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GéMagazine n°258 : Valéry Giscard d'Estaing

Avril 2006

Artisan de la construction européenne - Président de la Convention européenne en 2001

L’Europe est aujourd’hui une réelle puissance économique dans le monde grâce en particulier à la valeur de l’Euro même s’il est parfois encore difficile de se faire à cette nouvelle monnaie. Bien qu’émis pour les particuliers en 2002, c’est toutefois dès 1986, il y a maintenant vingt ans, que Valéry Giscard d’Estaing en collaboration avec le chancelier allemand Helmut Schmidt, a mis en place le Système Monétaire Européen et le Comité pour l’Union Monétaire de l’Europe.

Valéry Giscard d’Estaing, qui vient de fêter ses 80 ans, compte, à l'instar de Robert Schuman, au nombre des artisans de la construction européenne. Valéry Giscard d’Estaing a vu le jour le 2 février 1926 en Allemagne, à Coblence, où son père est alors directeur des services financiers du Haut Commissariat français en Rhénanie juste avant que celui-ci ne quitte le service public.

 

Député du Puy-de-Dôme en 1956.

On connaît l’attachement de Valéry Giscard d’Estaing pour la région d’origine de la famille de son père. En effet, Edmond Giscard d’Estaing (n° 2) est né le 29 mars 1894 à Clermont-Ferrand.

Ses grands-parents paternels, Valéry Giscard (n° 4) et Louise Monteil (n° 5) sont tous deux nés dans le département du Puy-de-Dôme, le premier à Saint Amant Tallende, la seconde, à Clermont-Ferrand. Ses deux arrière-grand-mères, Marie Anne de Lussigny (n° 9) et Charlotte Ansaldi (n° 11) sont elles aussi nées dans ce département, respectivement à Ambert et à Clermont-Ferrand.

A la cinquième génération, quatre de ses 16 quartiers ont vu le jour dans le Puy-de-Dôme, Gilberte Cousin de La Tour Fondue (n° 17) native de Saint Amant Tallende, Joseph de Lussigny (n° 18), originaire d’Ambert, Bernardine Beille (n° 19) et Madeleine dite Mélanie Berthier (n° 21, toutes deux nées à Clermont-Ferrand.

Valéry Giscard d’Estaing, alors Inspecteur des Finances après des études à l’Ecole Polytechnique et l’ENA, a été élu député du Puy-de-Dôme en 1956, l’année de ses trente ans et fut à la tête du Conseil régional d’Auvergne depuis 1986.

 

Le nom d’Estaing ajouté au nom Giscard.

Auparavant, le 17 décembre 1952, il avait épousé à Paris 8ème Anne-Aymone Sauvage de Brantes. De cette union sont nés quatre enfants Valérie-Anne, Henri, Louis-Joachim et Jacinte. Valéry Giscard d’Estaing a eu comme frère et sœurs : Sylvie, Olivier, Isabelle et Marie-Louise. Tous ont porté et/ou transmis le patronyme Giscard d’Estaing.

En effet, si le grand-père paternel est nommé seulement Giscard, le père de Valéry Giscard d’Estaing, Edmond Giscard d’Estaing, tout comme le frère de ce dernier, René Giscard d’Estaing - marié à la petite-fille de Sadi Carnot, président de la république - ont été autorisés à ajouter le nom « d’Estaing » au nom de « Giscard » par décrets des 17 juin 1922 et 16 janvier 1923. Ils reprenaient ainsi le nom d’une aïeule, Lucie Madeleine d’Estaing, ascendant n° 35, dans l’arbre simplifié. La famille d’Estaing est largement présentée dans l’Armorial du Pays d’Oc à partir de Guillaume d’Estaing vivant au début du XIIIème siècle.

 

Les Giscard, famille protestante de Marvejols.

Les origines plus anciennes de la famille Giscard sont en Lozère, dans la région Languedoc-Roussillon, plus précisément à Marvejols où vivent Pierre Giscard (n° 32), négociant, et son épouse, Marie Louise de Julien de Mories (n° 33). La famille Giscard compte au nombre des familles protestantes au XVIIème siècle. En effet, le protestantisme s’est manifesté dans la région de Marvejols où les guerres de religion y furent qualifiées de « violentes ». Après l’Edit de Nantes, on installe à Marvejols même une place de sûreté et de nombreux temples y furent construits.

Le premier ancêtre le plus lointain trouvé est un certain François Giscard qui épousa la petite-fille d’un pasteur en 1632, Jeanne Guyot. Huguenots, les Giscard sont devenus catholiques au moment de la révolte des camisards commencée dès juillet 1702 qui mit à feu et à sang pendant deux ans la région.

Pierre et Marie Louise Giscard (n°32 et n° 33) ont eu au moins un fils Martial Giscard (n° 16) qui vit le jour à Marvejols le 5 juillet 1796 (13 Messidor an IV selon le calendrier républicain). Celui-ci se maria à Saint Amant Tallende, dans le Puy-de-Dôme, avec Gilberte Cousin de La Tour Fondue (n° 17), eut un fils, Théodore Giscard (n° 8), à Brioude, dans la Haute-Loire, et s’éteignit à Paris. Martial Giscard (n° 16) est celui par lequel la famille est passée de la Lozère au Puy-de-Dôme.

 

Des ancêtres italiens installés à Clermont-Ferrand.

Les Monteil, famille limousine, sont localisés en Corrèze, à Bort-les-Orgues. Antoine Monteil (n° 20), pharmacien à Bort-les-orgues où il est né mais aussi où il décéda, épousa le 7 décembre 1840 à Clermont-Ferrand Madeleine dite Mélanie Berthier (n° 21), la fille d’un libraire de Clermont-Ferrand, Edmé Berthier (n° 42). L’installation de la famille Monteil à Clermont-Ferrand se fit avec Edmond Monteil (n° 10) par son alliance avec Charlotte Ansaldi (n° 11).

Les Rodde, famille auvergnate localisée dans le Cantal, sont installés à Marcenat, dans l’arrondissement de Saint Flour. Bernardine Rodde (n° 23) épousa Guillaume Ansaldi (n° 22), natif de Florence, en Italie, fils d’un propriétaire, Félix Ansaldi (n° 44) et de Charlotte Clerico (n° 45). Guillaume Ansaldi a vu le jour à Florence le 8 mars 1817. Négociant, il sera Juge au Tribunal de Commerce et conseiller municipal de Clermont-Ferrand, ville où il s’est éteint le 27 mars 1881.

 

Huit quartiers, huit départements, huit régions.

Les huit quartiers de la branche maternelle à la cinquième génération ont des origines éparpillées sur huit départements : Allier, Haute-Vienne, Aveyron, Hérault, Loiret, Drôme, Mayenne et Paris. Huit départements, mais aussi huit régions : Auvergne, Limousin, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Centre, Rhône-Alpes, Pays de La Loire et Paris. Les familles sont installées dans les villes comme Moulins, Limoges, Millau, Montpellier, Orléans, Valence, Laval et Paris. Ce phénomène s’explique par les charges exercées par les uns et les autres. Ainsi Jacques Bardoux (n° 24), qui est directeur des Contributions indirectes, est né à Moulins où son père, Joseph Bardoux (n° 48) était employé au Cadastre, se marie à Bourges en 1828 où il est employé des Contributions indirectes, et s’éteint à Clermont-Ferrand. C’est d’ailleurs à Bourges que naquit Agénor Bardoux (n° 12) le 16 janvier 1829 qui fut Ministre de l’Instruction publique. Ou bien encore, Pierre Picot (n° 56), notaire à Neuville-aux-Bois, dans le Loiret, qui nommé Avoué près le tribunal de 1ère Instance de la Seine, emmène sa famille à Paris, après un passage à Orléans. Paris où son fils Charles Picot (n° 28), conseiller à la Cour d’Appel de Paris, épouse le 30 avril 1822 une parisienne, Henriette Bidois (n° 29), fils de Michel Bidois (n° 58), administrateur des finances au royaume de Naples sous Murat.

 

Prédestiné à la vie politique.

Le père et l’oncle de Valéry Giscard d’Estaing sont entrés en politique quittant ainsi la magistrature représentée au XIXème siècle par Théodore Giscard (n° 8) et Georges Picot (n° 14), magistrats, et par Edmond Monteil (n° 10) et Agénor Bardoux (n° 12), avocats, tous quatre ascendants de la quatrième génération. Le père, Edmond Giscard d’Estaing (n° 2) fut maire de Chanonat de 1935 à 1947, il y est d’ailleurs décédé en 1982.  L’oncle, René Giscard d’Estaing fut conseiller d’Etat.

Par sa mère, May Bardoux (n° 3), Valéry Giscard d’Estaing compte entre autres deux sénateurs et députés du Puy-de-Dôme, son grand-père maternel, Jacques Bardoux (n° 6), et son arrière-grand-père maternel, Agénor Bardoux (n° 12).

Agénor Bardoux (n° 12) fut aussi Ministre de l’Instruction publique comme le fut Camille Bachasson de Montalivet (n° 31). Prédestiné à la vie politique, Valéry Giscard d’Estaing a été ministre de l’Economie et des Finances à plusieurs reprises, puis plus jeune Président de la République en 1974.

 

Bibliographie :

« A la découverte de leurs racines » de Joseph Valynseele et Denis Grando. ICC1988.

« Histoire familiale des hommes politiques français » Archives & Culture 1997.

« Les Présidents » Georges et Janine Hémeret. Socadi 1986.

« Les Présidents de la République Française et leur famille » de Michel Sementéry. Editions Christian1982.