Logo

GéMagazine n°185 : Emmanuel Chabrier

Septembre 1999

Une musique joviale et exubérante

Emmanuel Chabrier est entré dans l'administration comme employé au Ministère de l'Intérieur en 1861. En 1879, il démissionne pour se consacrer à la musique. Son oeuvre a pour sources les musiques populaires françaises et espagnoles, ce qui lui donnent une grande vitalité. On lui doit des oeuvres vocales, des mélodies isolées, des oeuvres pour piano et pour orchestre, et aussi pour le théâtre. Ses origines sont concentrées en Auvergne, dans le Puy-de-Dôme et dans l'Allier, mais aussi dans la région Rhône-Alpes, dans le département de la Loire.

 

Les origines de la famille Chabrier.

L'origine la plus lointaine de la famille Chabrier remonte à un certain Claude Chabrier (n°128) qui épousa Catherine de Marigny (n°129). Leur fils, François Chabrier (n°64), qui vivait en 1689 était seigneur de la Boutière, sur la paroisse de Saint-Priest-Bramefant, dans le Puy-de-Dôme. Ce dernier épousa la fille d'un notaire de Busset dans l'Allier, Clauda Thimbaud (n°65); leur mariage fut célébré le 15 septembre 1654 à Saint-Sylvestre-Pragoulin, dans le Puy-de-Dôme. Leur cinquième et dernier-né, Gilbert Chabrier, est qualifié de "bourgeois" de Mons près de Randan. Gilbert Chabrier (n°32) et Jeanne Bailhon (n°33) durent demander une dispense de parenté pour convoler; la cérémonie eut lieu le 28 novembre 1702 à Saint-Priest-Bramefant. Huit enfants vont naître de 1707 à 1725, tous nés à Mons. Jean Baptiste Chabrier (n°16), sixième enfant du couple, devint marchand drapier à Ambert. Il se maria à Job le 13 janvier 1750 avec Anne Vimal, elle-même fille d'un marchand drapier dans la même ville. Ils eurent dix enfants, tous nés à Ambert, et dont sept sont morts en bas âge. Trois garçons vont atteindre l'âge adulte: 1° Jean qui est à l'origine de la branche Chabrier-Fuzon; 2° Joseph qui continuera avec la branche Chabrier-Samson; et 3° Joseph qui sera religieux.

 

Deux branches Chabrier.

Trois publications ont précédées l'union Chabrier-Vimal, les premier, sixième et onzième janvier 1750. Jean Baptiste Chabrier (n°16) est dit "maître" et "marchand". Les parents de l'époux, Gilbert Chabrier (n°32) et Jeanne Bailhon (n°33), sont tous deux décédés; le premier à Mons le 13 décembre 1734, et la seconde, le 2 avril 1737 au même lieu. Gilbert Chabrier (n°32) était en son vivant "sieur des Pacourins" qui est en fait un moulin sur la commune de Mons. Les futurs sont accompagnés de Jean Chabrier, qui est alors curé de Job, d'un autre Gilbert Chabrier, qui est le frère de l'époux, et de Jacques Quinquandon, beau-frère de l'épouse par son mariage célébré le 22 novembre 1745 à Ambert avec Marianne Vimal, soeur de l'épouse, et de Benoît Vimal.

Leur premier né Jean Chabrier (n°8), au départ de la branche Chabrier-Fuzon, par son mariage célébré le 11 février 1772 à Ambert avec Marie Anne Fuzon (n°9). Il n'y eut qu'une seule publication de faite le 4 février précédent, une dispense fut accordée pour les deux autres. Il leur fallut aussi obtenir une dispense de consanguinité du 3ème au 3ème degré - cousins issus de germain - de monseigneur l'évêque de Clermont; celui-ci leur accorda le 30 décembre 1771. Quatorze enfants vont naître.

Joseph Chabrier qui a continué avec la branche Chabrier-Samson a eu neuf enfants dont Jean Anet Chabrier, né le 6 juin 1788 à Ambert, marié le 27 novembre 1810 au même lieu avec sa cousine germaine, Marguerite Chabrier (1793-1853), qui lui donna quatre enfants.

 

Devenirs.

Jean Chabrier (n°8) et Marie Anne Fuzon (n°9) ont donc eu quatorze enfants de 1772 à 1797, tous nés à Ambert. Quatre d'entre eux vont décédés très tôt: 1° Jacques Chabrier né le 29 janvier 1778 et décédé à six ans le 17 septembre 1784; 2° Claudine Chabrier née le 9 juin 1783 et décédée à un an; 3° Marie Thérèse Joséphine Chabrier née le 22 juin 1788, décédée à quinze mois le 21 septembre 1789; et 4° Julie Chabrier née le 12 mai 1794 et décédée le 10 juillet 1797 âgée de trois ans.

Deux sont morts sans avoir contracté des alliances: Joseph Claude Chabrier né le 17 juin 1775 et décédé aux armées en 1794, et Jean Baptiste Chabrier né le 25 octobre 1776 et qui est mort en Suisse en 1799 où il était horloger.

Huit ont convolé à Ambert. Marguerite Chabrier, citée plus haut, qui a épousé son cousin germain. Jean Baptiste Chabrier, fabricant de lacets, a épousé le 25 fructidor an V (soit le 11 septembre 1797) Antoinette Boucheron, d'où une seule fille. Jean Baptiste Mathieu Chabrier, allié le 22 octobre 1799 avec Anne Artaud, eut quatre filles et un garçon. Jean François Alexis Chabrier, marchand papetier, a aussi épousé une fille Artaud; prénommée Damiane, la parenté si elle existe n'est pas apparue. Ce couple éleva trois filles et un garçon. Joseph Pierre Chabrier s'installa à Montbrison, dans la Loire, comme marchand horloger. Son mariage fut célébré le 23 septembre 1806 avec Marie Magdeleine Trunel dont il eut au moins deux enfants. Jean Baptiste Chabrier, lui est né le 9 juin 1791; son mariage se déroula le 26 janvier 1813 avec Marie Anne Denize Rolhion et fut suivi par la naissance de quatre enfants. La petite dernière, Julie Souveraine Sophie Chabrier, née le 30 juillet 1797, épousa le 12 août 1817 Antoine Pacros, un avoué d'Ambert. Leur sixième-né, Claude Marie Alexis Chabrier, est l'ascendant n°4 d'Emmanuel Chabrier.

 

Des alliances bourgeoises.

Claude Marie Alexis Chabrier (n°4) commença comme avocat, puis devint juge au tribunal. La cérémonie de son mariage fut célébrée le 18 novembre 1806 avec Marguerite Gladel (n°5). Les naissances de cinq filles et trois garçons vont se succéder de 1807 à 1819. L'aînée est une petite fille, Benoîte Aglaé Chabrier, morte à deux mois et demi le 2 janvier 1808. Le père d'Emmaneul Chabrier, Jean Chabrier (n°2), vient ensuite. Quatre filles vont suivre et se marier: 1° Jeanne Marguerite Chabrier qui épousa un négociant de Clermont-Ferrand, Claude Pourrat; 2° Marguerite Olimpe Chabrier s'allia avec Jean Baptiste Alcide Perret, docteur en médecine et juge de paix de Saint-Anthème; 3° Marie Anne Chabrier, elle, a choisi un notaire de Trézioux, Joseph Foulhoux; et 4° Julie Souveraine Joséphine Chabrier, dont le mari, Damien Rimbaud, fut avocat à Ambert. Les deux derniers, deux garçons, Pierre Antoine Chabrier, qui devint percepteur à Issoire, et eut d'une demoiselle Mathias au moins deux enfants, et Jean Hypolite Louis Chabrier, mort âgé de dix-huit mois.

 

Sans descendance.

Alexis Emmanuel Chabrier est un enfant unique né d'un père avocat, Jean Chabrier (n°2), et de la fille d'un percepteur, Marie Anne Piard-Durosay (n°3). Né à Ambert, dans le Puy-de-Dôme, en 1841, il épousa sur le XIIème arrondissement de Paris, Marie Alice Dejean, fille d'un architecte, Jean Eugène Dejean. Son épouse lui donna trois garçons: 1° Marcel né à Paris le 10 novembre 1874, et décédé en 1910 à Ypres en Belgique. Célibataire, il écrivit sous le nom de Legrand-Chabrier; 2° Charles né le 24 août 1876 à Paris et mort jeune; et 3° André né le 28 avril 1879 à Paris, mort en 1914 en laissant une femme, Augustine Bonjean. Ses enfants n'eurent aucune descendance.

 

Mariage entre cousins germains.

Le 17 novembre 1778 fut passé devant maître Chassaigne, notaire royal, un contrat réglant les accords passés entre les futurs époux, Jean Baptiste Gladel (n°10) et Benoîte Laval (n°11). Leur union fut précédée d'une demande de dispense du second au second degré de consanguinité - cousins germains - qu'ils obtinrent dès le 27 octobre précédent de monseigneur l'évêque de Clermont. L'acte de mariage qui fut rédigé à cette occasion dans le registre paroissial d'Ambert donne jusqu'à trois générations successives. Nous pouvons y lire: "maître Jean Gladel, fils de maître Jacques iceluy de feu Antoine, et de demoiselle Marie Laval, icelle fille de feu sieur Jacques, marchand habitant de cette ville; avec demoiselle Benoite Laval fille de maître Jean François, iceluy de feu sieur Jacques, et lequel fut fils de feu autre François, et de feu Fleury Chabrier, et de dame Marie Ducros, icelle fille de feu sieur Jean qui furent de la Mastre en Velay". De plus en marge de l'acte, on trouve l'indication du contrat: "contrat devant maître Chassaigne, notaire royal d'Ambert, et Rigodon, notaire royal à Viverol". Dès le 25 août suivant leur est née une petite fille, Marie Louise Gladel. Son parrain, fut Jacques Gladel (n°20), son grand-père paternel, et sa marraine, Marie Ducros (n°23), sa grand-mère maternelle. Deux ans plus tard, c'est une autre fille qui voit le jour, Marie Magdeleine Gladel; née le 22 juillet 1781, elle sera baptisée le lendemain, son parrain sera, son grand-père maternel, François Laval (n°22), sa marraine, sa grand-mère paternelle, Marie Laval (n°21). Une troisième fille naquit le 23 janvier 1784, Antoinette Gladel. Du fait de la parenté existant entre ses parents, son parrain, Jacques Gladel, est à la fois, l'oncle paternel de l'enfant, mais aussi son cousin germain maternel; quant à la marraine, Antoinette Laval, qui est la fille de sieur François Laval (n°22), est à la fois, tante maternelle de l'enfant et cousine paternelle. Marguerite Gladel (n°5), grand-mère paternelle d'Emmanuel Chabrier, est leur quatrième fille.

 

Jacques Laval, ancêtre commun.

François Laval (n°22) est de la paroisse d'Ambert. Son mariage fut célébré le 12 mai 1750. Il est accompagné de son père, maître Jacques Laval (n°44), marchand à Ambert. L'épouse, Marie Ducros (n°23), a perdu son père, maître Jean Ducros (n°46) qui est dit "chirurgien". Sa mère, Françoise de Giron (n°47), l'assiste et signe "f. degirons". Comme témoin de l'époux, est cité Jacques Gladel (n°20), qui est présenté comme son beau-frère, ce qui laisse à penser que François Laval (n°22) et Marie Laval (n°21) sont frère et soeur au moins par leur père, Jacques Laval (n°44). Cette situation confirme bien que Jean Baptiste Gladel (n°10) et Benoîte Laval (n°11) sont cousins germains.

 

Cousinage.

Dans l'article cité en bibliographie, Henri Ponchon met en évidence la parenté qui existait entre Emmanuel Chabrier et le duc de Persigny. Jean Gilbert Victor Fialin (1808-1872), dit Fialin de Persigny, occupa par deux fois le ministère de l'Intérieur et obtint l'ambassade de France à Londres. Il fut créé duc par Napoléon III. La grand-mère maternelle du duc de Persigny, Agathe Defferée, et l'arrière-grand-mère maternelle d'Emmanuel Chabrier, Marie Defferée (n°13), étaient soeurs. Zacharie Deferrée (n°26), leur père, était lieutenant particulier à Changy. La première, née en 1738, épousa le 7 février 1766 à Saint-Germain-Lespinasse, dans la Loire, Claude Girard de Charbonnières, écuyer, capitaine au régiment d'Aunis. La seconde, épousa au même lieu quelques mois plus tard, le 17 juin 1766, un commissaire aux droits seigneuriaux, Jean Georges Piard-Durosay (n°12).

 

Du droit à la musique.

Emmanuel Chabrier a obtenu sa licence en droit, respectant ainsi la volonté paternelle. Ce n'est qu'en 1879, après la naissance de son troisième enfant, et alors que ses parents sont décédés depuis une dizaine d'années, qu'il décide de suivre sa vocation et de se consacrer à l'écriture musicale. Son père et son grand-père paternel étaient avocats et descendaient d'une lignée de bourgeois. La majorité de ses ascendants paternels étaient marchands, à l'exception d'un chirurgien, Jean Ducros (n°46), d'un praticien à la septième génération, Jean Bailhon (n°66), et d'un notaire à la huitième génération, Hierosme Thimbaud (n°130).

Etienne Chabrier a peut-être obtenu son poste au Ministère de l'Intérieur grâce à l'appui de son cousin, le duc de Persigny. De plus, du côté de sa mère, il descend d'un fonctionnaire de police et d'un lieutenant particulier. Son grand-père maternel était percepteur. Un de ses fils sera connu comme écrivain.

 

Sources:

Archives départementales du Puy-de-Dôme. Commune d'Ambert [2Mi.EC.3]. Commune de Job [6E.179/2]. Notariat [5E.18.DEP.221].

 

Bibliographie:

"La famille d'Emmanuel Chabrier" par Claude Pera. Article paru dans "A moi Auvergne!". Cercle généalogique et héraldique de l'Auvergne et du Velay. 17ème année. 1er trimestre 1994. n°67.