Logo

GéMagazine n°266 : Madeleine Daniélou

Janvier 2007

Madeleine Daniélou, née Clamorgan - Grande figure du XXe siècle

Madeleine Daniélou est décédée le 13 octobre 1956. Le cinquantième anniversaire de sa mort a été une occasion de redécouvrir une grande figure du XXe siècle qui descend d’une vieille famille de la noblesse normande.

 

Parcours  de Madeleine Clamorgan.

Madeleine Clamorgan est née le 16 novembre 1880 à Mayenne, dans le département du même nom. Elle a douze ans lorsque la famille s’installe au Tonkin, où Louis Pierre Charles Clamorgan (n° 2), son père, est en poste. De 1895 à 1898, Madeleine fait ses études à Brest avant de s’inscrire au collège Sévigné à Paris – premier établissement secondaire laïque pour jeunes filles créé en France en 1880. Elle y obtint son certificat d’aptitude à l’enseignement secondaire en 1902, puis son agrégation où elle fut reçue « première » en 1903. Enseignante, elle est la Fondatrice de l’Ecole normale catholique, des écoles Charles-Péguy et des institutions Sainte-Marie à Neuilly-sur-Seine et à Passy, elle est aussi l’auteur de « l’Education selon l’esprit et le Livre de la sagesse ». Madeleine Clamorgan a épousé Charles Daniélou, journaliste, député et plusieurs fois ministre. Elle est la mère du cardinal Jean Daniélou et du musicologue hindouiste Alain Daniélou ; elle eut pour gendre, Georges Izard, avocat et académicien.

 

Un père, général de brigade, un frère « Mort pour la France ».

Louis Pierre Charles Clamorgan (n° 2) est né à Valognes (Manche) le 22 septembre 1845 d’une famille de vieille souche normande. Elève à l’Ecole militaire de Saint-Cyr, ses états de services le signalent lieutenant d’infanterie en 1870. Il part pour la Cochinchine de 1887 à 1889, puis revient en France, plus précisément à Cherbourg en décembre 1889. Il est reparti pour la Cochinchine en 1892 et participa à la campagne du Tonkin jusqu’en 1895. Nommé colonel en septembre 1897, il fait une nouvelle campagne au Tonkin de 1897 à 1899. Promu général de brigade en août 1900, il part pour une troisième campagne au Tonkin en 1903, où il décède en septembre 1904. De son mariage célébré à Saint-Maur-des-Fossés le 2 juillet 1878 avec Lucie Cuzon (n° 3), il eut Jean Clamorgan né le 13 juillet 1879 à Mayenne, décédé à Brest à l’âge de seize ans, Madeleine Clamorgan (n° 1), Pierre Clamorgan, né le 5 octobre 1882 à Saint-Maur-des-Fossés, artiste peintre et musicien, conservateur du musée Jacquemart-André à Paris, décédé célibataire le 20 avril 1923 à Valognes, Paul Clamorgan né le 28 juillet 1885 à La Rochelle, prêtre, curé de Notre Dame de Lorette et de Saint Pierre de Chaillot, décédé le 12 novembre 1953 à Paris 16ème, et Michel Marie Clamorgan né le 23 octobre 1894 à Brest, soldat au 26ème bataillon de chasseurs à pied, mort au combat le 8 octobre 1914 à Boulogne-la-Grasse (Oise). Madeleine Clamorgan par son mariage avec Charles Daniélou est la seule à avoir eu une descendance.

 

D’une vielle famille de la noblesse normande.

La famille de Clamorgan est connue depuis le XIe siècle. Charles Jacques Louis de Clamorgan (n° 16) a épousé le 9 mai 1769 à Valognes (Manche) Marie Anne Félix Caillemer (n° 17). De cette union sont nés au moins trois garçons, Louis Charles Pierre (1770-1839), Jean Baptiste (n° 8) et Théodore Malo Dieudonné né en 1774. Bourgeois de Valognes et imprimeur libraire, comme son père, Charles Jacques Louis de Clamorgan est le fils de Jacques de Clamorgan (n° 32) et de Louise Le Breton (n° 33). Jacques Clamorgan (1703-1755) a épousé le 12 février 1732 Louise Le Breton (1708-1788) qui lui a donné cinq filles et sept garçons.

L’ascendance de Clamorgan se poursuit avec Joachim de Clamorgan (n° 64) qui s’allia par deux fois, en premières noces avec Elisabeth Giot dont une fille, en secondes noces, avec Renée Le Baron (n° 65), dont trois garçons et une fille. Puis avec Jacques de Clamorgan (n° 128) qui épousa le 2 mars 1667 à Caen (Calvados) Jacqueline Guiffard (n° 129) qui lui a donné trois fils ; avec Robert de Clamorgan (n° 256) qui s’allia le 1er mars 1628 à Valognes (manche) avec Scholastique Le Parmentier (n° 257) dont deux garçons ; avec Jean de Clamorgan (n° 512), époux de Françoise Angot (n° 513). La généalogie est ainsi remontée de génération en génération jusqu’à un dénommé Raoul de Clamorgan, seigneur de Rauville, vivant en 1095 dans l’actuel département de la Manche.

 

Madeleine Clamorgan, fervente catholique, épouse Charles Daniélou, anticlérical.

Le 27 juillet 1904, Madeleine Clamorgan (n° 1) épouse Charles Léon Claude Daniélou, journaliste, homme de lettres et homme politique. Le mariage fut célébré à la mairie du 16ème arrondissement de Paris. Madeleine Clamorgan enterra son père quelques semaines plus tard ; en effet, Louis Clamorgan (n° 2) alors général de brigade s’est éteint à Hanoï, au Tonkin le 13 septembre 1904. Madeleine va donner naissance à six enfants, quatre garçons et deux filles, les quatre aînés nés à Neuilly-sur-Seine, les deux derniers à Locronan. L’aîné Jean Daniélou deviendra cardinal, le deuxième né, Alain Daniélou, sera musicologue, le troisième garçon, François Daniélou, né le 6 janvier 1912, s’est marié par deux fois et est décédé quelques jours après sa seconde union, le 4 juillet 1957, le quatrième né, Louis Daniélou, est né le 24 septembre 1914, a épousé le 13 juillet 1937 à Paris 8ème avec Claude Lassudrie-Duchéne, et est mort en mer le 24 septembre 1942. La dernière née, Marie Daniélou, épouse de Jean Hainglaise, a vu le jour le 11 septembre 1917 et s’est éteinte aux Lilas (Seine-Saint-Denis) le 8 septembre 1975.

 

La famille Daniélou dit daniélou des Bois dans le département du Finistère.

La famille Daniélou est originaire de Bretagne, plus précisément du Finistère. Charles Léon Claude Daniélou est né le 13 juillet 1878 à Douarnenez (Finistère). Il est le fils de Eugène Daniélou (1834-1897), négociant, ancien maire de Douarnenez, et de Marie Poulouin.

La généalogie Daniélou est connue depuis un certain Denis Daniélou, agriculteur à Plonévez-Porzay (Finistère). Le fils né de Marie-Thérèse Hémon, appelé Daniélou des Bois, fut notaire à Pouldergat, puis procureur fiscal de l’île Tristan, au large de Douarnenez, administrateur du district de Pont-Croix et juge de paix du canton de Douarnenez. Le petit-fils, Jean Marie Daniélou dit Daniélou des Bois, notaire comme lui, épousa la fille d’un capitaine au long cours, Marie Anne Dumoulin, native de Camaret sur Mer.

 

Jean Daniélou, cardinal.

Jean Guénolé Louis Marie Daniélou est né le 14 mai 1905 à Neuilly-sur-Seine. Il suivit ses études à l’Institut catholique de Paris ; agrégé de grammaire en 1927, docteur en philosophie et en théologie, il est entré dans la Compagnie de Jésus le 20 novembre 1929. Il fut ordonné prêtre le 24 août 1938. Professeur à l’Institut catholique de Paris, titulaire de la chaire des « origines chrétiennes », il fut reçu le 22 novembre 1973 à l’Académie française, au fauteuil du cardinal Tisserand. Jean Daniélou, archevêque de Taormina en Italie, fut nommé cardinal par le pape Paul VI en avril 1969.

 

Alain Daniélou connu sous le nom de Shiva Sharan.

Alain Daniélou est né à Neuilly-sur-Seine le 4 octobre 1907. Peintre, musicien, chanteur, danseur, Alain Daniélou a donné des récitals et fait des expositions ; il a connu les poètes Jean Cocteau et Max Jacob, a côtoyé Jean Marais, Stravinsky et Maurice Sach. Sportif, il sera champion de canoé et participa en 1934 à un raid automobile reliant Paris à Calcutta. Lors d’un voyage avec le photographe suisse Raymond Burnier, il se fixe en Inde, à Bénarès, sur les bords du Gange où il a découvert la culture traditionnelle de l’Inde. Pendant quinze ans, il va étudier la musique, le Hindi, le Sanskrit et la philosophie. Connu sous le nom de Shiva Sharan, Alain Daniélou fut nommé professeur à l’université hindoue de Bénarès et directeur du collège de musique indienne en 1949. Membre d’honneur de l’Ecole Française d’Extrême-Orient en 1943, Directeur de la bibliothèque de manuscrits et des éditions sanskrites d’Adyar à Madras en 1954, membre  de l’Institut Français d’Indologie de Pondichéry en 1956, Alain Daniélou revient en France pour y créer en 1963 l’Institut International d’Etudes Comparatives de la Musique, organisant concerts, en publiant des collections de disques de musiques traditionnelles sous l’égide de l’UNESCO. Personnalité de l’année 1989, sa vie a été jalonnée de récompenses nationales et internationales ; européen, ses dernières années ont été partagées entre Rome, Lausanne, Berlin et Paris. Il est décédé le 27 janvier 1994 en Suisse.

 

Catherine Daniélou épouse Georges Izard, académicien.

Catherine Daniélou, la troisième née du couple Daniélou-Clamorgan, fut membre du cabinet du général de Gaulle ; elle fut aux affaires sociales après la Libération. Elle a épousé le 3 août 1929 à Locronan Georges Izard. Ce dernier est né le 17 juin 1903 à Abeilhan (Hérault) d’un père directeur d’école de Béziers, Emile Izard, et de Blanche Portal. Avocat, directeur du cabinet de Charles Daniélou en 1926 et député du département de la Meurthe-et-Moselle en 1936. Résistant, il s’est éloigné de la politique à la fin des années 40 et revint au barreau. Auteur de plusieurs essais, Georges Izard fut élu à l’Académie française le 11 février 1971 et fut reçu par Pierre-Henri Simon le 18 novembre de la même année. Il s’est éteint le 20 septembre 1973 à Paris 7ème.

De leur union descend au moins Emmanuelle de Boysson, écrivain et critique, arrière-petite-fille de Charles et Madeleine Daniélou.

 

Née de père et mère inconnus.

Amélie Beaumont-Bourdon (n° 7) est née de père et de mère inconnus. L’acte de notoriété servant d’acte de naissance établi à la date du 18 mai 1843 précise qu’elle fut adoptée par un capitaine d’infanterie, Etienne Bourdon dit Bourdon de La Couturerie (n° 14). Ce dernier épousa le 14 août 1850 à Paris 1er ancien Geneviève Victorine Brizard, native de Paris, fille de Jean Marie Brizard et de Edmée Sophie Lelarge.

L’acte de notoriété fut établi pour le mariage de Amélie avec Louis Cuzon (n° 6) célébré le 15 avril 1844 à Paris 11ème arrondissement ancien. La famille Cuzon est connue depuis Pierre Michel Cuzon (n° 24), procureur au siège présidial de Quimper, Finistère. Louis Cuzon (n° 6) et Amélie Beaumont-Bourdon (n° 7) eurent au moins deux enfants : Etienne Cuzon Du Rest né le 10 août 1845 à Paris 2ème arrondissement ancien qui fut avocat et sous-préfet, et Lucie (n° 3), la mère de Madeleine Clamorgan.

 

Bibliographie :

« A la découverte de leurs racines » de Joseph Valynseele et Denis Grando. Seconde série. ICC 1994. [chapitre consacré au cardinal Daniélou].

« Who’s Who in France – XXe siècle – 1900-2000 » Editions Jacques Lafitte Paris.2001.

http://www.perso.ornage.fr/michel.leconte/dat37.htm

http://www.jhecquet.free.fr/fhecquet/dat52.htm