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GéMagazine n°201 : Raymond Peynet

Février 2001

Le père des Amoureux

Le mois de février est le mois des Amoureux. Afin de les fêter, nous avons choisi de rendre hommage au père des Amoureux, Raymond Peynet, disparu en1999 à l'âge de 90 ans. C'est au printemps 1942 que Raymond Peynet crée son couple d'Amoureux: " un jeune homme aux allures de musicien des années 30, portant cheveux longs et chapeau melon, arborant une lavallière, et sa compagne, jeune fille au chignon sage et à l'air timide, dont il dira ensuite qu'il s'était inspiré des traits fins de sa propre épouse, Denise, au nom prédestiné puisqu'elle était née demoiselle Damour " [Le Monde / samedi 16 janvier 1999 / Carnet / Disparitions signé Yves-Marie Labé].

 

Un couple d'Amoureux.

Raymond Peynet, grand dessinateur et père des Amoureux, est mort le jeudi 14 janvier 1999 à l'hôpital de Mougins, dans les Alpes Maritimes. Son inspiratrice, Denise Damour, un nom prédestiné pour vivre un grand amour, son épouse durant 66 ans, l'avait précédé en 1996. Raymond Peynet est né à Paris; ses parents arrivaient d'Auvergne. Le père, Antoine Peynet (n°2), est originaire de Montaigut en Combrailles, la mère, Isabelle Amélie Bard (n°3), de Brassac les Mines, deux villes du Puy de Dôme. L'année de ses neuf ans il reçut une boîte de couleurs, ce qui amorça chez lui le goût pour le dessin. Son penchant pour la peinture fit que ses parents acceptèrent de l'inscrire aux cours de l'Ecole des Arts appliqués à l'Industrie.  Son œuvre est variée et compte entre autres des dessins humoristiques, des encarts publicitaires, des affiches, des fresques, des pochettes de disque, mais aussi des décors de théâtres et des costumes. Il illustra des ouvrages tels que "Un chapeau de paille d'Italie" et "Le voyage de M. Perrichon" de E. Labiche ; il fit paraître des recueils de dessins - six mille dessins - tant parus à l'étranger qu'en France, mais ce qui le rendit célèbre c'est le petit couple d'amoureux qu'il dessina pendant la seconde guerre mondiale. Son œuvre est présente au musée d'Antibes, au musée de Brassac les Mines, village natal de sa mère, mais aussi à Kuruisawa et à Hiroshima au Japon. En 1985, il créa un timbre pour le musée de la Poste de Paris - en 2000, la Poste a repris le thème du kiosque à musique des amoureux de Peynet, représentant le kiosque à musique de la ville de Valence et qui est devenu monument historique. Il écrivit le scénario d'un long métrage "le Tour du monde des amoureux de Peynet", sur une musique d'E. Morricone, et réalisé à Rome en Italie. Il reçut de nombreuses distinctions vineuses, et devint en 1987, Commandeur des Arts et Lettres. La Monnaie de Paris édita une médaille à l'effigie de Peynet.

 

Les Peynet en Auvergne.

La famille Peynet est  connue depuis Magdelet Peynet (n°32), vivant avec son épouse Marguerite Martin (n°33) au Quartier dans le département du Puy-de-Dôme. Leur fils, Annet Peynet (n°16) y a vu le jour le 30 janvier 1761. Son décès survenu le 16 avril 1842, chez Cotas au Youx, fut suivi d'une déclaration de succession rédigée au bureau de l'Enregistrement de Montaigut en Combrailles. Sept de ses enfants sont alors mentionnés et donc vivants: 1° Jean Peynet, né vers 1808; 2° Pierre Peynet; 3° Saturnin Peynet; 4° Gilbert Peynet, né vers 1811; 5° François Peynet; 6° autre Pierre Peynet (voir ascendant n°8); et 9° une fille prénommée Marie.

Pierre Peynet (n°8) est né le 23 juillet 1814 à Youx. Son mariage fut célébré au même lieu le 24 janvier 1843 avec Geneviève Montrigaud (n°9), une payse née sur le village de Montchojoux. Elle lui donna onze enfants, tous nés à Youx de 1843 à 1866, excepté la petite dernière: 1° Blaise Peynet né le 9 novembre 1843; 2° Jean Peynet (voir ascendant n°4); 3° Delphine Peynet née le 16 avril 1847; 4° Marie Peynet née le 7 avril 1849; 5° André Peynet né le 16 mars 1851; 6° Pierre Peynet né le 14 août 1855; 7° Maria Peynet née en 1858; 8° Jean Baptiste Peynet né le 28 mars 1860; 9° Marie Madelaine Peynet née le 22 juillet 1861; 10° Geneviève Peynet née le 18 août 1864; et 11° Marie Céline Peynet née le 22 juin 1866 à Montaigut en Combrailles.

Jean Peynet (n°4) s'allia le 18 juin 1874 à La Crouzille avec Anne dite Eugénie Baladier, native de cette commune. Le couple s'installa à Montaigut en Combrailles dès 1875; neuf enfants vont y voir le jour de 1875 à 1890: 1° Marie Peynet née le 3 mai 1875; cette dernière s'éteignit le 15 décembre 1962 à Monthou sur Bièvre (Loire et Cher), épouse d'un monsieur Sibille; 2° Antoine Peynet (voir ascendant n°2); 3° Marie Madelaine Peynet née le 19 novembre 1878; 4° Anne Peynet née le 11 mai 1880; 5° Marie Victoire Peynet née le 19 avril 1882; 6° Marie Louise Peynet née le 23 août 1884; 7° Léonie Claire Peynet née le 11 août 1886; 8° Claire Peynet née le 7 septembre 1888; et 9° Gabriel Peynet né le 4 septembre 1890.

 

Un jugement pour acte de naissance.

Antoine Peynet (n°2) est né le 10 décembre 1876 à Montaigut en Combrailles. Les registres de l'Etat civil de la commune de Montaigut en Combrailles ne renferment pas son acte de naissance; il semble qu'il y ait eu un oubli. L'acte est remplacé par un jugement rendu par le tribunal civil de Riom en date du 11 février 1897. Il épousa le 2 juillet 1904 à Brassac les Mines Isabelle Amélie Bard (n°3).  Antoine Peynet, alors garçon de recettes, est domicilié sur le 4ème arrondissement de Paris. Son registre matricule donne successivement les adresses suivantes: Brassac les Mines (1900), 8 rue Geoffroy Lasnier Paris 4ème (1903), 58 rue de l'Hôtel de Ville Paris 4ème (1905), 12 quai de Passy Paris 16ème (1907) où naîtra Raymond Peynet en 1908, 9 avenue Kléber Paris 16ème (1910) et 14 rue du Petit Thouars[1] Paris (1914 et 1919). Il fut libéré des obligations militaires en 1922.

Raymond Peynet fut semble-t-il fils unique. De son union avec Denise Damour, il eut une fille Annie, épouse de François Druet, et qui lui donna deux petits-enfants, Sophie et Marc.

 

Les Bard, de Brassac les Mines.

Les Bard sont localisés au village de Roche-Brezins, sur la commune de Auzat sur Allier, à la fin du XVIIIème siècle. Jean Bard (n°48) et Jeanne Boubon (n°49) eurent au moins un fils, Pierre Bard (n°24) qui y vit le jour le 24 septembre 1780. Le mariage de ce dernier fut célébré à Lamontgie le 8 février 1799 avec Marguerite Cheyroux (n°25), native de la commune de Auzat sur Allier. Trois enfants seulement ont été répertoriés: 1° Jeanne Bard née le 5 janvier 1806; 2° Pierre Bard fils (voir ascendant n°12); et 3° Jean Bard né le 2 avril 1811. Pierre Bard fils (n°24) meurt le 21 juillet 1830; la déclaration de succession fut rédigée au bureau de l'Enregistrement de Saint Germain Lembron le 6 décembre de la même année. Deux de ses enfants sont héritiers: Jean et Pierre. Pierre Bard (n°12) est alors l'époux de Madeleine Adam (n°13), une payse. Cette dernière lui donna au moins quatre enfants, tous quatre cités comme héritiers de leur père au bureau de l'Enregistrement de Jumeaux en 1890: 1° Jean Bard (voir ascendant n°6); 2° autre Jean Bard qui s'allia avec une demoiselle Biscuit; 3° Madelaine Bard; et 4° Pierre Bard. La mère de Raymond Peynet avait au moins un frère, Jean Ernest Bard né le 13 mars 1874 au village de Solignat, commune de Brassac les Mines, et qui s'éteignit le 4 janvier 1962 à Corbeil-Essonnes (Essonne).

 

De la Crouzille à Ars les Favets.

Le mariage Baladier-Sauvanet fut célébré à Ars les Favets le 11 novembre 1813. Les futurs avaient pourtant tous deux vu le jour à La Crouzille, Antoine dit Annet Baladier (n°20) le 6 juillet 1793 et Marguerite Sauvanet (n°21) le 1er avril 1793. Nés la même année, ils étaient peut-être promis l'un à l'autre dès cette époque. Leurs deux aînées, Anne Baladier et Marie Baladier, sont nées à Ars les Favets, respectivement les 20 février 1815 et 30 avril 1817. Quatre naissances furent ensuite enregistrées dans l'Etat civil de La Crouzille: Antoine Baladier (voir ascendant n°10), Geneviève Baladier, le 5 juin 1823, Gabrielle Anne Baladier le 7 décembre 1825, et Gilbert Baladier le 14 avril 1829.

Antoine Baladier (n°10) a épousé la fille naturelle de Marie Périer (n°23), originaire comme sa mère de Virlet, Marie Périer (n°11). Le mariage fut célébré le 21 novembre 1847 à La Crouzille. Marie Baladier, la première née, a vu le jour en 1846, avant le mariage de ses parents. Suivirent Gilbert Baladier né en 1848, Jean Baladier né en 1850, Anne Baladier née en 1852, et Anne dite Eugénie Baladier (voir ascendant n°5).

 

Cultivateurs au village de Peillerat.

Jacques Roussel (n°56) et Marie Raynard (n°57) étaient cultivateurs au village de Peillerat, sur la commune de Brassac les Mines. Jean Roussel (n°28), leur fils y vit le jour en 1796. Celui-ci épousa le 12 juin 1822 à Mauriat, Marie Chalchat (n°29) du village d'Escoularoux, fille de Antoine Chalchat (n°58) et de Marthe Raymond (n°59). Les registres de l'Etat civil de Brassac les Mines renferment deux naissances, celle de Jacques Roussel à la date du 28 juin 1823 et celle de Jean Roussel (voir ascendant n°14).

Jean Roussel fils (n°14) est né et décédé à Brassac les Mines. Son mariage y fut aussi célébré le 21 janvier 1852 avec Louise Jurie (n°15), union dont est issue une seule fille, Marie dite Amélie Roussel (n°4). Louise Jurie (n°15) avait au moins un frère cadet, Pierre Jurie. Fils et fille de Pierre Jurie (n°30) et de Marie Tixidre (n°31), mariés le 4 juillet 1831 à Charbonnier les Mines. Tous les représentants de ces familles sont cultivateurs.

 

Conservateur du cimetière d'Auteuil.

Quel beau nom que celui de Damour. Père des Amoureux, Raymond Peynet épousa donc une demoiselle Damour qui lui servit de muse et d'inspiratrice. Denise Alice Jeanne Damour est née à Paris le 17 août 1903. Ses parents étaient tous deux nés à Paris, Charles Alexandre Damour, le 1er novembre 1876 sur le 15ème arrondissement, et Jeanne Justine Jeanjean, le 2 mai 1880 sur le 3ème arrondissement. Son père exerçait la profession de typographe tout comme ses deux grands-pères d'ailleurs.

Léon Alexandre Damour, grand-père paternel, épouse le 9 août 1873 Léontine Henriette Loué, née le 14 octobre 1854 à Châtillon, actuellement dans les Hauts-de-Seine. Il n'a pas été passé de contrat. Le futur époux fut accompagné de Louis Marie Damour, âgé de 60 ans, rentier et demeurant rue de l'Hippodrome n°98, son oncle, et de Victor Georges Clément Morinet, blanchisseur, âgé de 34 ans, rue d'Aguesseau n°86 à Boulogne, son beau-frère. Deux oncles accompagnent la promise, Louis Léon de Bourguet, nourrisseur, âgé de 49 ans, demeurant rue Bouret n°15, et Etienne Léon Debout, lunettier, 42 ans, demeurant rue de Belley n°30. Louis Victor Loué et Catherine Henriette Danet sont journaliers et demeurent avec leur fille rue de Cambronne à Paris. Quant à la famille Jeanjean, elle arrive de Lodève dans l'Hérault. Le mariage Jeanjean-Métral eut lieu dans la capitale le 10 mai 1879. Les parents du futur, Pierre Jeanjean et Magdeleine Justine Hugounenq, sont restés au pays; le père y est plâtrier. Il fut d'ailleurs demandé par trois actes respectueux dressés par maître Gentien, notaire à Paris, et notifiés par maître Roux, notaire à Lodève les 26 novembre 1878, 10 janvier et 28 février 1879, le consentement des parents du futur. Emélie Louise Métral est employée en comptabilité à Paris, et ce en 1879. Elle est la fille naturelle de Louise Métral qui était marchande fleuriste. Cette union Jeanjean-Métral fut précédé de la signature d'un contrat de mariage dressé le 8 mai 1879 devant maître Gentien; les témoins furent quatre amis, Jean Baptiste Libonis, Léon Joseph Charlot, Jean Victor Damey, et Marie Aimé Alphonse Gazay.

La famille Lebert ou Le Bert se déplace de Rouen (Seine-Maritime) vers la capitale entre 1813 et 1835. Virginie Lebert est qualifiée de blanchisseuse, tandis que son père François Marie Lebert, est fondeur en cuivre.

Virginie Lebert (n°9) épouse donc le 24 janvier 1835 à Auteuil, commune qui fut rattachée à Paris en 1859, Charles Antoine Damour (n°8), qui est alors menuisier. Le père du futur, Antoine Charles Damour (n°16) est blanchisseur.  Lorsque se marient le 9 août 1873 Léon Alexandre Damour (n°4) et Léontine Henriette Loué (n°5), Charles Antoine Damour (n°8) est dit conservateur du Cimetière d'Auteuil. La famille Damour sont alors domiciliés avenue Desclos.

 

Origines et professions.

Raymond Peynet a des origines auvergnates, à part une inconnue, le numéro 22 de son ascendance. Denise Damour a des origines parisiennes (Auteuil), lodévoises et rouennaises. On compte également une inconnue, le numéro 14.

Les ascendants de Raymond Peynet sont localisés dans de petits villages ou hameaux, et sont essentiellement cultivateurs. On les trouve aussi qualifiés de journaliers et de domestiques: un milieu rural modeste.  Le bassin charbonnier donnera même pour un temps du travail.

Les ascendants de Denise Damour sont concentrés dans des villes, souvent chefs-lieux d'arrondissement, un milieu somme toute citadin. Les professions rencontrées sont ouvriers, artisans, mais aussi journaliers. Le père de Denise Damour fut Gérant de journal après avoir été typographe, ses grands-pères seront eux-mêmes typographes, tandis que ses grands-mères sont qualifiées mécanicienne et employée comptable. Les femmes de la génération précédente seront blanchisseuse, journalière et marchande de fleurs. Leurs époux, menuisier avant d'être conservateur de cimetière, journalier et plâtrier.

Une espérance de vie élevée puisque l'âge moyen au décès pris quelque soit la génération est supérieure à 60 ans. Raymond Peynet est décédé âgé de 90 ans, son épouse, Denise Damour, âgée de 93 ans.

 

Bibliographie:

" Peynet de tout cœur " . Editions Hoëbeke 1987 . Préface de Max Favalelli.

 

Sources:

Etat civil. Communes du Puy de Dôme et de l'Allier. Recherches effectuées par Isabelle Malfant-Masson, Etude Généalogique, La Ribeyre Haute 43000 Polignac.

Etat civil Paris. recherches effectuées par Myriam Provence, Etude Généalogique, 29 rue Tandou 75019 Paris.

 

[1]  il s'agit peut-être du Président-Mithouard Paris 7ème.