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GéMagazine n°182 : Jean Guitton

Mai 1999

Philosophe, membre de l'Académie française

Il y a quelques semaines s'éteignait Jean Guitton. Universitaire, Membre de l'Académie française élu en 1961, au fauteuil de Léon Bérard, Jean Guitton est né le 18 août 1901 à Saint-Etienne (Loire). Il fit ses études au lycée de Saint-Etienne, puis suivit les cours au lycée Louis-le-Grand à Paris. Comme ancien élève de l'Ecole normale supérieure, Agrégé de philosophie, et Docteur ès lettres, il fut successivement professeur aux lycées de Troyes, de Moulins, de Lyon, et aux facultés de Montpellier, Dijon et Paris. Son oeuvre philosophique est consacrée essentiellement à la pensée catholique. Comme peintre, il exposa, entre autres, à Rome, Bruxelles, Paris et Sofia.

Les origines géographiques des individus de la cinquième génération, ou des seize quartiers, sont réparties dans cinq régions. Pour la moitié d'entre elles, dans la région Rhône-Alpes, avec les départements de la Loire et du Rhône. L'autre moitié se partage entre l'Auvergne, le Limousin, la Bourgogne et l'Ile-de-France. A noter toutefois une origine étrangère à la septième génération, Benoît Puÿ (n°108), marchand tapissier originaire de Suisse.

 

Epiciers à Roanne.

Le plus lointain ancêtre connu est Antoine Guitton (n°64), marchand épicier à Roanne (Loire), et qui eut de son épouse, Hylaire Méridet (n°65), au moins un fils. André Antoine Guitton (n°32), né à Riorges (Loire) le 12 février 1747, exerça la même profession que son père, après avoir épousé le 5 octobre 1768 à Saint-Just-sur-Loire (Loire), la fille d'un marchand voiturier par eau, Jeanne Labarre (n°33) fille de Jean Pierre et de Anne Perrin.

C'est à Couzon (Rhône) qu'Antoine Guitton (n°16) a épousé le 17 janvier 1802 la fille d'un chirurgien major des hôpitaux de marine au départ de Cadix en Espagne, Thérèse Laure Lacombe (n°17), elle-même native de Cadix. Sa mère, Elisabeth Vincente Parra (n°35), née vers 1754, est morte à Couzon (Rhône) le 14 août 1819; elle est alors dite "épouse de Philippe Goiran, propriétaire à Couzon".

Auguste Guitton (n°8), fabricant de rubans, mais qui occupa aussi la fonction de Président de Tribunal de commerce de Saint-Etienne et d'administrateur de la succursale de la Banque de France, épousa la fille d'un fabricant de rubans de Saint-Etienne, André Simon Nicolas (n°18).

 

Descendance Guitton.

Auguste Guitton (n°8) et Jeanne Louise Nicolas (n°9) ont eu huit enfants de 1844 à 1861. Les cinq aînés sont nés à Lyon, les trois plus jeunes, à Saint-Etienne. Seule, l'aînée des filles se maria. Deux garçons, Adrien et Paul Guitton, devinrent industriels et eurent une postérité. Les cinq autres enfants rentrèrent dans les Ordres. Antoinette Guitton est née à Lyon le 18 février 1844; elle épousa un industriel, Maurice Rolland, dont postérité. Vint ensuite, Adrien Guitton (n°4). Paul Guitton né le 6 juin 1854, marié le 1er mai 1878 à Saint-Maurice-sur-Dargoire (Rhône) avec Nennecy Negrand, native de Saint-Chamond (Loire); industriel, Paul Guitton est décédé le 18 mars 1946 à Rigny-sur-Arroux (Saône-et-Loire).

Adrien Guitton (n°4) et Jeanne Epitalon (n°5), petite-fille de Denis Epitalon (n°20), fondateur de la maison Epitalon, fabrique de velours et de rubans à Saint-Etienne, eurent huit enfants de 1847 à 1889. Les trois aînés sont nés à Saint-Etienne, les trois suivants à La Tour-en-Jarez (Loire), et les deux derniers, à Saint-Etienne.

L'aîné est Auguste Guitton (n°2). Marie Louise Guitton, née le 11 janvier 1875, est morte sans alliance le 19 mai 1951 à Vaugneray (Rhône). Claude Guitton né le 28 août 1878, ingénieur de l'Ecole centrale de Paris, industriel, fut fait chevalier de la légion d'honneur, qui épousa la fille du directeur de la faïencerie de Digoin (Saône-et-Loire), Thérèse Stème de Jubécourt. Valérie Guitton née le 9 juillet 1883 qui s'allia en 1906 à Jean Jaillard, administrateur de Sociétés. Les autres enfants furent religieux ou religieuses.

 

Volontaire au service de la République.

Pierre Bertrand (n°48), volontaire au service de la République, est mort le 2 juin 1794 à Fontenay-le-Comte (Vendée); sept ans plus tôt il avait épousé dans la Creuse, à Aubusson, Anne Couturier (n°49) fille de François et de Louise Rondet. Quelques mois seulement avant son décès, un fils lui était né: Jean Baptiste Bertrand (n°24). Tailleurs d'habits à Aubusson, Jean Baptiste Bertrand, né le 8 septembre 1793, a épousé une fille native de Felletin, Marie Giron (n°25). Le mariage fut célébré le 16 janvier 1813. Marie Giron est la fille d'un propriétaire, Annet Giron (n°50) et de Marie Legate (n°51), et la soeur de Marie Anne Giron qui épousa Victorin Mourins d'Arfeuille, chevalier de Saint-Louis.

 

Chef d'escadron aux armées des princes.

Philippe Blanc (n°26) est le fils de autre Philippe Blanc (n°52) et de Antoinette Aymand (n°53). Bien que marié avec Françoise Tour, Philippe Blanc eut trois enfants de Fanny Puÿ (n°27): 1° Régis Puÿ dit Leblanc né à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) le 27 mai 1818, contre-amiral; 2° Philippine Puÿ-Leblanc (n°13); et 3° Olympe Puÿ-Leblanc née à Champagnat (Creuse) le 20 juillet 1826, qui y épousa le 15 septembre 1851 Gabriel Janin, professeur de mathématiques. Philippe Blanc (n°26) qui poussa son premier cri à Lyon le 2 février 1775 fit toutes les campagnes de l'émigration, de 1792 à 1801, aux armées des princes, parmi eux se trouvaient entre autres les princes de la famille royale, comte de provence, comte d'Artois et prince de Condé. Philippe Blanc (n°26) fut fait chevalier de Saint-Louis.

 

Parent par alliance de la famille Andriveau.

Adolphe Ancelot (n°14), qui fut l'auteur de quelques ouvrages et de nombreux articles, est le fils d'un fonctionnaire de l'administration des contributions indirectes, Polycarpe Dominique Ancelot (n°28) et de Elisabeth dite Fébronie Grangier (n°29). La famille Ancelot est localisée dans l'Yonne, plus précisément à Sergines. L'alliance avec la famille Grangier se fit à Saint-Pourçain-sur-Sioule, dans l'Allier, département où était fixée la famille en question. Une cousine de Fébronie Grangier (n°29) prénommée Louise épousa Léonard Andriveau; leur fils, Gilbert Gabriel Andriveau, géographe, est l'ancêtre de Jean-Marie et Francis Andriveau, propriétaires de l'étude généalogique Andriveau à Paris.

 

Religieux et religieuses.

Si l'oeuvre philosophique de Jean Guitton est essentiellement consacrée à la pensée catholique, on dénombre un certain nombre de religieux dans la descendance Guitton. Grands-tantes et grands-oncles, tantes et oncles, même un neveu, ont été ou sont membres d'un ordre, d'une congrégation ou d'un institut religieux.

Ainsi des enfants de Auguste Guitton (n°8) et de Jeanne Louise Nicolas (n°9), Marie Louise dite Ludovic Guitton née le 31 mai 1846, morte le 17 mars 1874, et Amélie Guitton née le 8 novembre 1848, furent toutes deux religieuses du Sacré-Coeur. Georges Victor Guitton né le 27 mars 1847, décédé le 10 janvier 1922, docteur en théologie, fut prêtre, supérieur du petit séminaire Saint-Jean de Lyon, curé de Saint-Georges de Lyon et chanoine primatial. René Guitton né le 8 novembre 1850, mort en Egypte le 16 juin 1915, était religieux de la Compagnie de Jésus. La petite dernière, Marie Gaétane Guitton, née le 4 février 1861, décédée au Canada en 1946, était elle aussi religieuse du Sacré-Coeur comme ses deux aînées.

A la génération suivante, des enfants de Adrien Guitton (n°4) et de Jeanne Louise Epitalon (n°5), Georges Guitton, né le 21 mars 1877, fut religieux de la Compagnie de Jésus, aumônier militaire - il est de plus l'auteur de nombreux ouvrages historiques et biographiques - chevalier de la Légion d'honneur, il est mort le 8 juillet 1962 à Lyon. Marie Gaètane Guitton née le 29 juin 1881 et Nennecy Guitton née le 16 juillet 1887, toutes deux oblates du Sacré-Coeur. Le petit dernier, Joseph Guitton, né le 18 octobre 1889, religieux de la Compagnie de Jésus.

Jacques Guitton né le 6 avril 1935 à Saint-Etienne, prêtre, et Gérard Guitton né au même lieu le 30 août 1936, religieux franciscain, tous deux fils de Henri Guitton et de Yvonne Loriot de Rouvray, et neveux de Jean Guitton. Emmanuel Guitton, petit-neveu de Jean Guitton, est prêtre.

En fait, Henri Guitton, frère de Jean, était né à Saint-Etienne (Loire) le 5 juillet 1904. Universitaire et Membre de l'Institut, fait Commandeur de la Légion d'honneur, Henri Guitton fut chargé de cours successivement à la faculté de Nancy, de Dijon, et de Paris. Rédacteur en chef de la Revue d'économie politique dès 1955, il eut de son épouse Yvonne Loriot de Rouvray, six enfants.

 

Une alliance avec la famille de Montgolfier.

Auguste Guitton (n°8) eut deux soeurs. L'aînée, Elisabeth Laure Guitton née à Lyon (Rhône) le 29 janvier 1803 qui épousa le 30 juin 1825 son oncle maternel, Barthélémy Philippe Goiran, né à Saint-Martin-d'Ainay à Lyon le 24 décembre 1790, fils de Philippe Goiran et de Elisabeth Vincente Parra (n°35), sa grand-mère maternelle. Barthélémy Philippe Goiran, négociant à Couzon (Rhône) fut maire du 1er arrondissement de Lyon et fait chevalier de la Légion d'honneur. La seconde fille, Joséphine Guitton est elle aussi née à Lyon le 18 mars 1805. Son mariage fut célébré le 22 juin 1830 à Lyon avec Etienne de Montgolfier, né à Davezieux (Ardèche) le 12 mai 1801, fils de Jean-Baptiste de Montgolfier, manufacturier en papier, et de Méranie de Montgolfier. Jean-Baptiste de Montgolfier était le neveu de Joseph et Etienne de Montgolfier, les inventeurs des aérostats. Tous deux nés à Vidalon-lès-Annonay (Ardèche), le premier en 1740, et le second, en 1745, ils ont dirigé la manufacture familiale de papier à Annonay; ils inventèrent le ballon à air chaud ou montgolfière en 1783, mais aussi une machine à élever l'eau dite "bélier hydraulique", et ils rénovèrent, de plus, la technique française de la papeterie.

 

La mortalité: six décès avant 60 ans dans la branche maternelle.

Jean Guitton s'est éteint dans sa 98ème année. Son père avait atteint l'âge de 89 ans. Sur les 29 décès répertoriés, sept sont survenus avant 60 ans: un homme, Pierre Clément Bonnejean (n°30), et cinq femmes, dont la mère du philosophe, Gabrielle Bertrand (n°3). Les décès avant 60 ans concernent essentiellement des individus de la branche maternelle - la mère du philosophe, sa grand-mère maternelle, Marguerite Ancelot (n°7), et son arrière-grand-mère maternelle, Marie Madeleine Bonnejean (n°15); cette dernière fille de Pierre Clément cité plus haut. Marie Giron (n°25) et Fébronie Grangier (n°29) sont décédées, la première à 41 ans, et la seconde à 46 ans. Le seul décès avant 60 ans relevé dans la branche paternelle est celui de Marie Jeanne Passerat (n°21), décédée à 51 ans.

L'espérance de vie croit de la cinquième à la première génération, passant de 64,8 ans à 97 ans, une espérance de vie somme toute élevée.

 

La mobilité sociale.

Si quelques collatéraux ont choisi de servir la religion catholique, les ascendants de Jean Guitton ont évolué dans le milieu de la rubanerie; c'est ainsi que des alliances se sont organisées entre enfants de fabricants de rubans - Adrien Guitton (n°4), fils et petit-fils d'un fabricant de rubans à Saint-Etienne, a épousé la fille et petite-fille d'un autre fabricant de rubans, Jeanne Epitalon (n°5). On remarque que certains rubaniers ont pris une part dans la vie de leur commune, voire de leur région en remplissant par exemple les fonctions de conseiller d'arrondissement, Jean-Marie Epitalon (n°10), ou bien encore, comme président du Tribunal de commerce, ou comme administrateur de la banque de France, Auguste Guitton (n°8). D'une petite manufacture familiale, ils sont passés à la grande industrie.

Si la branche directe Guitton est issue d'un marchand épicier de Roanne, Antoine Guitton (n°64), la famille Nicolas descend d'un manufacturier en armes, Jean Marie Nicolas (n°36). La branche paternelle compte de plus un chirurgien major, Augustin Christophe Lacombe (n°34), un écuyer, conseiller au bailliage du Forez, André David-Boutérieux (n°38), un aubergiste, Mathieu Epitalion (n°40), un jardinier, Claude Passerat (n°42), et un compagnon menuisier qui optera pour la fabrication de rubans, Jean François Balaÿ (n°44).

Quant à la famille maternelle, la lignée Bertrand amorce son ascension avec Gabriel Bertrand (n°12), fils d'un tailleur d'habits, qui devint principal du collège d'Aubusson, et dont le fils, Henri Bertrand (n°6), fut conseiller à la cour d'appel de Riom.

Ce même conseiller à la cour d'appel de Riom épousa la fille du président de cette même cour, Adolphe Ancelot (n°14), descendant d'un fonctionnaire de l'administration des Contributions indirectes, Polycarpe Dominique Ancelot (n°28), et d'un notaire, Jean François Ancelot (n°56). Le fils du notaire avait épousé la fille d'un avocat en Parlement, juge de paix à Saint-Pourçain, Jacques Grangier (n°58).

Philippe Blanc (n°26) et Pierre Clément Bonnejean (n°30) ont choisi l'armée, le premier sera chef d'escadron et sera fait chevalier de Saint-Louis, le second, capitaine d'infanterie et officier de la légion d'honneur. La branche maternelle compte aussi un écuyer, Pierre Dinet de Montrond (n°62). On découvre ainsi des familles organisant un jeu d'alliances qui répond aux usages de l'époque.

 

Bibliographie:

"A la découverte de leurs racines" de Joseph Valynseele et Denis Grando. Seconde Série. ICC 1994. pages 94, 95 et 199. Jean Guitton.

"Les régents et censeurs de la banque de france sous le Consulat et l'Empire" de R. Szramkiewicz. Genève 1974.