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GéMagazine n°267 : Bertrand Poirot-Delpech

Février 2007

Bertrand Poirot-Delpech est né le 10 février 1929 à Paris. Fils d’un médecin mort alors qu’il n’a pas encore douze ans, il est élevé par sa mère avec quatre frères et sœurs. Elève au collège Stanislas puis au lycée Louis Le Grand jusqu’en khâgne, il est entré au journal Le Monde en 1951 assurant pour commencer la rubrique universitaire. Elu à l ‘Académie française le 10 avril 1986, il s’est éteint à Paris en novembre 2006.

 

Issu d’un milieu universitaire comptant des médecins, des professeurs, des juges, des inventeurs, la plupart d’entre eux ont été reconnus et récompensés. Les origines géographiques de la quatrième génération font état du département du Bas-Rhin, de Paris et du Loiret, élargies à la cinquième génération à la Seine-Maritime, au Rhône et à la Moselle.

 

Un nom composé et des parents illustres.

C’est un jugement du 3 juillet 1885 du Tribunal civil de première instance de la Seine qui a homologué un décret du Président de la République daté du 8 avril 1884 qui a autorisé Louis Ferdinand Octave Henri Poirot (n° 4) à ajouter à son nom patronymique celui de « Delpech » et à s’appeler à l’avenir « Poirot-Delpech » au lieu de « Poirot ». Cette mention figure en marge de l’acte de naissance n° 1663 établi le 8 décembre 1883 à la mairie du 7ème arrondissement  de Auguste Henri Ferdinand Jean Poirot (n° 2) né le 5 décembre ; le père de l’enfant concerné est accompagné de Arthur Henri Roberts et Antoine Louis Edouard Léon Poirot, caissier, demeurant rue du Cherche Midi n° 83, âgé de 32 ans.

C’est ainsi que le 29 avril 1913 on assiste au mariage des parents de Bertrand Poirot-Delpech, Auguste Henri Ferdinand Poirot-Delpech (n° 2) et Berthe Eugénie Marie Jeanne Hauvette (n° 3) en présence de André Chantemesse, professeur à la Faculté de médecine, commandeur de la Légion d’honneur, Guillaume Limon, Sénateur des Côtes du Nord, oncle du marié, Marie Michelin épouse Hauvette, tante de la mariée, elle-même sœur des célèbres Edouard et André Michelin, et Eugène Rolland, trésorier payeur général honoraire, chevalier de la Légion d’honneur, oncle de la mariée.

 

Les Poirot, du département du Bas-Rhin.

Le 23 janvier 1883 a été célébré le mariage de Louis Ferdinand Octave Henri Poirot (n° 4), natif de Saverne (Bas-Rhin), et de Thérèse Augustine Delpech (n° 5), native de Paris. Le mariage fut précédé d’un contrat de mariage passé devant maître Courot, notaire à Paris, le 22 janvier 1883 ; les époux étaient accompagnés de Alexis Gast, conseiller à la Cour de cassation, officier de la Légion d’honneur, Charles Veyrac, agent de change, Albert Lacroix Saint Pierre, Député, administrateur du chemin de fer d’Orléans, officier de la Légion d’honneur, et Adrien Delahante, propriétaire. La naissance de leur premier né, le père de Bertrand Poirot-Delpech, en 1883 a été suivie de trois autres naissances, celle de Auguste Ferdinand Pierre Poirot né le 20 mars 1885 à Paris 7ème, Marie Thérèse Poirot née en 1889, et Thérèse Elisabeth Marie Madeleine Poirot née le 3 janvier 1894, mariée le 28 novembre 1917 à Paris 8ème avec Jean Adolphe Léonce Curnier (1892-1974), décédée le 20 juillet 1955 à Marolles-sur-Seine (Seine-et-Marne), alliance qui allie la famille de Alfred Fabre-Luce (1899-1983), homme de lettres.

 

La famille Delpech installée à Paris au début 19ème siècle.

L’acte de naissance du 5 août 1818 enregistrant la naissance de Auguste Louis Dominique Delpech (n° 10) survenue le 3 à dix heures du matin au domicile de ses parents, rue du Bac n° 138, Blaise Marguerite Delpech (n° 20), docteur en médecine, et de Marie Thérèse Le Bœufnoir (n° 21). Le père déclare la naissance accompagné de deux docteurs en médecine, Louis Bertrand Lamothe, rue Saint Martin n° 228, et Jean Baptiste Joseph Bousquet, rue Taranne n° 7. Auguste Louis Dominique Delpech (n° 10) est particulièrement connu pour ses discours prononcés les 5 et 12 avril 1870 autour de l’hygiène des crèches. Son travail lui valut d’être fait officier de la Légion d’honneur.

 

Albert Antony Amette, grand-oncle employé au Ministère de l’Instruction publique.

Albert Antony Amette, sous-chef de bureau au Ministère de l’Instruction publique, âgé de 51 ans en 1856, demeurant rue Cassette n° 37, qualifié de « grand-oncle maternel » de Louis Victor Amédée Hauvette (n° 6) lors de la rédaction de son acte de naissance du 12 janvier 1856. Le second témoin est Parant Desbarres Pierre François, propriétaire. Albert Antony Amette est né le douze Floréal an douze  de Paul Stanislas Amette (n° 52) et de Madeleine Caillier (n° 53), et a épousé le 20 mars 1834 à Paris 10ème arrondissement ancien Augustine Sophie Marine Amare, née le 28 mars 1816 de Jean Augustin Amare et de Marie Catherine Gérardot ; le mariage religieux fut célébré le même jour, paroisse Saint Germain des Prés.

 

François Xavier Kretz, administrateur des manufactures de l’état.

Le 11 mai 1885 à la mairie du sixième arrondissement eut lieu la célébration du mariage de Louis Victor Amédée Hauvette (n° 6) et de Françoise Anne Pauline Berthe Kretz (n° 7). Le futur est « maître de conférences à la faculté des lettres » et demeure rue Monsieur le Prince, au collège Stanislas, avec ses père et mère. La future est domiciliée elle aussi avec ses parents, François Xavier Kretz (n° 14) et Jenny Françoise  Rolland (n° 15), rue de Rennes n° 66 ; le père est « administrateur des manufactures de l’Etat et officier de la Légion d’honneur et ingénieur du service central des constructions de l’administration des Tabacs ». Le mariage fut précédé de la signature d’un contrat de mariage passé par devant maître Tollu, notaire à Paris le 2 mai 1885. Le mariage civil eut pour témoins « Maurice » Hauvette, alors capitaine d’artillerie domicilié à Orléans (Loiret), frère du marié ; Albert Rolland, propriétaire au 66 rue de Rennes, oncle de l’épouse – ce dernier a déclaré la naissance de sa nièce en 1864, il était alors « rentier rue Pernelle n° 12 » ; Eugène Rolland, receveur des Finances à Péronne (Somme), aussi oncle de la future ; et Auguste Himly, doyen de la faculté des Lettres, membre de l’Institut, officier de la Légion d’honneur, avenue de l’Observatoire.

 

Louis Eugène Hauvette dit Besnault, bibliothécaire à l’Ecole normale de médecine.

Claire Enole Amette (n° 13) est née au domicile des parents, à l’Ecole de médecine, le 10 janvier 1832 sur le onzième ancien arrondissement de Paris. C’est sur ce même arrondissement que son mariage fut célébré le 4 septembre 1852 avec Louis Eugène Hauvette dit Besnault (n° 12). A cette époque, Louis Eugène Hauvette (n° 12) est bibliothécaire de l’Ecole normale au 45 rue d’Ulm ; il est le fils naturel né le 15 février 1820 à Malesherbes, dans le département du Loiret, de Anne Geneviève Hauvette (n° 25). Le mariage fut précédé de la signature d’un contrat de mariage passé devant maître Le Tavernier, notaire à Paris, le 12 août 1852. C’est à la demande de Mme Hauvette demeurant alors au 51 rue Monsieur le Prince à Paris que l’acte de mariage fut reconstitué, elle présenta alors le certificat du mariage religieux, la copie des actes de naissance des époux et le certificat notarié.

 

Auguste Marie Amédée Stanislas Amette, secrétaire de la faculté de médecine.

Leur union fut suivie de la naissance d’au moins trois enfants : 1° Maurice Paul Amédée Hauvette né le 10 février 1854 à Paris douzième ancien ; 2° Louis Victor Amédée Hauvette (n° 6) né le 10 janvier 1856 ; et 3° Geneviève Chariclée Eugénie Hauvette née le 2 janvier 1857 à Paris onzième ancien.

En 1854 et 1857, Louis Eugène Hauvette (n° 12) est agrégé de l’Université, et Bibliothécaire de l’école normale supérieure de médecine. En 1885, il est dit « professeur à l’Ecole des Hautes Etudes et Chevalier de la Légion d’honneur ».

Auguste Marie Amédée Stanislas Amette (n° 26) est présent à la naissance de son petit-fils Maurice Paul Amédée Hauvette en 1854, il est alors qualifié de « secrétaire de la faculté de médecine de Paris et Chevalier de la Légion d’honneur ». Il est secondé par Louis Antoine Guignard, 56 ans, propriétaire au 25 rue de l’Est, résidence du couple Hauvette-Amette.

 

Mariage à Saint Sulpice à Paris.

Augustin Marie Amédée Stanislas Amette (n° 26), âgé de 24 ans, employé au Ministère des Affaires ecclésiastiques et de l’Instruction publique, domicilié 11 rue de la Michodière, paroissien de Saint Roch, fils de Paul Stanislas Amette (n° 52) et de Madeleine Caillier (n° 53), a épousé le 8 avril 1826 religieusement en l’église Saint Sulpice à Paris, Adèle Enole Séraphine Pillet (n° 27), âgée de 20 ans, sans profession, domiciliée 10 rue de Condé, fille de Fabien François Pillet (n° 54) et de Marie Eléonore Rolland (n° 55). L’acte de mariage civil fut reconstitué à la demande du maire de Versailles formulée le 14 janvier 1874, rétabli dans la séance du 7 février 1874 sur présentation d’un document renseigné et qui précise les dates et lieux de décès des parents des mariés, décès survenus après 1826 ; le mariage civil fut célébré le 6 avril 1826 à la mairie du onzième arrondissement ancien de Paris et précédé d’un contrat de mariage passé devant maître Dulong, notaire à Paris.

Les futurs sont accompagnés en l’église Saint Sulpice Louis Marie Guillon Lebaillée, Joseph Duverney, Edmé François Herbault et Jean Baptiste Leroy.

 

Richesse des actes de l’état civil parisien reconstitués.

Augustin Marie Amédée Stanislas Amette (n° 26) est née le 1er Fructidor an 10, soit le 19 août 1802 sur le deuxième arrondissement ancien de Paris. Il est minuit un quart, au 493 place des Nations, division de Pelletier, lorsque naît un petit garçon dont les parents, Paul Stanislas Amette (n° 52) et Madeleine Caillier (n° 53), se sont épousés le 20 Ventôse an 08. Le père qui déclare cette naissance est accompagné de Jacques Auguste Duverney, employé, demeurant rue des Victoires Nationales n° 4, division des Halles aux bleds, 33 ans, et de Marie Nicole Chamerois, femme Caron, 40 ans, demeurant rue des Saussayes n° 12, division du Roule.

On apprend donc par le document présenté pour la reconstitution du mariage célébré en 1826 que Madeleine Caillier (n° 53) est décédée le 21 janvier 1851, et Paul Stanislas Amette (n° 52), employé au Ministère et officier de la Légion d’honneur, le 11 mars 1851, à leur domicile au 11 rue de la Michodière à Paris. Fabien François Pillet (n° 54) s’est éteint le 23 février 1855 à Passy, qualifié « homme de lettres », il est peut-être l’auteur d’un article paru dans le numéro 240 du « Journal de Paris » du 28 août 1819 en réaction au tableau de Géricault intitulé « le radeau de la Méduse ». Marie Eléonore Rolland (n° 55) est décédée le 3 décembre 1855 à Nice, actuel département des Alpes-Maritimes.

 

Un oncle, Consul de France en Sardaigne.

Adèle Enole Séraphine Pillet (n° 27) est née le 17 Messidor an 13 correspondant au 6 juillet 1805 au n° 8 Grande Rue de Chaillot, 1er arrondissement ancien. Elle fut baptisée le 26 octobre 1805, paroisse Saint Pierre de Chaillot. Fabien François Pillet (n° 54), homme de lettres,  est mort en 1855 âgé de quatre vingt deux ans et quatre mois ; il est né à Lyon (Rhône) de Jean Baptiste Pillet (n° 108) et de Marie Sigoneau (n° 109). Deux de ses fils, Gustave Fabien Pillet et Léon François Raymond Pillet ont déclaré son décès. Le premier, ne vers 1802, est chef de division au Ministère de l’Instruction publique et demeure à Paris, rue Saint Dominique Saint Germain n° 40 ; le second, est né vers 1803, Consul de France en Sardaigne, momentanément à Paris, rue de la Paix n° 8.

Gustave Fabien Pillet a épousé Marie Clémence Bisset dont au moins deux filles. L’aînée, Marie Clémence Laure Pillet est née le 11 juillet 1826 à Paris 2ème ancien et est décédée le 9 mai 1899 à Paris 17ème, veuve de « Albert Mathieu Bazard » ; le mariage a été célébré le 19 août 1847 . La deuxième née, Marie Emma Enole Pillet, est née le 19 janvier 1828 à Paris ; elle a épousé le 21 mai 1850, paroisse Saint Thomas, Jean Henri Marcellin Vera dont au moins deux fils : Gustave Vera, architecte, et Henri Vera, agent de fabrique. Marie Emma Enole Pillet épouse Vera est décédée le 23 mai 1901 à Paris 8ème.

 

Des attaches dans le Bas-Rhin et en Moselle.

Le mercredi 18 juin 1862 fut célébré par le maire du septième arrondissement de Paris le mariage de François Xavier Kretz (n° 14), alors qualifié « ingénieur du service central des constructions des tabacs, âgé de trente-un ans, né à Schlestadt (Bas-Rhin) le 28 juillet 1830, demeurant à Paris, avenue de Latour Maubourg n° 11, auparavant rue Jacob n° 51, fils majeur de Michel Kretz (n° 28), marchand de fer, et de Marie Anne Schnebelé (n° 29), propriétaire, tous deux domiciliés à Schlestadt, consentant au mariage de leur fils par un acte passé devant maître Kling le 15 juin 1862. Le 18 juin 1862 a été passé devant maître Dufour, notaire à Paris, le contrat de mariage.

La future épouse, Jenny Françoise Rolland (n° 15), est native aussi du département du Bas-Rhin. Sa naissance figure dans les registres de l’état civil de Strasbourg à la date du 12 février 1841, elle est domiciliée en 1862 avec ses parents au 21 rue de Bellechasse. Elle est la fille de Eugène Rolland (n° 30), directeur général de la Manufacture des Tabacs, officier de la Légion d’honneur, et de Françoise Pougnet (n° 31). Les futurs sont accompagnés du côté de l’époux, de François Kretz, ingénieur demeurant à Saverne (Bas-Rhin), oncle, et Pierre Charles de Drême, administrateur de la Manufacture des Tabacs, chevalier de la Légion d’honneur, ami ; du côté de l’épouse, de Maximilien Pougnet, membre du Conseil Général de la Moselle, domicilié à Lindroff (Moselle), oncle, et Jean Victor Poncelet, Général de Génie, membre de l’Institut, Grand officier de la Légion d’honneur, ami. De cette union sont nés au moins deux enfants : Françoise Anne Pauline Berthe Kretz (n° 7) et Paul Maurice Kretz né le 2 juin 1866 à Paris 4ème. Ce dernier épousa le 18 octobre 1898 à Paris 10ème Marie Elisa Prieur.

 

Une union entre cousins germains.

Eugène Rolland (n° 30), à l’initiative des plans de la Manufacture des tabacs de Strasbourg édifiée entre 1848 et 1851, est l’inventeur du torréfacteur, de la théorie des régulateurs isochrones et d’un procédé de fabrication de la soude ; il fut nommé membre de l’Académie des Sciences. Il est le fils de Joseph Dominique Jean Baptiste Félix Rolland (n° 60), propriétaire à Metz où ce dernier était né le 13 juin 1783, et de Joséphine Barbe Cécile Rolland (n° 61), elle-même née à Metz le 15 février 1784. Le mariage eut lieu à Metz le 25 Frimaire an 13, soit le 26 novembre 1804 ; ils étaient cousins germains. En effet, Joseph Dominique Jean Baptiste Félix Rolland (n° 60) est le fils de Joseph Dominique Rolland (n° 120), décédé à Metz le 19 Prairial an 11, soit le 8 juin 1803, et de Barbe Guelte (n° 121), décédée au même lieu le 3 octobre 1792 ; le mariage Rolland-Guelte fut célébré le 29 avril 1783 à Saint Victor (Moselle). Quant à Joséphine Barbe Cécile Rolland (n° 61), elle est la fille de Jean Baptiste Dominique Rolland (n° 122) et de Marie Anne Cécile Loiseau (n° 123), mariés le 29 avril 1777 à Lesse Chenois (Moselle). Joseph Dominique Rolland (n° 120) et Jean Baptiste Dominique Rolland (n° 122) sont frères natifs de Rémilly et fils de Joseph Rolland et de Anne Gillet mariés le 28 novembre 1747 à Luppy.

 

Sources :

Archives de Paris 5Mi1.119 ; 5Mi1.201 ; 5Mi1.219 ; 5Mi1. 370 ; 5Mi1.879 ; 5Mi1.2012 ; 5Mi1.2228 ; 5Mi2.129 ; 5Mi2.226 ; 5Mi3.569 ; 5Mi3.574 ; 5Mi3.1155 ; 5Mi3.1157 ; 5Mi3.1168 ; D.6j1672 ;

 

Remerciements :

Madame Marianne Greco-Vulcu.