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GéMagazine n°268 : Hélène et Pierre Joliot-Curie

Mars 2007

Un nom connu dans le monde entier

Enfants et petits-enfants de Prix Nobel, savants connus mondialement, Hélène et Pierre Joliot-Curie sont tous deux chercheurs, Hélène fut reçue « major de l’Ecole de Physique et de Chimie », Pierre, professeur au Collège de France et Membre de l’Institut de l’Académie des Sciences. Hélène Joliot a épousé un physicien, Michel Langevin, fils d’André Langevin, docteur ès sciences physiques, petit-fils de Paul Langevin, agrégé des sciences physiques, docteur ès sciences, professeur au Collège de France, directeur de l’Ecole de physique et de chimie, et membre de l’Académie des sciences.

 

La famille Joliot serait originaire de Scey en Varais où est cité un certain Huguenin Joliot alias Jolyot en 1469 ; la branche paternelle est originaire du duché de Lorraine, la branche maternelle, d’Alsace. La famille Curie est déjà connue à Montbéliard à la fin du XVe siècle. André Damany fixe même le berceau de la famille au « petit Laviron » où vivait un certain Pierre Curie, père de trois enfants, dont David Curie est à l’origine de la branche de Pierre Curie (1859-1906). Plusieurs membres de la famille sont connus comme « commerçants et bourgeois de Montbéliard ». Les berceaux sont localisés essentiellement dans le Nord-Est de la France, Meurthe-et-Moselle, Bas-Rhin, Doubs, Haut-Rhin, Rhône, et en région parisienne. Dès le tout début du XIXe siècle, certaines alliances sont scellées dans la capitale. L’état civil parisien vient enrichir les travaux de Joseph Valynseele et de André Damany auxquels nous renvoyons pour en savoir plus.

 

Les parents consentent au mariage de leur fils.

C’est en effet sur le 10ème arrondissement de Paris que fut célébré le 28 mars 1879 le mariage de Henri Joliot (n° 4) et de Marie Emilie Roederer (n° 5).Le futur est représentant de commerce et demeure rue Germain Pillon au n° 13. Le père du marié, Jean François Joliot (n° 8) est directeur d’usine à Gorcy (Meurthe-et-Moselle). Jean François Joliot (n° 8) et Marie Jeanne Mairé (n° 9) n’ont pas fait le déplacement, toutefois ils consentent au mariage de leur fils par un acte passé devant maître Labrut, notaire à Longwy, en Meurthe-et-Moselle. La future habite avec ses parents qualifiés de « rentiers » au 49 rue des Feuillantines, mais avant boulevard Sébastopol. Le mariage fut précédé de la signature d’un contrat passé devant maître Robin, notaire à Paris, le 21 avril. Les mariés sont accompagnés de Léonard Valéry, rentier rue Gozlin n° 11, 63 ans, Léger Vidault, huissier rue Coquillière n° 40, 37 ans, Jean Jacques Roederer, rentier rue des Feuillantines 49, oncle, et Charles Gutin, propriétaire rue de Luxembourg 19, 52 ans.

 

Irène Curie, aînée de Jean Frédéric Joliot.

Jean Frédéric Joliot et Irène Curie sont tous deux nés à Paris. La mère de Jean Frédéric Joliot (n° 2) est âgée de 42 ans à sa naissance le 19 mars 1900. L’acte fut rédigé le 20 sur la déclaration du père, Henri Joliot (n° 4), qualifié de « négociant » et accompagné de Achille Fenouillet, 39 ans, et de Charles Hubert, 32 ans, tous deux employés.

L’épouse de Jean Frédéric Joliot (n° 2) est son aînée de deux ans et demi. Irène Curie (n° 3) est née le 12 septembre 1897, l’acte fut rédigé le 15 sur la présentation du père qui était accompagné de Eugène Curie (n° 12), âgé de 70 ans, docteur en médecine à Sceaux, et de Henri Grimal, 48 ans, employé place d’Italie n° 1. Irène Curie avait une sœur, Eve Curie née le 6 décembre 1904 à Paris 13ème, pianiste, qui s’est alliée à New York le 18 novembre 1954 à Henry Richardson Labouisse, ambassadeur des Etats-Unis en Grèce puis directeur Général de l’U.N.I.C.E.F.

 

Les Curie arrivent à Paris entre 1832 et 1834.

Eugène Curie (n° 12) avait 1 frère, Paul Curie né à Mulhouse le 20 novembre 1830, négociant qui s’est allié le 21 mai 1870 à Paris 1er avec Marie Vacherie, native de Colmar, et deux sœurs qui suivent. Marie Annette Curie est née à Mulhouse le 11 juin 1832 a épousé un ministre de l’Eglise anglicane, monsieur Trousdale ; elle s’est éteinte à Laubach, Hesse, le 30 avril 1902. Mathilde Curie est née sur le 3ème arrondissement ancien le 16 décembre 1834. Elle s’est mariée le 19 avril 1870 à Paris 2ème à Jean Steiner (1828-1910), mais elle le laissa veuf le 1er décembre de la même année.

L’ascendance Curie se poursuit avec Paul François Gustave Etienne Curie (n° 24), né le 16 septembre 1799, est le fils posthume de Pierre Etienne Curie (n° 48), décédé le 25 avril 1799, qui servit pendant 20 ans au régiment suisse de Sonneberg, puis aux régiments Royal Bavière et Royal Hesse-Darmstadt. Fait « chevalier de l’ordre du mérite militaire », Pierre Etienne Curie (1743-1799) est lui aussi venu au monde après le décès de son père, autre Pierre Etienne Curie (1707-1743), boulanger et bourgeois de Montbéliard.

 

Actes reconstitués à la demande de Sophie Claire Curie.

Le 18 septembre 1873 se présente à la Commission de reconstitution des actes de l’état civil de la Ville de Paris de la 1ère section madame Sophie Claire Curie, demeurant rue de la Visitation n° 2, qui sur présentation d’un bulletin de naissance demande la reconstitution de l’acte de naissance de son fils « Pierre, né le 15 mai 1859, enregistré le 16, fils de Eugène Curie et de Sophie Claire Depouilly, son épouse, domiciliés à Paris, rue Cuvier n° 16 ». L’acte fut donc rétabli tel quel. Pierre Curie avait un frère Jacques Curie né le 28 octobre 1855 à Paris 5ème ancien, qui épousa à Paris 5ème le 15 octobre 1896 Marie Masson, docteur ès sciences physique, professeur de minéralogie à la faculté des sciences à Montpellier où il est décédé le 19 février 1941.

Le 26 mai 1874, Sophie Claire Curie se rend à nouveau à la Commission et sur présentation de l’acte de mariage religieux et du contrat de mariage du 19 juillet 1854 reçu par maître Eugène Clagnier (MC, étude LXXXVIII, 1831-1856) demande la reconstitution de son acte de mariage en date du 20 juillet 1854. En fait, il est indiqué que l’acte a été passé devant maître Desforges, hors maître Jules Charles Desforges a exercé de 1856 à 1876 et a eu comme prédécesseur maître Eugène Clagnier.

Par l’acte de mariage reconstitué on apprend que Eugène Curie (n° 12) est né le 28 août 1827 à Mulhouse (Haut-Rhin) et que Sophie Claire Depouilly (n° 13) est née le 15 janvier 1832 à Lyon (Rhône).

 

Venue au monde chez une sage-femme à Paris.

Marie Emilie Roederer (n° 5) est née le 13 janvier 1858 à neuf heures du soir, chez madame Fossin, sage-femme, au 22 rue Saint-Roch, les parents de l’enfants sont dits domiciliés rue Neuve des Bons Enfants n° 12 et mariés à Strasbourg (Bas-Rhin) au mois d’avril dernier, c’est-à-dire en avril 1857. La déclaration est faite par le père de l’enfant, Frédéric Georges Roederer (n° 10) qualifié de « cuisinier » ; il est accompagné de deux confrères, Louis Meurisse, 44 ans, demeurant à Montmartre, rue Cauchois n° 4, et Denis Etienne Paille, 53 ans, demeurant rue de Lille n° 39 à Paris.

 

Succession Roederer : une maison avenue Daumesnil.

Frédéric Georges Roederer (n° 10) est décédé à Paris en son domicilie au 75 rue de Paris le 9 avril 1899. Qualifié de rentier, il est dit « veuf de Julie Elisabeth Grinenwald ». Son gendre, Henri Joliot (n° 4) se présente au Bureau de l’enregistrement du 16ème arrondissement de Paris et déclare qu’il laisse pour seule et unique héritière Marie Emilie Roederer (n° 5), son épouse, avec qui il demeure au 9 rue des Marronniers à Paris. La succession se compose d’obligations, de rentes, valeurs en dépôt au Crédit foncier et à la Banque de France pour une valeur de 32.305 francs, et des meubles garnissant l’appartement du 75 rue de Paris estimés à 525 francs. Il est aussi fait état d’une maison située 46 avenue Daumesnil.

 

Les époux Depouilly décédés à quelques jours d’intervalle à Paris.

Catherine Anne Adélaïde Gonin (n° 27) est décédée le 17 octobre 1859, née le 26 juillet 1804 à Paris, elle fut baptisée le lendemain 27 dans l’église de la paroisse Notre-Dame. Son époux, Joseph Charles Depouilly (n° 26) l’a suivi dans la mort le 29 suivant. Eugène Curie (n° 12) fit le 2 avril 1860 les deux déclarations de successions suivantes. La première enregistrée sous le n° 278, concerne Catherine Anne Adélaïde Gonin (n° 27) est décédée rue Cuvier n° 16 alors que son domicile conjugal était au 22 rue Neuve Bossuet. Sophie Claire Depouilly (n° 13) femme Curie est seule héritière de la défunte sa mère par suite de la renonciation de son frère suivant un acte reçu au greffe le 24 novembre 1859. La communauté entre les époux Depouilly a été établie par contrat devant maître Didier Nicolas Riant (MC, étude XLVIII, 1816-1825) et un inventaire fut dressé par maître Philibert Turquet (MC, XXXV, 1846-1868), tous deux notaires à Paris.

La déclaration suivante enregistrée sous le numéro 279 précise que le décédé est « ancien manufacturier » et que la succession comprend seulement la moitié des valeurs de la communauté des époux Depouilly montant suivant la déclaration précédente qui s’élève à la somme de 3.340,37 francs, somme composée de la vente du mobilier pour la somme de 1680,71 francs et d’une créance Gallien de 5.000 francs.

 

Un cuisinier de Napoléon III et de vieilles familles de Mulhouse.

Tailleurs d’habits, négociants, chez les Joliot, docteurs en médecine, physiciens, chez les Curie. Les Joliot se sont alliés avec des commerçants, boucher et cordonnier, mais aussi avec les Roederer dont un représentant s’est illustré comme cuisinier de Napoléon III.

La famille Curie s’est alliée par le mariage de Paul François Gustave Etienne Curie (n° 24) avec Augustine Hofer (n° 25) fille de Jean Hofer (n° 50), lui-même fils de autre Jean Hofer (n° 100), manufacturier, dernier régent de Mulhouse et d’Ursule Bregentzer (n° 101). La famille Hofer est l’une des plus anciennes et influentes familles de Mulhouse. Par son mariage Jean Hofer (n° 50) s’est uni avec une autre vieille famille de Mulhouse, les Dollfus. Son épouse, Juliana Dollfus (n° 51) est la fille de Jean Jacob Dollfus (n° 102) et de Anne Marguerite Risler (n° 103).

 

Sources.

Archives de Paris : DQ7.10648 ; DQ7.12845; DQ8.1535 (indisponible) ; DQ8.2997 ; DQ8.1910 ; 5Mi1/977 ; 5Mi1/1043 ; 5Mi1/1573 ; 5Mi1/2254 ; 5Mi3/238; 5Mi3/1838 ; 5Mi3/2041 ; 5Mi3/2051 ; 5Mi4/28 ; D.6j.1598 ; D.6j.3038.

 

Bibliographie:

« Pierre Curie, Frédéric Joliot-Curie. Origine de leur famille. Généalogies » de André Damany, 2006. La Compagnie Littéraire – Brédys 11/13, rue Vernier 75017 Paris.

« A la découverte de leurs racines » de Joseph Valynseele et Denis Grando. ICC, 1988 [page 86-87, « Pierre Curie »].