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GéMagazine n°180 : Charles Schneider

Mars 1999

Charles Schneider (1898-1960) - Maître de Forges au Creusot

Les Schneider et les familles alliées de cette ascendance ont été déjà largement étudiées. Nous présentons ici l'ascendance par quartiers sur cinq générations avec mention de la sixième de Charles Marie Bernard Henri Schneider, dernier maître de forges de la lignée patronymique Schneider. Il est le troisième fils né à la fin du XIXème siècle de l'union d'un maître de forges avec la fille d'un marquis.

Les origines géographiques des seize quartiers sont éparpillées d'Est en Ouest sur quatre départements, la Moselle, la Meurthe-et-Moselle, les Ardennes et la Manche, auxquelles s'ajoute une orgine limousine. Certaines familles sont localisées hors de la France, un berceau en Espagne et un autre dans l'Ile-Maurice. Bien entendu, Paris est très largement représenté, puisque nous y avons répertorié au moins quatre naissances sur les seize individus de la cinquième génération.

 

Les Schneider, maîtres de forges sur quatre générations.

La famille Schneider est une famille d'industriels français dont le plus lointain ancêtre connu est Balthazar Schneider, lorrain, né au début du XVIIème siècle, et dont le plus jeune fils, Jean Pierre Schneider vit le jour en 1673. La descendance est assurée par un de ses fils Jean Jacques Schneider (1708-1802), maître huilier à Dieuze, qui eut de son épouse, Anne Marie Poirson, au moins sept fils. L'un d'eux, Antoine Schneider (n°16), fut notaire à Dieuze, mais aussi président de l'administration municipale; il acheta le domaine de Biderstroff et épousa la fille d'un administrateur forestier, Anne Catherine Durand. Leur fille, Madeleine Clémence Schneider, sera l'épouse de Jules Pierrot, proviseur du Lycée Louis Le Grand à Paris, et dont le beau-frère, Jean Charles Persil, était ministre de la Justice et du Culte. Le fils cadet, Joseph Eugène dit Eugène Schneider (n°8), après avoir été commis chez un négociant à Reims, est chargé en 1830 par le baron de Neuflize, manufacturier, maire de Sedan et oncle de son épouse, Félicie Le Moine des Mares (n°9), de la direction des Forges de Bazeilles, dans les Ardennes. Dès 1836, il reprend avec son frère aîné, François Antoine dit Adolphe Schneider, né à Nancy en 1802 et mort au Creusot en 1845 après une chute de cheval, sous la dénomination "MM Schneider Frères et Cie" l'ancienne Fonderie royale du Creusot, créée par Louis XVI.

 

De père en fils.

Grâce à l'essor des chemins de fer et de la navigation à vapeur, Joseph Eugène Schneider (n°8) développe des ateliers considérés comme les plus modernes au monde. Il ouvre une succursale à Chalon-sur-Saône. En 1838, les ateliers du Creusot réalise la première locomotive à vapeur française, et en 1840, le premier bateau à vapeur. Avec l'apparition de l'acier, Joseph Eugène Schneider (n°8) se lance dans la fabrication des rails d'acier, des tôles et barres pour les navires de guerre, et des canons.

Henry Adolphe Eugène dit Henry Schneider (n°4), le fils d'Eugène, devint cogérant de la société dès 1867, puis gérant après la mort de son père. Il agrandit le groupe en ouvrant des succursales dans la Nièvre, la Loire, le Doubs, l'Isère, la Savoie, et le Cher, et participa activement au développement de la société en fabricant de l'armement et des constructions mécaniques. Le petit-fils d'Eugène, Charles Prosper Eugène dit Eugène Schneider (n°2), renforça tant en France qu'à l'étranger le groupe. Il reprend la direction à la mort de son père, et coordonne dès 1914 l'ensemble des industries d'armement. Quant à Charles Marie Bernard Henri Schneider (n°1), son troisième fils, il fut cogérant dès 1918, et gérant en 1942. Il s'est attaché à la reconstruction et à la modernisation des usines du Creusot.

Charles Marie Bernard Henri Schneider (n°1), dont le prénom usuel est Charles, est né le 28 juin 1898 au domicile de ses parents, au n°9 de la rue Vernet. La naissance est déclarée deux jours plus tard à la mairie du 8ème arrondissement de Paris par la grand-mère maternelle de l'enfant, Henriette Sidonie de Gontaut-Biron (n°7); elle est âgée alors de cinquante neuf ans et demeure au n°59 de la rue Galilée. Cette dernière est accompagnée du marquis Pierre de Chaponay, qualifié "oncle de l'enfant" et époux de Constance Schneider, soeur de Charles Prosper Eugène dit Eugène Schneider (n°2).

 

D'Avranches à Sedan.

Originaire de Normandie, la famille Le Moine des Mares fut maintenue noble en 1667. Joseph Eugène Schneider (n°8) a épousé le 28 octobre 1837 sur le 2ème arrondissement ancien de Paris, Félicie Constance Elisabeth Adélaïde Amicie Le Moine des Mares (n°9); l'époux demeure alors rue de la Victoire au n°31, la future est domiciliée avec ses parents, Gilles Robert Pierre Le Moine des Mares (n°18) et de Anne Marie Amicie Poupart de Neuflize (n°19) à Avranches, dans la Manche.

Jean Abraham André Poupart de Neuflize (n°38) fut maire de Sedan mais aussi conseiller général des Ardennes. Né le 18 juillet 1752, il s'éteignit le 29 mars 1814 après avoir épousé Adélaïde Dumoutier de Vastre (n°39) qui décédera à Paris presque trente ans plus tard. Elle laissa au moins quatre enfants: 1° autre Jean Abraham André Poupart, baron de Neuflize, né en 1784 qui devint banquier; 2° Anne Marie Amicie Poupart de Neuflize (n°19); 3° Clémence Poupart de Neuflize née en 1799 qui épousa Jules Joly de Bammeville; et 4° Louis Blanche Adélaïde Poupart de Neuflize née en 1812 et mariée avec Louis André.

 

Les de Rafélis de Saint-Sauveur de Carpentras.

La branche des seigneurs de Saint-Sauveur est de Carpentras. François de Rafélis, seigneur de Rus en Dauphiné, est le troisième fils de Pierre et de Madeleine de Grignan. Orphelin de père, il fut élevé dans la maison de son beau-père, Sébastien de Séguins. Son mariage avec Laure des Isnard, fille d'Alain et de Jeanne de Raimond de Modène, fut réglé par contrat passé devant maître Matthieu, notaire à Carpentras, le 9 novembre 1580. Leur union fut suivie par la naissance de trois enfants, dont François de Rafélis, seigneur de Rus, qui testa le 9 avril 1639, et qui avait épousé par contrat le 2 juillet 1616 Jeanne de Matthei, fille de François et de Peironne d'Audrizet. Sept enfants virent le jour dont Esprit de Rafélis, chevalier et seigneur de Rus, qui épousa le 10 mars 1649 à Carpentras, Françoise de Soissan, qui par deux fois veuve, se remaria. Elle eut de son union avec Esprit de Rafélis deux garçons dont Joseph Horace de Rafélis, qualifié de chevalier, et seigneur de Rus et de Saint-Sauveur, qui s'allia en troisièmes noces en 1693 avec Catherine des Isnard. Ils eurent six enfants dont, Pierre Marc Samaritain de Rafélis, chevalier, seigneur de Saint-Sauveur et du Villard, qui a épousé le 20 mars 1714 avec Marie Clotilde de Mercier qui lui donna neuf enfants.

Joseph Marie de Rafélis (n°48), chevalier, marquis de Saint-Sauveur, né en 1714, d'abord lieutenant d'infanterie au régiment de Conti, puis capitaine, fut nommé en 1746 chevalier de Saint-Louis. Il est mort le 12 octobre 1774 à Tulle "chez son frère, l'évêque de Tulle". De son mariage avec Jeanne de Limanton (n°49), comtesse de Bar, il eut au moins quatre enfants: 1° Aldonce Aldonce (n°24); 2° Charlotte Clotilde Marie Jeanne née le 30 mars 1771; 3° Adélaïde Charlotte Clotilde Marie Samaritaine née en 1770 et décédée en 1772; et 4° Joséphine Marie Charlotte née le 21 novembre 1774.

 

La princesse de Masserano.

Charlotte Marie Jacobe Augustine Ferrero-Fieschi (n°25), princesse de Masserano (n°25) est décédée le 7 décembre 1839. Elle avait rédigé son testament le 2 novembre 1837. Un inventaire fut dressé le 16 décembre 1839 par maître Dreux, notaire à Paris, et la déclaration de succession fut rédigée le 18 mai 1840. Le montant de la succession était de 426.502, 43 francs. C'est un clerc de notaire, Adolphe Louis Durant, qui se rend au bureau de l'Enregistrement du 8ème Bureau parisien dont dépendait alors le 2ème arrondissement ancien de Paris. Elle laisse trois enfants vivants: 1° Charles Edmond, comte de Rafélis Saint-Sauveur (n°12), propriétaire place du Palais Bourbon n°99; 2° Jeanne caroline Augustine de Rafélis Saint-Sauveur, femme de monsieur Fontanella, comte de Baldissero, propriétaire à Turin; et 3° Victoire Alexandrine de Rafélis Saint-Sauveur, épouse du comte de Gionazio de Pampura, demeurant aussi à Turin. Elle lègue à son mari tous les meubles qui se trouvent à leur domicile parisien, mais aussi ceux du château d'Apremont, dans le Cher. De plus, il est fait mention des différentes successions recueillies, ainsi celles de ses aïeux, Monsieur de Béthune-Pologne et son épouse, née de Thiers, successions liquidées en 1810, 1811 et 1818 par maître Dreux, celle de son cousin, Monsieur Pottier de Geyvres, et celle de sa mère, la princesse Masserano, en 1827. Quant à son mari, il était le seul héritier de sa mère, née de Bar, selon un inventaire dressé par un notaire d'Avignon.

 

Guillotinée en 1794.

La maison de Bérenger  est fort ancienne en Dauphiné. Seule la branche du Gua s'est perpétuée. Au XXIVème degré la famille de Bérenger est représentée par Raymond Ismidon Charles de Bérenger (n°52), comte du Gua, qui fut maréchal de camp en 1814. Né en 1762, il se maria en 1784 avec Henriette Françoise de Levis (n°53). Née à Paris le 22 avril 1767, elle est la fille de François Gaston, duc de Levis, maréchal de France, et de Gabrielle Augustine Michel de Tharon. Elle eut deux enfants Gabriel Raymond (n°26) et Camille Françoise née en 1787. Sept ans plus tard, elle mourrait sous la guillotine, le 10 juillet 1794. Son fils épousa Cécilia de Boisgelin (n°27) qui se remaria au comte Alexis de Noailles.

Cécilia de Boisgelin (n°27) est la fille unique du marquis de Boisgelin, d'une famille qui est citée dès le début du XIIIème siècle en Bretagne. Bruno Gabriel Paul de Boisgelin (n°54), capitaine d'infanterie, colonel de la garde nationale de Paris, maître de la garde-robe du roi, est né le 26 août 1767 à Boisgelin, dans les Côtes-d'Armor. Il est décédé à Paris le 3 mai 1827, laissant seule son épouse Cécile Marie Charlotte Gabrielle d'Harcourt (n°55), fille du duc de Beuvron.

 

Agenais et Forez.

La filiation de la famille de Gontaut de Biron est établie depuis Geofroy de Gontaut, seigneur de Biron, vivant en1124; cette famille tire son nom de la ville de Gontaut en Agenais. La descendance a fourni de nombreuses branches, dont le rameau du marquis de Saint-Blancard, dont descend le cujus de ce mois. Lequel rameau était représenté au XIXème degré par Jean Armand Henri Alexandre de Gontaut (n°56). Marquis de Gontaut-Biron et de Saint-Blancard, il fut fait comte de l'Empire français par lettres patentes du 2 août 1811. Né le 6 novembre 1746, et décédé à Pau le 5 mai 1826, il épousa à Paris le 25 avril 1770, Marie Joséphine Palerne (n°57), fille de Simon Zacharie, secrétaire de la chambre du roi, et de Marie Gabrielle Le Subtil de Boisemont. Elle lui donna quatre fils dont deux décédèrent jeunes. Armand Louis Charles de Gontaut (n°28) fut créé pair de France le 17 août 1815, marquis-pair héréditaire par lettres patentes du 8 janvier 1818.

L'épouse de ce dernier, Elisabeth Charlotte de Damas-Crux (n°29) est la fille de comte de Crux, Louis Etienne François de Damas (n°58), brigadier d'infanterie, qui fut créé chevalier commandeur du Saint-Esprit et des Ordres du roi le 1er janvier 1784. Né au château de Crux le 4 octobre 1735, il s'éteignit au château des Tuileries à Paris le 3 juillet 1814. Marié trois fois, il eut de sa troisième épouse, Sophie Joséphine Antoinette de Ligny (n°59), fille de Charles Adrien, comte de Ligny et de Courtenay, et de Marie Elisabeth Jeanne de la Roche Fontenilles de Rambures, un fils et deux filles. D'une famille originaire du Forez, les de Damas remonte à un certain Elziran Damas vivant en 1063. Si la branche aînée s'éteignit en 1423, le branche cadette a formé une vingtaine de rameaux dont les seigneurs et comtes de Crux, puis ducs de Damas-Crux.

 

De la maison royale des Stuarts.

La maison de Fitz-James est une branche naturelle de la maison royale des Stuarts. Son auteur est Jacques né en 1670 de James Stuart, duc d'York qui sera roi d'Angleterre sous le nom de Jacques II, et d'Arabella Churchill. Duc de Berwick, comte de Tinmouth et baron de Bosworth, il se réfugia en France après la chute des Stuarts et servit dans les armées du roi de France. Il épousa en secondes noces, Anne Bulkeley, dont il eut plusieurs enfants dont quatre fils. Charles de Fitz-James est l'auteur de la branche cadette installée en France. Charles de Fitz-James né en 1712, fit une brillante carrière militaire. Sa femme, Victoire Sophie de Gouyon, lui donna deux fils dont un seul eut une postérité. Jacques Charles de Fitz-James, gouverneur du Limousin, épousa en 1768 Marie Claudine Sylvie de Thiard de Bissy dont au moins Edouard.

Edouard de Fitz-James (n°60), colonel, maréchal de camp, naquit à Versailles le 10 janvier 1776; il décéda à Paris le 11 novembre 1833. Marié deux fois, il eut de sa première épouse, Elisabeth Alexandrine Le Vassor de la Touche (n°61), décédée à Paris en janvier 1810, deux garçons. Jacques Marie Emmaneul de Fitz-James (n°30) est décédé, semble-t-il, le 10 juin 1846. Le renseignement est extrait d'un acte de mariage célébré le 17 juillet 1862 entre le baron de Charette et une demoiselle de Fitz-James.

Quant à la famille Marmier, elle établit sa filiation depuis Huguenin Marmier et est représentée au XIIIème degré par Philippe Gabriel de Marmier (n°62), marquis, comte de l'Empire par lettres patentes du 22 octobre 1810, chambellan de Napoléon 1er, et député de la Haute-Saône. Né à Gray (Haute-Saône) le 20 juin 1783, il est décédé à Paris le 8 juillet 1845.  Son épouse, Jacqueline Béatrix Gabrielle Stéphanie de Choiseul (n°63) est la fille unique et la seule héritière de duc de Choiseul, mort en 1838.

 

Fécondité et mortalité.

Le nombre d'enfants moyen à chaque génération varie très peu, allant de 2 à 4,5 enfants par couple. Il n'y a pas eu, semble-t-il, de naissance unique. Pour les âges aux décès, le décès prématuré du cujus par accident à l'âge de 62 ans fait chuter de plus de vingt ans l'espérance de vie de la deuxième à la première génération. De même, deux décès prématurés à la troisième génération, le premier à 21 ans, et le second, à 45 ans, ramènent l'âge au décès de 67 ans à 51 ans, de la quatrième à la troisième génération. Près d'un tiers des décès répertoriés a eu lieu avant 60 ans et se rapporte à la gente masculine dans la majorité des cas.

 

Jeu d'alliances et engagement.

Un milieu industriel qui a su par le jeu des alliances bien orchestrées s'introduire dans une société privilégiée, des familles pour la plupart nobles et anciennes. Dès la seconde génération, l'union est concrétisée, un mariage entre un maître des forges et la fille d'un marquis.

Chacun des ascendants de cette généalogie a joué un rôle, plus ou moins important et plus ou moins long, dans la vie de sa ville, de sa région ou de son pays.

Eugène Schneider (n°8), entre autres ne fut-il pas député en 1845, ministre du Commerce et de l'Agriculture en 1851, et élu au Corps législatif après le coup d'Etat du 2 décembre qu'il présida de 1867 à 1870?

 

Aujourd'hui la société Schneider qui fut fondée en 1836 est encore un des premiers groupes industriels français. Bien que la famille Empain en prit le contrôle en 1963 et donna ainsi naissance au groupe Empain-Schneider et qu'elle s'en retira en 1986, la société a recentré son activité dans le domaine de l'électricité.

 

Bibliographie:

"Les Schneider" par Jean-Louis Beaucarnot dans Gé-Magazine n°15 et 16 - Février et mars 1984.

"Titres, anoblissements et pairies de la Restauration" du vicomte A. Révérend.

"Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXème siècle" de Gustave Chaix-d'Est-Ange.

"Dictionnaire généalogique" La Chenaye-Desbois.

"Filiations bretonnes" du vicomte H. Frotier de la Messelière.

"Armorial du Premier Empire" du vicomte A. Révérend.

"Titres et confirmations de titres. 1830-1908" du vicomte A. Révérend.

"Annuaire de la Noblesse".