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GéMagazine n°254 : François Périer

Décembre 2005

« Jacqueline Porel et François Périer » - Un couple de comédiens

Gabriel Marie François Pillu dit « François Périer » et Jacqueline Renée Parfouru dite « Jacqueline Porel » se sont mariés le 12 août 1941 à Neuilly-sur-Seine. Si leur destin les a un temps réunis dans la vie, ils ont l’un et l’autre étaient comédiens avant tout. Jacqueline Porel commença à tourner dès 1935 avec « Les beaux Jours », François Périer débuta au cinéma  dans « L’Hôtel du Nord » de Marcel Carné en 1938. Avec trente-cinq films à son actif, Jacqueline Porel, est une « enfant de la balle », fille et petite-fille de comédiens, elle compte, en effet, dans son ascendance « Porel » et « Réjane ».

 

Les origines géographiques des ascendants de Jacqueline Porel, à la quatrième génération, se situent en Basse-Normandie, dans les arrondissements de Saint-Lô et de Coutances, dans le Nord-Pas-de-Calais, dans l’arrondissement de Valenciennes, en Poitou-Charentes, dans l’arrondissement de Bressuire, et en Bretagne, dans l’arrondissement de Vannes, voire à la génération précédente dans l’arrondissement de Belle Ile. Une branche est originaire du canton de Genève, en Suisse.

 

Jacques Parfouru dit Jacques Porel, le père, un des derniers « boulevardiers ».

Surnommé par Proust « Porel le Léger », appelé aussi « Divan le Terrible » par les maris jaloux, Jacques Porel était le fils de Porel, jadis propriétaire de trois théâtres, le « Vaudeville », le « Réjane » et le « Paris » et de Réjane, une grande actrice de son temps à l’instar de Sarah Bernhardt. On dit qu’il ignorait le sens du mot « travail » bien qu’il écrivit un livre en deux tomes intitulé « Fils de Réjane ». Il termina sa vie dans une chambre rue Cambon dans le premier arrondissement de Paris.

Maréchal des logis au 102ème régiment d’artillerie lourde au décès de son père, survenu le 4 août 1917 en leur domicile au 28 rue Washington, Jacques Porel épousa l’année suivante Anne Marie Duval-Foulc (n° 3), femme divorcée d’un négociant Robert Bernard Paul Marie Bellanger.

 

Désiré Paul Parfouru dit Porel, le grand-père, Directeur du Théâtre National de l’Odéon.

Désiré Paul Parfouru dit Porel (n° 4) fut nommé chevalier de la Légion d’honneur par décret du 9 juillet 1886 rendu sur le rapport du Ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts. Les insignes lui furent remises le 9 septembre 1886 par François Coppée, de l’Académie Française, lui-même chevalier de la Légion d’honneur. Porel se présente de la manière suivante « Comédien depuis 1862, j’ai créé cent pièces signées des noms les plus illustres de la Littérature contemporaine. J’ai publié « l’Histoire de l’Odéon » en deux volumes […] j’ai dirigé le second théâtre français complètement à cause de la longue maladie de mon associé. En 1884, je suis nommé directeur intérimaire. En janvier 1885 directeur du second Théâtre français ».

Alors qu’il n’a pas été possible d’obtenir une copie de l’acte de naissance de Porel car l’état civil de la ville de Saint-Lô compte de nombreuses lacunes, le dossier de Légion d’honneur de Porel renferme un extrait des registres de l’état civil de la ville de Saint Lô établi le 30 juillet 1886. On y apprend que le père de Porel, Paul Dominique Parfouru (n°8) est menuisier rue du Pré de Bas, section du Mesnilcrocq, et que sa mère, Aimée Joséphine Le Tessier (n°9) – écrit en deux mots – est native de Lessay, dans le département de la Manche.

Veuf en premières noces de Mathilde Lucie Annette Legeay depuis le 25 décembre 1882, Porel a épousé le 8 février 1893 sur le huitième arrondissement de Paris Gabrielle Charlotte Réju dite Réjane. Les futurs sont accompagnés de Georges de Porto Riche (1849-1930), Homme de lettres, chevalier de la Légion d’honneur, de Eugène Perruche Libersac, artiste dramatique, de Gaston Bérardi, Directeur de l’Indépendance Belge, officier de la Légion d’honneur, et de Edmond Laurens, compositeur de musique, tous quatre amis des époux. Un contrat fut passé devant maître Louis Ernest Segond, notaire à Paris, le 7 février 1893. Un jugement de divorce fut rendu le 11 décembre 1905 par le Tribunal Civil de la Seine.

 

Les origines normandes.

Désiré Paul Parfouru dit Porel (n° 4) est bien né le 25 octobre 1843 à saint Lô, dans le département de la Manche. Ses parents, Paul Dominique Parfouru (n° 8) et Aimée Joséphine Letessier (n° 9) s’étaient mariés dans la commune de naissance de la future, à Lessay, le 22 février 1843.

Paul Dominique Parfouru (n° 8) est alors qualifié de « menuisier », son père, Dominique Parfouru (n° 16), de « charpentier ». Tous deux travaillent le bois. Sa mère, Elisabeth Françoise Jacqueline (n° 17) est décédée le 21 octobre 1842 à saint Lô ; l’année est lacunaire et le décès n’a pas été trouvé – on peut penser qu’il s’agit d’une « enfant trouvée » car, dans certaines régions, il était de coutume de donner trois prénoms le dernier servant de nom de famille.

On trouve la famille Letessier installée à Lessay à la fin du XVIIIe siècle. La naissance de François Letessier (n° 18) a été enregistrée dans les registres des naissances de Lessay le 14 octobre 1796. Le couple Letessier-Guillet y demeurera jusqu’à leurs décès, François Letessier (n° 18) s’y éteindra le 11 avril 1887, sa veuve, Aimée Marguerite François Guillet (n° 19), le 23 juin 1890. Les grands-parents maternels de Aimée Joséphine Letessier (n° 9), Jean Baptiste Guillet (n° 38) et Catherine Marguerite Lerouge (n° 39) y sont qualifiés de « cultivateurs » l’année du mariage de leur fille, Aimée Marguerite Françoise Guillet (n° 51). Son union a, en effet, été célébrée à Lessay le 1er mai 1824 avec François Letessier (n° 18), alors domestique et fils d’un père décédé, Louis Letessier (n° 36) et de François Jeanne Marie Barbey (n° 37). Par contre, la future est elle native de La Feuillie où elle est née le 22 septembre 1797.

 

Brevet de chevalier de la Légion d’honneur remis à la famille le 19 juin 1920.

Artiste dramatique, Gabrielle Charlotte Réju dite Réjane (n° 5) fut nommée chevalier de la Légion d’honneur par décret du 15 janvier 1920 rendu sur le rapport du Ministre de l’Instruction Publique et des beaux-Arts. Le brevet fut établi le 19 juin 1920 soit quatre jours après sa mort, il fut donc remis à la famille par la personne que Réjane avait choisie, monsieur Bonnat, Membre de l’Institut, Grand Croix de la Légion d’honneur, Membre du Conseil de l’ordre et Directeur de l’Ecole nationale des Beaux-Arts. Dans les renseignements fournis, Réjane spécifie qu’elle est « artiste dramatique » et qu’elle fut pendant onze années directrice de Théâtre Réjane.

Réjane est née le 6 juin 1856 sur le cinquième arrondissement de Paris. Son acte de naissance fut reconstitué à la demande d’un ami de l’artiste, monsieur Derrer qui était alors domicilié au 3 rue des Vosges. Celui-ci produisit deux documents, premièrement l’acte de baptême qui fut célébré en l’église saint-Martin des Champs, et l’acte de mariage des parents, cérémonie civile qui eut lieu le 17 novembre 1855 à Neuilly. L’acte de mariage figure bien dans les registres de Neuilly. Le père de Réjane, Charles Edmond Bernard Réju (n° 10), est inspecteur général de l’Hippodrome à Neuilly, natif de Beuvrages dans le Nord, il est veuf de Rose Debacker. Cette dernière est décédée à Solesmes (Nord) le 17 septembre 1849. Les parents du futurs, Louis François Joseph Réju (n° 20) et Sophie Josèphe Herbager (n° 21), alors marchands de vin à Valenciennes, consent à son mariage par un acte passé devant maître Boduin, notaire. La mère de Réjane, Adèle Alphonsine Bernou (n° 11) demeure avec sa propre mère au Rond Point de l’Etoile à Neuilly. Native des Deux-Sèvres, elle est la fille de Joseph Bernou (n° 22) décédé à Thouars le 2 février 1850, et d’Adèle Arnault (n° 23). Les époux sont accompagnés d’Alphonse Arnault, régisseur, d’Alphonse François Arnault, artiste dramatique, et de Pierre Célestin Arnault, directeur de l’Hippodrome.

 

Réfugiés à Genève pour cause de religion.

La famille Plantamour fut active dans le grand négoce. Localisée à Châlons-sur-Saône en 1697, cette famille se réfugia à Genève au XVIIIème sicèle pour cause de religion. Elle s’est illustrée avec, entre autres, Philippe Plantamour (1816-1898), chimiste et physicien, et son frère, Emile Plantamour (1815-1882), astronome.

Pauline Plantamour (n° 13) a épousé David Jacob Duval-Foulc (n° 12) dont elle eut trois enfants : Philippe Louis né vers 1844, Théodore né vers 1849, tous deux qualifiés d’agents de changes et domiciliés à Genève en 1888, et Emile Duval-Foulc (n° 6). Lors de la célébration du mariage en date du 3 octobre 1888, Emile Duval (n° 6) est accompagné de ses deux frères. Par un jugement du 15 mars 1909 du tribunal de 1ère instance de Genève, le nom Duval est remplacé par Duval-Foulc.

La naissance de son épouse Marguerite Adrienne Peyre-Foulc (n° 7) est enregistrée à Poissy (Yvelines) sous le nom de Peyre. Ses parents, Alexandre Louis Peyre (n° 14) et Aimée Françoise Marie Cordier (n° 15), s’étaient mariés avant 1855 à Caen (Calvados). Orpheline de père au remariage de sa mère en 1874, elle fut adoptée par son beau-père, Paul Antoine Edmond Foulc, fils d’Eugène Foulc et de Irma Zoé Nègre, et de par le jugement d’adoption s’appela désormais Peyre-Foulc.

 

Si l’ascendance de Jacqueline Porel compte un grand nombre de comédiens, celle de François Périer ne compte comme artiste qu’un artiste peintre, Adolphe Louis Lefèvre (n° 10). Elève du Cours Simon, François Périer s’est illustré sur les planches et au cinéma. Commandeur des Arts et des Lettres, il a reçu le Grand prix national du théâtre en 1977 et un Molière d’honneur en 1988. Père d’Anne-Marie Périer, journaliste, il s’est réjoui de l’union de sa fille avec Michel Sardou, plus d’un siècle après que Victorien Sardou, auteur de « Madame Sans Gêne », mit en scène Réjane.

 

Les origines géographiques des ascendants de François Périer, à la quatrième génération, se situent en Bourgogne, plus précisément dans les arrondissements de Sens et de Villeneuve-sur-Yonne, en Champagne-Ardenne, dans l’arrondissement de Nogent-sur-Seine, en Alsace, dans l’arrondissement d’Altkirch. Une branche est localisé dans la province du Brabant, en Belgique.

 

De Villeneuve-sur-Yonne à Paris.

Le 27 août 1882 à la mairie du 5ème arrondissement se sont épousés Jules Edouard Pillu (n° 4) et Sophie Marie Clémence Lefèvre (n° 5).

Jules Edouard Pillu (n° 4) est accompagné de deux de ses frères, Anatole Dominique Pillu, graveur, âgé de trente sept ans, et Emile Armand Pillu, comptable, âgé de trente deux ans, tous deux domiciliés à Paris.

Le mariage d’Anatole Dominique Pillu, graveur, avait été célébré le 26 mai 1868 dans la même mairie. Cet acte de mariage nous dit que le marié est né le 1er juillet 1844 à Villeneuve-sur-Yonne. Son épouse, Thérèse Augustine Vuillaume est née le 18 avril 1848 à Nancy (Meurthe-et-Moselle) de Narcisse André Vuillaume et de Claudine Françoise Augustin. Le futur est là aussi accompagné d’un frère, Léopold Pillu, graveur à Paris, âgé de vingt deux ans, et d’un oncle, Antoine Pillu, âgé de quarante ans, marchand de vin à Gentilly. Anatole Dominique Pillu est décédé le 4 août 1883 laissant une veuve qualifiée alors de libraire au 15 rue Rollin.

 

Amand Ernest Michon, de retour à Marcilly-le-Hayer.

Prudent Nicolas Michon (n° 12) est décédé le 21 janvier 1893 à Marcilly-le-Hayer. Huissier, il laisse une veuve, Aglaé Victorine Maget (n° 13) et trois enfants : Eugénie Claire Clotilde née le 17 octobre 1854, Amand Ernest, et Louise Clémence née le 22 juin 1859. Le couple a eu une autre fille prénommée Marie Catherine dont la naissance fut enregistrée le 24 juillet 1862.

Son épouse lui survivra et demeurera jusqu’à son décès avec ses deux filles restées célibataires et qualifiées de « couturières-modistes » rue de la Croix de la Chèvre à Marcilly-le-Hayer. Elles figurent toutes trois aux recensements de 1896, 1901 et 1906. A partir de 1911, seules les deux sœurs demeurent au 51 de la dite rue ; elles y sont encore en 1921, mais plus en 1926. 1921, est l’année où l’on retrouve le couple Michon-Münch, de retour à Marcilly-le-Hayer. Ils sont encore nommés en 1926, mais en 1931, Amand Ernest Michon (n° 6) est seul. Au recensement de 1936, il habite avec sa nouvelle épouse, Anne Sautt.

Prudent Nicolas Michon (n° 12) est né le 27 août 1827 à Dierrey Saint Pierre. Le mariage de ses parents y avait été célébré le 5 juin de l’année précédente. Edmé Nicolas Michon (n° 24), qualifié de manouvrier, est né le 1er prairial an 05, soit le 20 mai 1797 à Villecerf, hameau de la commune de Messon. Reine Ursule Fraisine Raton (n° 25) a vu le jour à Dierrey le 8 Pluviôse an 11, soit le 28 janvier 1803. Les familles Maget-Godier sont de Saint Maurice aux Riches Hommes, dans le département de l’Yonne ; Jean Marie Maget (n° 26) y est né le 17 Fructidor an 09 soit le 4 septembre 1801. Le mariage Maget-Godier n’a pas été célébré à Marcilly-le-Hayer bien que trois de leurs enfants y soient nés : 1° Eugène Elphège Arsène Florimond le 9 avril 1826 ; 2° Amand Apollinaire Théophile le 13 mai 1827 ; et 3° Aglaé Victorine (n° 13) le 25 juin 1830.

 

D’Alsace, plus précisément du Sundgau, pays du sud de l’Alsace.

Lutter, commune du Haut-Rhin, est le berceau des familles Münch et Sanschagrin. Elisabeth Münch (n° 7) y est née le 3 décembre 1857. Le mariage des parents, François Joseph Léger Münch (n° 14) et Elisabeth Sanschagrin (n° 15) fut précédé de la signature le 16 mai d’un contrat passé devant maître Grandchamps, notaire à Ferrette.

A la génération précédente, Blaise Münch (n° 28), épousa après son veuvage survenu le 12 juin 1833, Marie Elisabeth Hertinat.

Le patronyme Stehlin alias Stehelin apparaît de nombreuses fois. Ainsi Blaise Münch (n° 28) a épousé en premières noces Barbe Stehlin (n° 29), cette dernière fille d’André Stehlin (n° 58) et de Suzanne Stehlin (n° 59). Puis Jacques Sanschagrin (n° 60) a épousé Anne Marie Stehlin (n° 61), et Nicolas Bloch (n° 62), Anne Stehlin (n° 63).

Très ancienne famille du Sundgau, la famille Stehlin a essaimé à Bâle, en Suisse, dès le XVIème siècle. Une branche, toutefois, est revenue s’installée en Alsace. Un certain Sébastien Stehlin, journalier, est cité à Lutter en 1766 [voir « Les vieilles familles du Sundgau » d’André Ganter et Christophe Grudler. Editions Alsace. Tome 1. 1992].

 

Sources :

Archives de Paris – Etat civil reconstitué parisien avant 1860 et état civil depuis 1860.

Archives nationales – Dossiers de légion d’honneur LH2051/47 et LH2289/26.

Recherches à Paris et aux archives départementales de l’Aube effectuées par Myriam Provence.

Archives de la Manche à Saint-Lô – recherches effectuées par David Cosseron.

Archives du Morbihan à Vannes – recherches effectuées par Marie-Hélène Leray.

Archives du Haut-Rhin à Colmar – recherches effectuées par Marie-Claire Juillard.