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GéMagazine n°198 : Louis Blériot

Novembre 2000

Constructeur et aviateur - "Le premier a avoir traversé la Manche"

L'aéronautique a vu le jour grâce aux frères Montgolfier en 1783. Depuis plus de deux cents ans, les hommes se sont livrés à des exploits étonnants. L'aviation a connu une série d'entreprises originales de personnages de génie qui devaient tout faire par eux-mêmes: concevoir, fabriquer et piloter.

Louis Blériot, ingénieur de l'Ecole centrale, construisit et essaya lui-même ses appareils . Célèbre pour les nombreux échecs rencontrés, pour l'argent tiré de sa propre poche et englouti dans l'étude de nombreux appareils qui s'écrasèrent, se brisèrent ou ne décollèrent jamais, Louis Blériot persista et fut le premier homme qui s'envola d'un continent pour prendre pied sur un autre. En 1913, Louis Blériot vendait toujours son type XI (monoplan) avec lequel il s'était envolé des côtes de France vers les côtes anglaises, à 100 mètres d'altitude, et a traversé la Manche le 25 juillet 1909. Né Louis Charles Joseph Blériot, il s'est éteint à peine quatre mois après son père, il venait tout juste de fêter son 64ème anniversaire. 

 

Les origines de l'aviateur.

Louis Charles Joseph Blériot (n°1) a des origines picardes, artésiennes et belges. Toutes les familles étudiées ont toutefois convergées vers un même lieu Cambrai où il naquit le 1er juillet 1872. Cambrai comptait de nombreuses industries textiles, mais aussi alimentaires, notamment la confiserie avec les bêtises de Cambrai. Les ascendants, ou plus, la parentèle de Louis Charles Blériot (n°1) ont travaillé dans cette industrie textile durant plusieurs générations, pour aborder avec Louis Charles Pierre Alexandre Blériot (n°2), son père, l'industrie alimentaire avec une fabrique de sucre à Walincourt.

 

La famille Blériot de Pontru en Picardie.

La famille Blériot est connue depuis un certain Henry Blériot (n°128), natif de Pontru (canton de Vermand, arrondissement de Saint-Quentin, Aisne) et qui s'installe par son mariage célébré le 20 juin 1686 à Le Verguier (Aisne). Marié avec Jeanne Debry (n°129), alias Bry, il est décédé à Le Verguier le 11 février 1729, âgé de soixante ans. Son épouse, Jeanne Debry (n°129), lui survécut quatorze années et s'éteignit le 22 novembre 1743 âgée de soixante treize ans. Elle lui avait donné au moins trois enfants : 1° Marie Blériot qui épousa à Le Verguier le 9 décembre 1744 Charles Antoine Soyeux ; 2° Anne Blériot mariée au même lieu le 1er juin 1745 avec Pierre Rogé ; et 3° Henry Blériot (n°64).

Henry Blériot (n°64) était né dans les années 1687. Il fut inhumé à Le Verguier le 9 mai 1747 et était âgé d'environ soixante ans. Son épouse Marguerite portait aussi le patronyme Blériot; elle était la fille de François Blériot (n°130) et de Marguerite Devermand (n°131) et avait vu le jour le 2 octobre 1692 à Le Verguier - aucune parenté n'a été trouvéé à ce jour - . Deux filles atteignirent l'âge adulte et épousèrent, la première, Marie Madeleine Blériot, un mulquinier de Nauroy (Aisne), Léonard Trouvé, la seconde, Marie Jeanne Blériot, un marchand fripier, Alexis Mauguin. Un garçon, toutefois, prénommé François, était né le 4 décembre 1720. Ce même François Blériot (n°32) épousa une payse, Marie Madeleine Dijon (n°33), alias Dion, fille de Pierre Dijon (n°66) et de Catherine Lelong (n°67).

 

Le Verguier: paroisse des Dijon et des Marlin.

La famille de François Blériot (n°32) était installée à Le Verguier depuis deux générations lorsqu'il s'allia avec Marie-Madeleine Dijon (n°33) dont la famille paternelle était aussi originaire de Pontru en Picardie. Son grand-père paternel, Pierre Dijon (n°130) est dit natif de Pontru à son mariage célébré à Le Verguier le 27 janvier 1686 avec Catherine Lelong (n°131). Leurs cinq enfants sont nés ou se sont mariés à Le Verguier, c'est ainsi qu'Antoine Dijon (n°66) y épousa le 26 septembre 1719 Marie Anne Marlin (n°67).

Marguerite Gravet (n°135) laissa son époux prématurément le 12 novembre 1700 ; seul avec six enfants dont la dernière née était âgée de quelques mois seulement puisque née au mois de février de la même année. Pierre Marlin (n°134) quitta ce monde le 13 novembre 1770. Les alliances des familles Dijon et Marlin se sont organisées avec des familles de Le Verguier, les Cornail, les Leroy, les Dumez, les Lesage et  les Odiot. Il existe d'ailleurs plusieurs alliances Marlin-Lesage et Marlin-Dijon.

 

Une origine artésienne.

Pierre Candelier (n°24) et Pétronille Mollet (n°25) se sont mariés dans les années 1766 à Graincourt-les Havrincourt (canton de Marquion, arrondissement d'Arras, Pas-de-Calais). Cette commune fut le théâtre des événements de la vie de ces familles durant au moins deux générations. Cultivateurs à Graincourt, le déplacement et l'installation à Cambrai se firent dans la première moitié du XIXème siècle. Pierre Joseph Candeliez (n°6) ouvrit une épicerie après son premier mariage célébré le 7 octobre 1839 avec Sylvie Adélaïde Moraux, fille de Jean-Baptiste Moraux et de Rose Marie Caroline Crassier. Après la naissance de trois enfants, la tristesse de voir s'éteindre ceux-ci, Sylvie Adélaïde Moraux mourut en 1843. Veuf, il épousa en secondes noces en 1849 une fille de Briastre (canton de Solesmes, arrondissement de Cambrai, Nord), Césarine Isabelle Lengrand (n°7). Elle lui donna trois autres enfants dont Clémence Marie Eugénie Candeliez (n°3), mère de Louis Charles Joseph Blériot.

Des deux frères de Clémence Marie Eugénie Candeliez (n°3), Charles Joseph César Candeliez laissa le commerce du textile pour celui de la fabrication de sucre, et Ange Louis Jules Candeliez, fut notaire à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).

 

Une famille de mulquiniers.

François Blériot (n°32) et Marie Madeleine Dijon (n°33)  eurent au moins deux enfants: 1° Louis Joseph Blériot (n°16) ; et 2° Marie Madeleine Blériot mariée avec un mulquinier, Jean-Louis Gravet. Louis Joseph Blériot (n°16) était mulquinier à Le Verguier. Le mulquinier est un fabricant de toiles ouvrées très fines, comme les baptistes et les dentelles ; ce mot ne s'emploie que dans le Nord. La famille Blériot s'installe à Cambrai avec Côme Louis Blériot (n°8), et ce en 1821. Localisé en 1814 à Le Verguier, Louis Côme Blériot (n°8), est domicilié à Sains (canton de Sains-Richaumont, arrondissement de Vervins, Aisne) de 1815 à 1817, puis à Guise (canton de Guise, arrondissement de Vervins, Aisne) de 1818 à 1821 où il est mentionné comme commerçant en coton, puis fabricant, puis négociant, et pour finir marchand de toiles. C'est donc en 1821 qu'il emménage au n°74 de la rue de l'arbre à poires à Cambrai. Il fera ensuite l'acquisition d'une maison "avec porte cochère, cour, jardin et très belle cave" le 10 février 1832 au n°2 de la rue des Chanoines par un acte de vente par Mademoiselle Sophie Joseph Parel.

 

Une grande famille.

Côme Louis Blériot (n°8) et Marie Alexandrine Legrand (n°9) ont eu neuf enfants nés de 1814 à 1828, soit à Le Verguier, soit à Sains, soit à Guise. Côme Louis Joseph Blériot (n°4) est le premier né. Deux filles sont ensuite nées à Sains, Marie Alexandrine Joseph Blériot née en décembre 1815, Henriette Albertine Blériot née en juin 1817. La première épousa le 17 juin 1835 à Cambrai Jean-François Basquin, un négociant à Inchy en Cambrésis (canton de Le Cateau, arrondissement de Cambrai, Nord) ; le mariage de la seconde fut célébré le 8 juillet 1840 à Cambrai avec Auguste Legrand, négociant à Paris en 1862, puis à Cambrai en 1888, dont la descendance est connue.

Quatre garçons et deux filles ont suivi : 1° Jean Charles Auguste Blériot dont descendance; 2° Louis Emile Blériot dont descendance; 3° Eugène Alexandre Blériot né et décédé en 1821; 4° Louis Achille Blériot décédé le 18 juillet 1895 à Cambrai ; 5° Marie Hortense Zoé Blériot restée célibataire ; et 6° Flore Marie Blériot décédée le 20 novembre 1890 à Cambrai.

 

Emigration aux Etats-Unis et au Canada.

Les représentants de la famille Blériot ont évolué dans un milieu textile, de mulquinier à fabricant de coton, le père de notre cujus, Louis Charles Pierre Alexandre Blériot (n°2) fut fabricant de sucre à Walincourt (canton de Clary, arrondissement de Cambrai, Nord). Né le 23 juin 1845 à Cambrai, il y épousa le 12 octobre 1871 Marie Eugénie Candeliez (n°3). Leur mariage fut fécond; cinq enfants sont nés de 1872 à 1885 à Cambrai. Trois garçons et deux filles: Louis Charles Joseph Blériot (n°1) qui devint aviateur, Marthe Stéphanie Marie Blériot, décédée à l'âge de 24 ans, Marguerite Madeleine Marie Blériot partie se fixer aux Etats-Unis, André Albert Marie-Joseph Blériot et Michel Louis Marie-Joseph Blériot, tous deux partis au Canada pour y faire de l'élevage.

Louis Charles Louis Blériot (n°1) eut six enfants, trois garçons, Marcel, Jean et Louis, et trois filles, Simone qui épousa André Rubel, Geneviève, femme de Jean Lassalle, et Nelly Charlotte épouse de Albert Paul Sirot.

 

Un mariage entre cousins.

Henriette Albertine Blériot, fille de Côme Louis Blériot (n°8) et de Marie Alexandrine Legrand (n°9), et soeur de Côme Louis Joseph Blériot (n°4), épousa à Cambrai le 8 juillet 1840 Auguste Legrand, lui-même fils de Auguste Legrand et de Marie Joseph Tuboise, d'où deux filles: 1° Jenny Albertine Zoé Legrand qui épousa François Meunié ; et 2° Albertine Flore Legrand qui épousa le 25 mars 1879 à Cambrai son cousin germain, Auguste Louis Alexandre Blériot, fils de Jean Charles Auguste Blériot et de Albertine Geneviève Legrand, petit-fils du côté paternel de Côme Louis Blériot (n°8) et de Marie Alexandrine Legrand (n°9), et du côté maternel de Auguste Legrand et de Marie Joseph Tuboise ; une union entre cousins tant du côté paternel que du côté maternel.

 

Emigration vers le Chili.

Louis Emile Blériot, grand-oncle de Louis Charles Blériot (n°1) né le 12 décembre 1819 à Guise, était fabricant de baptistes en 1855 à Cambrai. Il y avait épousé le 29 mars 1855 Sophie Céleste Bottin, fille de Jean-Baptiste Bottin et de Sophie Saint-Aubert qui lui donné sept enfants, quatre garçons et trois filles. L'aîné des garçons, Charles Blériot, émigra au Chili après son mariage avec Odette Deblock dont il eut une descendance ; né à Cambrai le 13 août 1860, il s'éteignit le 16 octobre 1917. Les deux filles aînées, Emilie Céleste Blériot née le 22 mai 1857 et Zoé Léonie Blériot née le 8 mars 1859 s'éteignirent toutes deux célibataires, la première dans sa quatrième année, la seconde, âgée de 49 ans. La troisième des filles, Céleste Henriette Blériot, née le 7 décembre 1861, fut l'épouse de Félix Bouillon. Les trois derniers, Auguste Charles Blériot, Jules Alexandre Blériot, et Emile Célestin Blériot, nés à Cambrai, décédèrent le premier et le troisième à Paris, respectivement en 1885 et 1938, le deuxième à Melun en 1953.

 

Bibliographie:

"Il y a 90 ans, Louis Blériot" article de M. Leveugle, J. Doffe et G. Meuheussler. Bulletin interne du Groupe des Généalogistes Amateurs du Cambraisis FARDA n°21 (1999-3) pages 14 et 15.

"Généalogie de la famille Blériot" article de M. Leveugle, J. Doffe et G. Meuheussler. Bulletin interne du Groupe des Généalogistes Amateurs du Cambraisis FARDA n°21 (1999-3) pages 16 et 17.