philippe Quoirez (n°128) vit le jour le 21 avril 1698 à Raismes. C'est à Beuvrages - département du Nord, arrondissement et canton de Valenciennes - qu'il se maria le 26 mai 1722 avec Marie Joseph Lesens, fille de Jean Lesens et de Martine Mennepveu; il est qualifié alors de censier, c'est-à-dire un paysan soumis au cens. Veuf, il se remaria à Raismes le 28 juin 1729 avec Catherine Baudrain (n°129). Cette dernière était née à Raismes le 5 février 1705. Leur union dura tout juste onze ans; Philippe Quoirez (n°128) décéda à Beuvrages le 24 juillet 1740 âgé de 42 ans. Catherine Baudrain, alias Baudrin (n°129) épousa en secondes noces Jean Rufin, fils de Pierre Rufin et de Marie Jeanne Hourdequin, légumier de son état, et natif de Anzin - département du Nord, arrondissement et canton de Valenciennes - ; c'est ainsi qu'elle décéda à Anzin le 25 mai 1774 âgée de 69 ans.

Ambroise Quoirez (n°64) exerça la même profession que son beau-père, légumier. Il a vu le jour le 22 mai 1739 à Beuvrages, quelques mois seulement avant la mort de son père. C'est à Anzin où sa mère s'est installée avec son second mari, qu'il épousa le 16 juillet 1765 Marie Marguerite Dupont (n°65), née à Wasmes en Belgique. Il s'éteignit à l'âge de 73 ans le 24 juin 1812 et fut inhumé à Anzin.

Leur fils, Augustin Joseph Quoirez (n°32), mineur de son état s'installa à Valenciennes.

 

Mineur aux mines d'Arras.

C'est à la sixième génération que la mine fait son apparition dans cette ascendance. Augustin Joseph Quoirez (n°32) et Charles Bia (n°36) sont en effet tous deux mineurs.

Augustin Joseph Quoirez (n°32) est né à Anzin le 27 août 1774. Veuf de Marie Philippine Duez morte à Valenciennes le 25 février 1812, il épousa dès le 14 mars suivant à Anzin Augustine Franck (n°33), fille de Mathieu Franck, alias Franc (n°66) et de Marie Delattre (n°67), née le 19 décembre 1780 à Anzin. Ce second mariage dura à peine plus de deux ans; Augustin Joseph Quoirez (n°32) disparut le 23 juillet 1814, il n'avait pas 40 ans. Son épouse le suivit dans la mort le 14 mars 1846 à l'âge de 65 ans. Ces deux décès eurent lieu à Valenciennes.

A la cinquième génération, Célestin Quoirez (n°16) et Hubert Bia (n°18) travaillent tous deux à la mine, l'un est mineur aux mines d'Arras, l'autre est chef porion. C'est à la quatrième génération que nous trouvons un ingénieur aux mines en la personne de Théophile Quoirez (n°8).

 

Les Carrez de Rumilly-en-Cambrésis à Monchy-le-Preux.

Célestin Quoirez (n°16) a épousé une demoiselle Carrez, alias Carré ou Quarré. Catherine Carrez (n°17) était dentellière à Monchy-le-Preux, dans le Pas-de-Calais. Son père, Luc François Carrez (n°34) y était né le 18 octobre 1766, s'y est marié le 24 floréal an 09, correspondant au 14 mai 1801 avec une payse de douze ans sa cadette, Agnès Joseph Fiévet (n°35), et s'y éteignit le 17 octobre 1832, soit un jour avant de fêter son 66ème anniversaire.

François Joseph Carrez (n°68), le grand-père, lui était de Noyelles-sur-Escaut - département du Nord, arrondissement de Cambrai, canton de Marcoing - ; il y fut baptisé le premier décembre 1732. Par contre son épouse, Jeanne Agnès Lefebvre (n°69) était de Monchy-le-Preux. C'est à l'époque de cette union que la famille Carrez s'installa dans le Pas-de-Calais.

Mais c'est bien à Noyelles-sur-Escaut que se trouve la famille Carrez au tout début du XVIIème siècle. Jean Charles Carrez (n°136) y a vu le jour le 4 mai 1706, sa promise, Marie Elisabeth Limonier (n°137), le 8 juillet 1707. A la génération qui précéda, il en fut de même de Jean François Carrez (n°272) et de Catherine Flament (n°273), mais aussi de Guillaume Limonier (n°274) et de Jeanne Marguerite Gransart (n°275), nés respectivement les 23 novembre 1685, 6 septembre 1680, 27 octobre 1670 et 28 février 1672. Si les actes de la vie courante des Flament, des Limonier et des Gransart figurent dans les registres paroissiaux de Noyelles-sur-Escaut, à l'exception du mariage de Nicolas Limonier (n°548) et de Françoise Godefroy (n°549), c'est dans la paroisse Saint Nicolas de Cambrai que fut baptisé le 20 mai 1651 Jean Carrez (n°544). Ses parents, Arnould Carrez (n°1088) et Péronne Lanselle (n°1089) s'étaient mariés par contrat le premier mai 1648 passé devant maître Lengran, notaire à Cambrai. Le futur, veuf de Jeanne Noirmand avec deux enfants, originaire de Rumilly-en-Cambrésis, était le fils de Nicolas Carrez (n°2176) et de Marie Dautricourt (n°2177).

 

Théophile Quoirez et Dolimie Bia, cousins éloignés.

Nicolas Baudrain (n°516) s'éteignit le 8 février 1700 à Raismes, âgé de 71 ans. Son épouse Marie Flamen (n°517) le suivit dans la mort le 10 novembre 1702; elle était âgée de 75 ans. En fait ces deux personnages apparaissent deux fois dans cette ascendance, tout comme Philippe Froissart (n°518) et Marie Géry (n°519), unis à Raismes le 6 novembre 1667.

Nicolas Baudrain (n°516) et Marie Flamen (n°517) ont eu au moins un fils, Jean Baudrain (n°258). Né à Raismes le 13 septembre 1665, il y décéda le 23 janvier 1732 âgé de 67 ans en laissant une veuve, Marie Catherine Froissart (n°259), née et décédée au même lieu, les 29 janvier 1670 et 9 octobre 1746 (76 ans), et qu'il avait épousé le 17 septembre 1699.

Jean Baudrain (n°258) et Marie Catherine Froissart (n°259) ont eu au moins deux enfants: 1° une fille, Catherine Baudrain (n°129) qui fut l'épouse de Philippe Quoirez (n°128); et 2° un garçon, Nicolas Baudrain qui porte le numéro 156 dans l'ascendance de Françoise Sagan.

Nicolas Baudrain (n°156), manouvrier, puis ouvrier en bois, fut baptisé à Raismes le 31 janvier 1712. Sa descendance se continue avec son fils, Jacques Joseph Baudrain (n°78), journalier, époux de Marie Sainte Joseph Pochart (n°79), puis par sa petite-fille, Augustine Lydie Baudrain (n°39), baptisée en l'église de Raismes le 9 novembre 1788 et qui s'allia avec Jean Louis Bouy (n°38). Trois générations plus tard, Théophile Quoirez (n°8) et Dolimie Bia (n°9) s'uniront.

C'est ainsi que Jean Baudrain porte les numéros 258 et 312, Marie Catherine Froissart, 259 et 313, et que l'on a attribué à Nicolas Baudrain, Marie Flamen, Philippe Froissart et Marie Géry deux numéros puisqu'ils apparaissent à deux reprises dans cette ascendance, soit les numéros 516/624, 517/625, 518/626 et 519/627.

 

Une fille abusée et abandonnée.

Marie Barbe Taisnier (n°293) née le 3 septembre 1711 à Aulnoy-les-Valenciennes. Elle donna naissance à un petit Charles Joseph Larose (n°146) qui sera dit plus tard Lantin. C'est le curé d'Aulnoy-les-Valenciennes qui baptisa l'enfant le 23 janvier 1738. Le curé précise que cela fait vingt sept ans qu'il est curé de la paroisse, et que c'est la première fois qu'il baptise un enfant illégitime. Il a d'ailleurs précisé que le père de l'enfant est un soldat, du régiment de Piémont et appelé La Rose; ce dernier était en garnison à Valenciennes, mais absent à la naissance de l'enfant; il semblerait qu'après avoir fait des promesses de mariage à Marie Barbe Taisnier, il aurait abusé d'elle et aurait disparu. Celle-ci est fille de Jacques Taisnier (n°586) et de Marie Marguerite Mortier (n°587), et la petite-fille de Charles Taisnier (n°1172) et de Antoinette Sohier (n°1173).

Le père de l'enfant en question est probablement Antoine Garaud baptisé à Vieillevigne en Haute-Garonne, qui s'enrôla le premier mai 1738 au régiment de Piémont sous le nom de Antoine Larose, comme fils de Antoine Larose et de Marie Lantun. Il pourrait toutefois s'agir du fils illégitime de Marc Antoine de Garaud, seigneur de Vieillevigne, et de Marie Lanta.

Charles Joseph Larose fut dit Lantin et repris ainsi le nom de sa grand-mère paternelle, Lantun ou Lanta. Celui-ci décéda à Anzin le 29 frimaire an 08, soit le 20 décembre 1799; il avait épousé le 11 mai 1756 à Anzin Jeanne Catherine Joseph Jandrau alias Drau d'où une fille Joachine Larose (n°73) baptisée à Anzin le 8 janvier 1761. Cette dernière épousa à Anzin le 8 janvier 1781 Hubert Bia (n°72) dont Charles Bia (n°36), ouvrier mineur aux mines d'Anzin.

 

De la Mine aux Lettres.

Dans toutes ses histoires, Françoise Sagan a dépeint des oisifs noceurs; elle a toutefois abordé les corons du Nord dans "Chien couchant" se rapprochant ainsi de ses ancêtres paternels, mineurs à Valenciennes, à Arras et à Anzin. La mine qui permettra à Théophile Quoirez (n°8) de devenir ingénieur, voie qui sera ouverte pour ses descendants et qui termineront directeur d'entreprise, administrateur et industriel.

Adolphe Degrand (n°20) est valet de chambre à Paris lorsqu'il s'éteint; il a 29 ans. Fils d'un jardinier, il est venu s'établir à Paris avec son épouse. La capitale en ce milieu du XIXème siècle est bien insalubre.

L'ascendance maternelle de Françoise Sagan compte entre autres des familles de cultivateurs et de laboureurs. Pierre Laubard (n°24) est cultivateur, son père, Jacques Laubard (n°48) est laboureur. Jean Antoine Calmettes (n°26) est né à Martiel dans l'Aveyron. Il est fils de cultivateurs, et sera lui-même cultivateur à Larnagol dans le Lot, commune où il fondera un foyer avec Marie Julie Garrigues (n°27), jeune fille de Calvignac, et fille d'un propriétaire.

Le notariat est représenté avec la famille Duffour. Claude Antoine Duffour (n°28), notaire et fils de notaire, épousa la fille d'un juge de paix, Joséphine Elisabeth Mazars (n°29). Quant à la famille Andral, elle possède des terres à Gramat, choisira la fabrication de chandelles, et s'alliera à la famille Duffour.

Pour ces familles, l'espérance de vie est passée de 58 ans à 81 ans en quatre générations, une progression, si elle fut lente à s'amorcer, qui fit gagner dix années de la quatrième à la troisième génération, de même de la troisième à la seconde.

 

Bibliographie:

"Ils ont des racines en Nord Françoise SAGAN" par Jean DOFFE.

"A la découverte de leurs racines" de Joseph Valynseele et Denis Grando. Seconde série. ICC 1994.

"Réponses" Françoise Sagan. Editeur Jean-Jacques Pauvert. 1974 (ouvrage composé de morceaux choisis parmi les multiples entretiens que Françoise Sagan a accordés depuis 1954.

"Répliques" Françoise Sagan. Quai Voltaire, Edima, Paris, 1992.

"bonjour Sagan" de Bertrand Poirot-Delpech. Editions Herscher, 1985.