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GéMagazine n°189 : Alexis Muston et les Vaudois

Janvier 2000

Historien et docteur en théologie.

Alexis Muston, est qualifié lors de la commémoration centenaire lue en Assemblée annuelle de la Société d'Histoire Vaudoise le 5 septembre 1910, de "créateur de l'histoire vaudoise moderne". Il est l'auteur entre autres de: "de l'origine et du nom des Vaudois", thèse historique présentée à la faculté de théologie de Strasbourg soutenue publiquement en 1834, de "La Gossen opprimée, histoire jusqu'ici inconnue des églises vaudoises du Pragela depuis les temps les plus anciens jusqu'à leur extinction", publié à Paris en 1850, de "Histoire complète des Vaudois du Piémont et de leurs colonies... suivie d'une bibliographie", paru à Paris en 1857, et surtout de "L'Israël des Alpes. Histoire des Vaudois et de leurs colonies", qui fut édité en 1851 et 1879 à Paris.

Alexis Muston a consacré sa vie à étudier l'histoire vaudoise, accumulant de nombreuses pièces manuscrites, imprimées, pour la plupart éparpillées dans les archives d'Etat de Turin, les archives de l'archevêché de Turin, les archives des vallées vaudoises, les archives à Paris, fonds qu'il a cédé en partie à la Société d'Histoire du Protestantisme Français. Certains développements de son oeuvre sont à prendre toutefois avec réserve.

 

La généalogie d'Alexis Muston est le condensé des ouvrages et manuscrits consultés aux Archives de la Table Vaudoise. Cette ascendance est ici limitée à la lignée patronymique. Une étude sur Alexis Muston a paru dans le Bulletin de la Société d'Histoire Vaudoise, étude dont est aussi inspiré cet article.

 

La France, une nouvelle patrie.

Jean Baptiste Alexis Muston  est né le 11 février 1810 à la Tour; il est le fils du pasteur Georges Muston (n°2) et de Madeleine Catherine Elisabeth Jahier (n°3).

Il étudia à Lausanne, puis à Strasbourg où il obtint ses degrés de bachelier, de licencié et de docteur en théologie. Il fit aussi des études de médecine. Suite à la publication de sa thèse traitant de l'histoire des Vaudois, l'évêque de Pignerol demanda un mandat d'arrêt puisqu'il était défendu à tout sujet piémontais de publier sans avis de la censure. Le mandat d'arrêt signé, Alexis Muston, averti par des amis, dut prendre la fuite pour ne pas être arrêté. Sa fuite le mena en France, pays qui deviendra ainsi sa nouvelle patrie. Il y passa le reste de sa vie.

Etabli d'abord à Nîmes, il obtint la naturalisation française. En 1840, il devint titulaire de la paroisse de Bourdeaux, dans la Drôme, où il épousa Clémentine de Saulces de Latour . Périodiquement, il se rendit clandestinement en Italie pour voir ses parents, et ce jusqu'à la révocation du décret d'exil en 1845. Le 6 avril 1888, il expirait laissant deux filles et un fils, Charles Muston, juge de paix à Alger, mort en 1900 sans postérité.

 

De Musset à Muston.

Le patronyme Musset se rencontre orthographié sous les formes suivantes: Mussetto, Mussettone, Musseton, et pour finir Muston. Musset  est le nom que l'on donne en patois à la musaraine.

Le berceau de la famille semble être Angrogne; la plus ancienne mention de la famille date de 1539, année où est cité "Georgii Musseti". Quelques représentants de la famille sont cités à La Tour, Saint-Jean, Luserne, Pramol, Pérouse dès le XVIIème siècle. La famille compte aussi quelques victimes qui périrent pendant les années sanglantes, des exilés, mais aussi des pasteurs.

Dans les suppléments de Jean Jalla, la famille commence avec Pierre Musset, décédé avant 1542. Georges, son fils, marié avec Marguerite, est propriétaire à Saint-Jean. Cette branche établie à Saint-Jean occupa une place importante, et donna leur nom à deux hameaux: les Mussets et les Mustons.

L'auteur de la branche d'Alexis Muston semble être un certain Jean Musset d'Angrogne. La filiation est certaine depuis Georges Muston, qui est décédé en 1630 de la peste, laissant une veuve et deux fils: Pierre et Jean.

Jean Muston (n°64) décédé avant 1661, avait épousé Susanne Bertot, qui eut au moins six enfants: Daniel Muston qui est dit décédé avant 1683; Georges Muston (n°32); Michel Muston; Anne Muston; Pierre Muston et autre Anne Muston.

Georges Muston (n°32) que l'on dit décédé en 1677 a épousé Anne Ripert de Daniel d'où sept enfants: Isaac Muston (n°16); Jean Muston, le galérien; Susanne Muston femme de Jean Benech de Daniel; Lucrèce Muston épouse de David Jalla; Barthélémy Muston né en 1680; Pierre Muston (1681-1687); et Jean Muston.

 

Un parent envoyé aux galères.

Jean Muston né en 1666, frère d'isaac Muston (n°16), chirurgien, pris au passage du Jaillon, la veille de la bataille de Salbertrand lors de la Rentrée Glorieuse. Fait prisonnier, il fut conduit à Grenoble, et condamné aux galères le 12 octobre 1689. "Il prit part, rivé à son banc de rameur sur la Hardie et sur la Grande, aux principales batailles navales des guerres de la succession d'Espagne". Libéré le 7 mars 1714, il revint dans sa famille, épousa Catherine Guieu dont il eut un petit Isaac.

 

Un père pasteur.

Georges Muston (n°2), pasteur à Bobbio, est né le 11 juillet 1777; son épouse, Madeleine Catherine Elisabeth Jahier, était la fille d'un apothicaire et chirurgien de la Tour. La famille Jahier compte plusieurs générations de pasteurs.

Sept enfants vont naître. Jean Baptiste Alexis Muston est le fils aîné. Sa naissance sera suivie de: Pauline Madeleine Elisabeth Muston (1811-1813); David Joseph Emile Muston (1812-1834; Marie Madeleine Emilie Muston (1819-1867); Daniel Barthélémy Muston; Georges Auguste Muston né en 1820; et Jean Isaac Théophile Muston (1825-1888).

 

Orphelin de mère.

La mère de Georges Muston (n°2), Marthe Odin, est décédée âgée de 24 ans, et ne donna naissance qu'à un seul enfant. Resté veuf, son père, David Muston (n°4), né en 1755, se remaria le 10 avril 1788 avec Marie Madeleine Gonin, et en eut sept enfants: Anne Muston née en 1789; Marie Anne Muston née en 1791et mariée le 23 février 1815 avec David Volle de Etienne; Barthélémy Muston (1793-1812); Susette Muston née en 1796; David Muston née en 1799 et qui sera pharmacien; Marguerite Muston née en 1804, et Joseph Isaac Muston né en 1808 qui épousa le 6 juin 1822 avec Marie Volle de Pierre.

 

Des mariages prolifiques.

Alexis Muston eut trois enfants. Lui-même fut élevé avec six frères et soeurs. Si Georges Muston (n°2) est le seul enfant né du premier mariage de son père de par le décès prématuré de sa mère, il fut éduqué avec sept demi-frères et demi-soeurs.

Georges Muston (n°8), est issu du second mariage de son père. Né en 1727, il a épousé le 18 avril 1747 Anne Geymonat, qui lui a donné au moins onze enfants: Prudence Muston (1747-1783); Marie Muston née en 1750; Isaac Muston (1752-1770); David Muston (n°4); Joseph Muston marié le 12 décembre 1780 avec Jeanne marie Jahier; autre Marie Muston (1759-1833) épouse de Paul Caffarel; Jean Muston; Anne Muston née en 1763; Marguerite Muston (1765-1766); Georges Muston né en 1766 et marié avec Susette Elisabeth Peyrot; et Isaac Muston né en 1771, époux de Marie Honorée Vertu.

 

Veuf avec quatre enfants en bas âge.

De sa seconde femme, Marie Peyrot, Isaac Muston (n°16) eut huit enfants: Jean Muston né en 1719; David Muston né en 1722 qui épousa Susanne Salvagiot; Susanne Muston née en 1724; Georges Muston (n°8); Jean Muston né en 1728; Marie Muston (1732-1816); Jean Muston né en 1736, époux de Marie Bellion; et Catherine Muston née en 1739.

Sa première femme, Madeleine Parise, épousée le 1er mars 1699, lui avait laissé quatre enfants: Georges Muston né en 1700; Antoine Muston né en 1702; Jean Muston né en 1703 et Daniel Muston (1713-1738) mari de Catherine Combe.

 

Des archives lacunaires.

Le manque de sources anciennes est le résultat des persécutions subies par les communautés vaudoises. Il faut toutefois s'informer auprès des Archives de la Table Vaudoise des sources consultables. Des inventaires sont en cours de rédaction. Des travaux d'érudits sont disponibles, et peuvent palier à certains manques. Certaines familles ont été étudiées par Jean Jalla, entre autres, les Muston d'Angrogne, les Peyrot de Saint-Jean, mais aussi les Peyrot du Pral et de la Tour, les Odin d'Angrogne, les Geymonat de Bobi. Mais seul le registre intitulé "suppléments" est consultable aujourd'hui. Il semble bien quant aux renvois figurant dans le registre qu'un certain nombre de volumes aient été rédigés, mais après bien des recherches, ceux-ci n'ont pas été retrouvés.

 

Sources:

Ancêtres Italiens. 3 rue de Turbigo 75001 Paris

Travaux généalogiques de Emmanuel BOSIO. Consultés aux Archives de la Table Vaudoise à Torre Pellice.

"Familles alliées aux Jalla - suppléments aux souvenirs de mes ancêtres" de Jean Jalla. Consulté aux Archives de la Table Vaudoise à Torre Pellice.

 

Bibliographie:

"Alexis Muston" - Jean Jalla - extrait de Bulletin de la Société d'Histoire vaudoise. n°29, année 1911. impr. Torre Pellice - Imprimerie Alpine - Auguste Coïsson.

"L'Israël des Alpes. Histoire des Vaudois et de leurs colonies". 4 tomes. Alexis Muston. Paris Librairie de Marc Ducloux. 1851. Nouvelle Edition 1879.

 "Bibliografia valdese". Augusto Armand Hugon. Giovanni Gonnet. Bollettino della Società di Studi Valdesi - Anno LXXIII -  N. 93. [Muston. A. 21, 22, 78, 486, 559, 614, 697, 748, 831-833, 861, 870, 874-879, 883, 969, 1004-1005, 1203, 1211, 1232, 1244, 1305, 1337, 1340-1342, 1360, 1375, 1493, 1494, 1540, 1607, 1608, 1813, 2056-2058, 2124, 2149, 2176, 2253, 3156, 3439-3442].

 

Remerciements:

Mademoiselle Durrleman, Marc Margarit, Michel Poët et Gabriela Lazier Ballesio.