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GéMagazine n°192 : Yvonne de Gaulle

Avril 2000

Dans la biographie consacrée à Yvonne de Gaulle, Geneviève Moll prend pour cadre La Boisserie, comme point de repère, la mort du général de Gaulle, et à compter de ce triste événement remonte le temps et retrace, parallélement à la chronique politique, la vie intime de ce couple légendaire. Cette année nous fétons le centenaire de sa naissance; après avoir fait la Une à son décès en 1979, redécouvrons aujourd'hui cette femme discrète, bourgeoise de Calais, dont les origines sont européennes.

 

Des Pays-Bas à la Bourgogne.

C'est à Calais, dans la maison de sa grand-mère paternelle que naît Yvonne Vendroux le 22 mai 1900. Elle est la deuxième fille de Jacques Philippe Vendroux (n°2), notable de Calais. Si l'on en croit la tradition familiale, le nom de famille Vendroux serait la francisation de Van Droog. Cette famille Van Droog est connue depuis Paulus Albrecht Van Droog né à Delft - Pays-bas - vers 1620, ville connue pour ses faïences. De son épouse Claaz Van Buyten est né au moins Michel Van Droog, qui fut producteur et négociant en tabacs. Cette famille des Flandres s'est réfugiée à Ménétreuil - Saône-et-Loire - en Bourgogne. La tradition n'a pas été confirmée. L'ascendance prouvée débute donc avec Jean Baptiste Vendroux (n°32)) né vers 1727, qui épousa le 9 avril 1763 à Dunkerque (Nord) Marie Françoise Jossaër (n°33), native de Dunkerque. Elle y a vu le jour le 19 mai 1743. Jean Baptiste Vendroux (n°32) est décédé âgé de 59 ans le 3 juin 1786 à Dunkerque; il était veuf depuis le 9 juin 1783. Directeur de la poste aux lettres à Dunkerque, le père de son épouse, Marcel Jossaër (n°66), y est négociant. Jean Baptiste Vendroux(n°32) est dit au baptême de son fils célébré le 7 octobre 1766 "natif de Minnetreuil en Bourgogne", ce qui nous renvoie à la famille Van Droog réfugiée à Ménétreuil. Un déplacement géographique pour la famille Vendroux qui de Ménétreuil, s'est installée à Calais, tout en ayant fait un passage à Dunkerque.

 

Les Caffieri, de Rome à Paris, et de Paris à Calais.

La famille Vendroux a des ascendants italiens de Rome. Suzanne Antoinette Caffieri (n°35) est née le 2 juillet 1743 à Calais où son père, Charles Martin Caffieri (n°70), était directeur des Postes dans cette ville. Elle y a épousé le 20 juin 1769 Jacques Leveux (n°34) - les Leveux, une famille originaire de Boulogne sur Mer, où Jacques Leveux (n°272) a vu le jour dans les années 1635; la famille s'est installée à Calais dès le début du XVIIIème siècle. C'est en effet à Calais que fut célébré le 28 février 1715 le mariage entre Jacques Leveux (n°136), receveur principal au port de Calais des droits du duc de Penthièvre, et amiral de France, et Marguerite de Hautefeuille, native de Calais.

Charles Martin Caffieri (n°70) fut baptisé à Notre Dame de Chaage, paroisse de la ville de Meaux, en Seine-et-Marne, le 10 janvier 1712; il vint à Calais comme directeur des postes. Son épouse, Suzanne Antoinette Pirou (n°71), était de la paroisse Saint Sulpice à Paris. Charles Martin Caffieri (n°70) a pris la suite de son père comme directeur des postes à Paris, Philippe Caffieri (n°140), après son décès survenu le 12 avril 1734. La famille Caffieri s'était installée à Paris, sur la paroisse Saint Hippolyte, lors du mariage de Philippe Caffieri (n°140) et Françoise Renault de Beauvallon (n°141). Qualifié de bourgeois de Paris, Philippe Caffieri (n°140) était né à Rome le 17 décembre 1634; il se fit connaître comme sculpteur ordinaire des bâtiments du roi. De nombreux Caffieri figurent dans le Dictionnaire de Emmanuel Bénézit consacrés aux peintres, sculpteurs, etc.

 

Les Giovanelli, au service de la famille de Lorraine.

Henri Giovanelli et Louise Ursule Loesch apparaissent deux fois à la cinquième génération, et portent ainsi pour le premier, les numéros 20 et 26, et pour la seconde les numéros 21 et 27. Edmond Giovanelli (n°10) et Rosalie Giovanelli (n°13) sont frère et soeur. Rosalie est plus âgée; elle est née aux Pays-Bas. Edmond est né dans le département du Nord de la France. Bien que Henri Giovanelli (n°20) ait vu le jour à Bruxelles en Belgique, et Louise Ursule Loesch (n°21), à Colmar - Haut-Rhin - leur mariage fut célébré le 16 novembre 1807 à Spire en Allemagne où il était en poste dans les douanes françaises. Louise Ursule Loesch était veuve en premières noces de Marie Joseph Sadoul, contrôleur de l'octroi de la navigation du Rhin. Henri Giovanelli fut fait chevalier de la Légion d'honneur le premier août 1815, et reçut des lettres de naturalité le 6 juin 1821. Veuf le 8 octobre 1845, avec sept enfants, Henri Giovanelli épousa en secondes noces le 28 octobre 1846 à Charleville Augustine Clémentine Grem, dite Grem de Cléry. Cette dernière lui donna une petite fille, Isabelle Giovanelli. Il s'éteignit un peu plus de deux ans plus tard, le 2 janvier 1849 à Charleville.

Charles Alexandre Giovanelli (n°40 et n°52), huissier de la cour du gouvernement des Pays-bas, a vu le jour le 8 novembre 1752 dans la paroisse Sainte Gudule à Bruxelles; il y décéda le 11 mars 1787. Son père, Jean Giovanelli (n°80) était au service du prince Charles Alexandre de Lorraine (1712-1780). Natif de Lunéville - Meurthe-et-Moselle - où il poussa son premier cri le 27 juillet 1713, sa famille était en fait de Rome où elle est installée à la fin du XVIIème siècle. C'est en se mettant au service de Léopold, duc de Lorraine et de Bar (1679-1729), que François Giovanelli (n°160) opte pour une résidence à Lunéville.

 

Des origines poitevines.

Les origines lointaines de la famille Corneau se situent en Poitou. L'ascendance remonte à Laurent Corneau (n°448), qui se trouve qualifié de Marchand en 1671, et de notaire à Oyré, dans la Vienne, en 1684. Son mariage fut célébré à Châtellerault avec Hilaire Degenne (n°449); celle-ci lui donna neuf enfants dont Louis, surnommé Lépine Corneau (n°224). Né à Oyré comme tous ses frères et soeurs, il exerça la profession de boulanger, et ce à Oyré, où son épouse, Marie Charasse alias Charasay (n°225), donna naissance à trois garçons et une fille. Leur aîné, Louis Corneau (n°112) naquit le 2 juin 1704. Il est employé dans les gabelles à Senillé, près de Châtellerault, en 1749, année de la naissance de son fils, Jean Pierre Corneau (n°56), qu'il eut de Elisabeth Bertau (n°113). L'enfant fut baptisé dans la paroisse Saint-André de Senillé le 22 février 1749. C'est comme compagnon serrurier que nous le trouvons à Lille, dans le Nord, au moment de son mariage célébré le 14 juin 1784 avec Isabelle Dhin (n°57). Le mariage eut lieu dans la paroisse Sainte-Catherine, dans cette église où fut baptisée la future le 29 juin 1751. Dentellière, elle est la fille de Pierre Joseph Dhin (n°114 - 1728-1767) et d'Albertine Joseph Le Roy (n°115) qui assiste à leur union en 1784. Six enfants vont suivre de 1786 à 1795, dont Louis Henri Joseph Corneau (n°28).Ce dernier épousera à Charleville, dans les Ardennes, Catherine Renaux (n°29), originaire de Bertrix qui se trouvait alors dans le Grand Duché de Luxembourg, aujourd'hui en Belgique.

 

De la région roannaise.

Marie Anne dite Emilie Barbey (n°15) a vu le jour en Sarre, plus précisément à Fraulautern. Elle est la première fille née de François Barbey (n°30), comptable de la caserne de Sarrelouis en 1822, puis brasseur à Fraulautern dès 1825. Son grand-père paternel, Joseph Barbey (n°60) fut baptisé le 2 novembre 1766 à Sainte-Colombe-sur-Gand, dans le département de la Loire. Boulanger, comme son père, à la suite de l'armée de Moselle, il épouse le 17 février 1795 à Vaudreching (Moselle) Marie Magdeleine Vilbois (n°61), native de Vaudreching, dont au moins dix enfants.

Joseph Barbey (n°60) est né du premier mariage de son père avec Marguerite Chèze (n°121), cérémonie qui eut lieu le 28 février 1764 à Sainte-Colombe-sur-Gand. Domestique, elle est la fille de François Chèze (n°242), maréchal à Sainte-Colombe, et de Marie Lafonerie (n°243). Quatre enfants vont naître de 1766 à 1772. Marguerite Chèze (n°121) est décédée le 15 juin 1777. Resté veuf avec quatre jeunes enfants, Jean Barbey (n°120) épouse en secondes noces le 17 février 1778 Jeanne Marie Fonsala, fille de Jean Fonsala et de Françoise L'Auvergnat, de la paroisse de Saint-Cyr-de-Valorges (Loire).

Jean Barbey (n°120) est le sixième né de Pierre Barbey (n°240) et de Antoinette Dufour (n°241). Leur filiation remonte à un autre Jean Barbey (n°960), qui marié avec Catherine Pinat (n°961), vivait à Saint-Just-la-Pendue, village proche de Neulise dans la Loire - arrondissement de Roanne. Leur fils, Jean Barbey (n°480) y fut baptisé le 29 octobre 1665. C'est en temps que laboureur qu'il épousa le 28 septembre 1694 Marie Montagne (n°481) dont il eut au moins deux enfants: Isabeau et Pierre qui porte le n°240 dans cette ascendance. Pierre Barbey (n°240) fut tisserand à Saint-Just-la-Pendue; il y fut baptisé le 22 mars 1702, et inhumé le 2 mars 1747.

 

Une parenté avec les frères Peyron.

Yvonne Vendroux a dans dans son ascendance une autre famille dont les origines lointaines sont localisées dans le département de la Loire. Il s'agit de la famille Peyron, originaire de Saint-Etienne, qui se déplaça dès la fin du XVIIIème siècle vers la Bretagne. De cette famille descendent les frères Peyron connus pour leurs exploits en tant que navigateur ou véliplanchiste.

Le premier ancêtre connu est Jean Baptiste Peyron (n°360), maître serrurier de son état, et qui épousa Claudine Bourlier (n°361). Le mariage de leur fils, Jean Baptiste Peyron (n°180) fut célébré à Saint-Etienne le 9 septembre 1700 avec la fille d'un voiturier, Marie Chevaleyre (n°181). Un de leurs enfants, lui aussi prénommé Jean Baptiste (n°90), devint receveur d'un grenier à sel à Carrouges, département de l'Orne. C'est dans cette ville de Carrouges qu'il s'est allié le 9 juillet 1754 avec Louise Thiraux (n°91), native de la dite ville. Sur les sept enfants nés du couple, les frères Peyron descendent d'un fils prénommé Jean Baptiste, et Yvonne Vendroux descend de Marie Peyron (n°45). Cette dernière est née à Carrouges le 26 août 1761. De la Loire, en passant par le département de l'Orne, la famille se déplace ensuite en Bretagne, restant pour un temps à Taulé puisque le mariage de Marie Peyron (n°45) et Guillaume Bonaventure Pinchon (n°44) y fut célébré en 1783; un fils, Aimable Augustin Pinchon (n°22) y naîtra d'ailleurs en 1794. Comme directeur des douanes et des contributions indirectes, il s'installe dans la ville de Brest où son épouse avait vu le jour, et où naîtra Caroline Pinchon (n°11).

 

Tableau familial.

Le shéma des origines géographiques de la cinquième génération donne 31,25% des berceaux dans la région Nord-Pas-de-Calais, 12,5% en Alsace, 12,5% en Bretagne, 12,5% en Champagne-Ardenne, et 31,5% à l'étranger. Si l'on étudie les générations qui ont précédé, apparaissent entre autre le Poitou et la région Rhône-Alpes.

Des milieux, somme toute, variés, des alliances organisées au mieux. Du côté paternel, nous relevons en ligne directe sur deux générations des fabricants de biscuits, et sur quatre générations des armateurs. L'ancêtre en ligne directe, Jean Baptiste Vendroux (n°32) est directeur de la poste aux lettres. Les alliances se sont organisées avec des familles de commerçant-négociants - les Leveux et Gamblin - , des magistrats - les Loesch - , juge de paix - Pinchon, et des employés de l'administration des douanes - Les Giovanelli et Pinchon.

Du côté maternel, les Forest sont des notaires ardennais. Tandis que Les Corneau sont devenus des industriels en fonderie, en partant d'un ancêtre lointain, maître serrurier. Bien que Marguerite Forest soit dite "sans profession", elle fut l'une des premières femmes à passer son permis de conduite automobile, elle a reçu la croix de guerre 1914-1918, et a même administré l'hôpital de Calais.

Une fécondité faible puisque elle atteint un peu plus de 3 enfants par couple à la cinquième génération, oscillant de 2 à 4, toutes générations confondues. Une espérance réduite et ne dépassant pas 82 ans. Quelques décès prématurés, Joséphine Gamblin (n°9) âgée de 27 ans, Rosalie Giovanelli (n°13), âgée de 35 ans, et Marie Angelina Pesron (n°23), âgée de 37 ans. Un tiers des décès a eu lieu avant 60 ans, la gente féminine représentant le double des décès des hommes.

 

Bibliographie:

"Yvonne de Gaulle" de Geneviève Moll. Ramsay1999.

"La parentèle de Charles et Yvonne de Gaulle" de Joseph Valynseele et Nicole Dreneau. ICC 1990.

"A la découverte de leurs racines" de Joseph Valynseele et Denis Grando. ICC 1988.

Tableaux généalogiques - Urag 5962. 1991.

"Les Peyron ou le goût de l'aventure" de Luc Antonini - Gé-magazine Février 2000.