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GéMagazine n°170 : François Mauriac

Avril 1998

Romancier et journaliste ou «l'aspiration au salut».

Fils de la bourgeoisie bordelaise, François Mauriac est l'un des plus grands romanciers français pour son analyse psychologique et son style. Journaliste prenant parti contre le général Franco, soutenant Mendès-France, le général de Gaulle et la politique de décolonisation, il est l'auteur de recueils de vers, et est passé du roman au théâtre. François Mauriac est entré à l'Académie française en 1933 et a reçu le prix Nobel de littérature en 1952. Le 19 mars 1960, le général de Gaulle lui a remis la grand-croix de la Légion d'honneur.

L'ascendance Mauriac remonte en ligne directe jusqu'à Jean Mauriac (n°512), époux de Marguerite de Guiresse (n°513). Nous retrouvons ensuite, un autre Jean Mauriac (n°128), petit-fils du précédent, laboureur à Mazères, qui épousa en 1656 Jeanne Fau (n°129). La famille Mauriac est installée à Mazères lors du mariage de Jean Mauriac (n°64) et d'Anna Drouilhet (n°65) célébré en 1714. Le fils, Charles Mauriac (n°32), matelot, vit le jour à Castets-en-Dorthe; il s'y allia avec Isabeau Izaute (n°33) le 19 février 1743. Cette famille qui est dite «républicaine et anticléricale au siècle dernier» devint chrétienne avec le mariage de Jean-Paul Mauriac et Marguerite Marie-Claire Coiffard, les parents de François Mauriac.

 

François Mauriac et son milieu familial.

Né à Bordeaux, dans une famille catholique, François Mauriac a été marqué par sa région natale, mais aussi par son éducation religieuse. Chrétien, l'Homme de lettres décrit dans ses romans des êtres déchirés par leurs contradictions, toujours tiraillés entre l'aspiration vers la pureté et la tentation du péché. François Mauriac décrit le combat de l'âme et de la chair dans un univers familial clos; il croit que «tout homme peut toujours être sauvé par sa foi en Dieu». Orphelin de père alors qu'il n'a pas encore deux ans, François Mauriac, dernier né de cinq enfants, a été élevé par sa mère, Marguerite Marie-Claire Coiffard (n°3), et par sa grand-mère maternelle, Marie dite Irma Abribat (n°7), cette dernière décédée en 1907. Il a tout juste connu ses grands-parents paternels, Jacques Mauriac (n°4) et Jeanne Mathilde Lapeyre (n°5), tous deux décédés, le premier en 1891 [il n'a pas encore six ans], et la seconde en 1888 [il avait fêté ses trois ans le mois précédent]. Son grand-père maternel, Raymond dit Phorien Coiffard (n°6), était mort quelques mois seulement après sa naissance. François Mauriac, sa soeur et ses trois frères, furent donc élevés dans un univers de femmes, sous la tutelle de Louis Mauriac, leur oncle paternel, qui resta célibataire. Né à Saint-Pierre-d'Aurillac le 7 octobre 1852, Louis Mauriac fut conseiller à la cour d'appel de Rouen, et s'éteignit à Paris en 1925.

 

Alliances et parentés.

François Mauriac a épousé à Talence, en 1913 Jeanne Lafon, fille d'un inspecteur des Finances, qui occupera le poste de directeur de la banque d'Algérie en 1898, et celui de trésorier payeur général de la Gironde, et de Léonie Bouchard, originaire de Vémars, dans le Val-d'Oise. La soeur de Jeanne Lafon, Marie Thérèse Lafon, était l'épouse de Roger Gay-Lussac, fils d'Albert Gay-Lussac et de Jenny Hachette, d'où une parenté par alliance avec la famille de Louis Joseph Gay-Lussac (1778-1850), célèbre physicien et chimiste français, et avec la famille de Louis Hachette (1800-1864, fondateur de la maison d'édition.

François Mauriac et Jeanne Lafon ont eu 4 enfants tous nés à Paris: 1° Claude Mauriac né en 1914, qui deviendra le secrétaire particulier du général de Gaulle et qui sera apparenté, neveu par alliance par sa femme, Marie-Claude Mante, à Jean Rostand (1868-1918), auteur dramatique, et à Marcel Proust (1871-1922), écrivain; 2° Claire Mauriac, née en 1917, alliée au prince Jean Wiazemsky, comte Levachov, natif de Saint-Pétersbourg (Russie); 3° Luce Mauriac née en 1919, mariée avec Alain Le Ray, général de corps d'armée; 4° Jean Mauriac né en 1924, journaliste, mariée à Caroline Flipo, fille d'un industriel.

 

Les frères et soeur de François Mauriac.

Jean-Paul Mauriac (n°2) et Marguerite Marie-Claire Coiffard (n°3) ont eu cinq enfants tous nés à Bordeaux: 1° Germaine Mauriac née le 17 décembre 1878, mariée en 1900 avec Georges Fieux, gynécologue et professeur à la faculté de Bordeaux, fils d'un négociant de Bordeaux; elle est décédée à Cenon (Gironde) le 24 octobre 1974; 2° Raymond Mauriac né le 19 octobre 1880, docteur en droit, alliée en 1904 avec Antoinette Bertrand, fille d'un négociant-propriétaire de Bordeaux; il est décédé à Carbon-Blanc (Gironde) le 6 juillet 1960; 3° Jean Mauriac né le 24 septembre 1881, licencié en droit, qui sera prêtre, professeur de dogme au grand séminaire de Bordeaux; il est décédé à Bordeaux le 23 décembre 1945; 4° Pierre Mauriac né le 21 novembre 1882, docteur en médecine, doyen de la faculté de médecine de Bordeaux, marié en 1909 avec Suzanne Latrille, fille d'un négociant en vins de Bordeaux; il est décédé à Bordeaux le 1er novembre 1963; et 5° François Mauriac.

 

La famille Abribat: parenté avec Hugues Aufray.

Marie dite Irma Abribat (n°7) est la soeur de Benoît Sully Abribat, arrière-grand-père d'Hugues Auffray dit Aufray, chanteur et compositeur. Benoît Sully Abribat est né à Bordeaux le 26 septembre 1833. Epoux de Emma Pétronille Duallé depuis le 14 avril 1863, il est décédé à Bordeaux le 26 mai 1873, dans sa 40ème année. Leur père, François Auguste Abribat (n°14), baptisé sous le prénom de François seulement sur la paroisse Sainte-Croix de Bordeaux le 3 janvier 1792, eut pour parrain, François Conly, et pour marraine, Marie Roy. Marguerite Bouquié alias Bouquier (n°15), la mère, reçut le baptême au mois d'août 1792 sur la paroisse Sainte-Eulalie de Bordeaux; son parrain fut Pierre Roumagoux, sa marraine, Marguerite Bouquier.

 

L'intérieur d'un jeune ménage marié en 1818.

Un contrat de mariage passé chez maître Laspeyres, notaire à Bordeaux [3E.20706] le 5 mars 1818 précéda le mariage de François Auguste Abribat (n°14) et de Marguerite Bouquié (n°15). François Auguste Abribat (n°14), qualifié alors de raffineur, est domicilié avec ses parents à Bordeaux rue Serpora n°9, sur la paroisse Sainte-Croix. La future épouse, Marguerite Bouquié (n°15), demeure aussi à Bordeaux chez mademoiselle Anne Ducham rue Sainte-Croix au n°13. La mère de l'épouse, Madeleine Françoise Roumagous (n°31), vit seule rue des Vignes n°2 et déclare que son mari, Jacques Bouquié (n°30) est absent depuis plus de quinze ans. La future épouse reçoit en donation d'Anne Ducham des effets mobiliers qui consistent en «un lit complet, un cabinet en bois de noyer, une commode, une glace, une table en bois d'acajou, six chaises et un fauteuil, une pelle, une pincette, une paire de chenets, une poële, trois poëlons en cuivre, trois casseroles en cuivre, quatre fers à repasser le linge, une grille, un chaudron, une bouilloire, deux paires de flambeaux en cuivre, une douzaine de cuillers en étain, une douzaine de fourchettes de même, douze couteaux de table, une table de cuisine, un trépied, six douzaines d'assiettes en faïence, six paires de draps de lit, quatre douzaines de serviettes, deux douzaines de tablers de cuisine, le tout évalué à 1.100 francs». On peut ainsi imaginer l'intérieur du jeune couple.

 

Le don de l'écriture chez les Mauriac.

Plusieurs membres de la famille de François Mauriac ont écrit, soit en tant que journalistes, soit en tant d'hommes de lettres: fils, belle-fille, neveu ou frères.

Claude Mauriac, le fils aîné de François Mauriac, journaliste et homme de lettres, a fait une triple carrière: essayiste («l'Alittérarure contemporaine», 1958), romancier («Le Dîner en ville», 1959; «Le Bouddha s'est mis à trembler», 1979; «Un coeur tout neuf», 1980) et mémorialiste («Le Temps immobile», 1974-1985). Jean Mauriac , le 3ème enfant de François Mauriac, journaliste à l'Agence France-Presse, accrédité auprès du général de Gaulle de 1944 à 1970, est l'auteur de «Mort du général de Gaulle», 1972; son épouse, Caroline Flipo, publia les «Nouvelles lettres d'une vie de François Mauriac. Correspondance recueillies, présentée et annotée par Caroline Mauriac» en 1989.

Un fils de Germaine Mauriac, la soeur aînée de François Mauriac, Jacques Fieux publia un roman irlandais. Raymond Mauriac, frère aîné de François Mauriac, fut l'auteur sous le pseudonyme de Raymond Housilane de deux romans dont «Individu» qui reçut le Prix du premier roman en 1934. Pierre Mauriac, doyen de la faculté de médecine de Bordeaux, fut l'auteur de nombreux articles et ouvrages scientifiques et littéraires.

 

Les âges au décès.

François Mauriac est décédé dans sa 85ème année; sa soeur aînée, Germaine, avait plus de 95 ans, ses frères Raymond, 79 ans, Jean, 64 ans, et Pierre, 81 ans. L'âge moyen au décès des enfants Mauriac atteint donc plus de 80 ans. Jean-Paul Mauriac (n°2), le père, est mort quelques jours après son 27ème anniversaire en 1887, laissant une jeuve veuve et cinq enfants nés de 1878 à 1885; Louis Mauriac, frère de Jean-Paul et tuteur de ses cinq enfants, était âgé de 73 ans à son décès en 1925. Le décès prématuré de Jean-Paul Mauriac fait chuter l'espérance de vie de la deuxième génération au-dessous de 60 ans. L'âge moyen au décès de la cinquième à la troisième génération oscille entre 64 et près de 70 ans. Sur les vingt-quatre décès répertoriés, vingt ont eu lieu après 60 ans. Pour le reliquat, deux sont survenus avant 30 ans, un avant 40 ans, et le dernier, à 53 ans.

 

L'univers de la famille Mauriac.

Presque tous les romans de François Mauriac ont pour cadre la province, les vignobles bordelais ou la forêt landaise. Les personnages évoluent dans un univers oppressant, décrivant de grands domaines familiaux, des négoces de vin ou des métairies. Il y parle d'une bourgeoisie étouffée par les traditions, les préjugés et le patrimoine. Il s'est donc inspiré des membres de sa famille. C'est ainsi que nous rencontrons des couples de propriétaires-cultivateurs-laboureurs, tels Thomas Debayle (n°18) et Claire Boyance (n°19), des unions qui s'organisent entre filles de laboureurs, Catherine Duthu (n°17), Claire Boyance (n°19), Jeanne Labat (n°21), Marie Jeanne Hazera (n°23) et, ou un cultivateur, Thomas Debayle (n°18), ou un charpentier de bateau, Jacques Mauriac (n°16), ou un cardeur de laine, Arnaud Lapeyre (n°20), ou un arpenteur-géomètre, Pierre Martin (n°22). Les marchands ne sont pas absents; qu'il soit marchand-épinglier, Bernard Coiffard (n°24), boucher, Fortis Peyré (n°54), boulangers, Bernard Coiffard (n°12) et Jacques Bouquié (n°30), ou bien encore fabricant-tanneur, Bernard Goua (n°26). Des familles, somme toutes aisées, qui passent devant notaires afin de régler les alliances qui se sont décidées dans une population restreinte, familles bourgeoises dont les descendants attirés par la ville se sont rencontrés à Bordeaux.

 

Bibliographie.

"Les Mauriac. Vingt ans après la mort de François" de Pierre Yves. Article paru dans Généalogie-Magazine n°86. septembre 1990 (numéro épuisé). pages 33 à 35.

"Compléments sur la famille Mauriac" de Robert Arsault. Paru dans Généalogie-Magazine n°89. décembre 1990. page 11.

"Ascendance d'Hugues Aufray" de Myriam Provence. Article paru dans Généalogie-Magazine n°91. février 1991. pages 29 à 33.

"Au hasard sur les pas des ancêtres de François Mauriac - L'ascendance maternelle de François Mauriac" de Claude Massé et Marie-Thérèse Couffin. Article paru dans le bulletin du Centre Généalogique du Sud-Ouest 1 place Bardineau 33000 Bordeaux, intitulé "Généalogies du Sus-Ouest" année 1997, 2è semestre, numéro 37, pages 25 à 28..

"A la découverte de leurs racines" de Joseph Valynseele et Denis Grando. Seconde série. ICC 1988.