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GéMagazine n°251 : Louise Michel

Septembre 2005

« La Vierge rouge »

Institutrice avant de devenir la figure emblématique de la Commune de Paris, son premier procès eut lieu à Versailles le 16 décembre 1871. Louise Michel est en effet au nombre de ceux qui paraissent. Dévouée au gouvernement insurrectionnel, Louise Michel a alors trente-six ans. « Petite, brune, le front très développé, puis fuyant brusquement ; le nez et le bas du vidage très proéminents », Louise Michel est toute vêtue de noir. Quelques vingt cinq ans après la Commune, Louise Michel a raconté jour après jour les épisodes qui lui valurent d’être emprisonnée puis déportée en 1873 près de dix ans en Nouvelle-Calédonie. Amnistiée en 1880, Louise Michel a poursuivi jusqu’à sa mort ses activités de militante. Auteur de nombreux poèmes, romans sociaux, elle acheva la rédaction de ses souvenirs en 1898. Morte à Marseille, elle fut Inhumée à Levallois près de sa mère, 2005 est l’année du centenaire de la mort de sa mort.

 

Louise Michel, enfant naturel.

Louise Michel est né de Marie Anne Michel (n° 3) et d’un père non dénommé. Bien que le nom de son père ne soit pas mentionné sur un document officiel à l’instar d’un acte de reconnaissance, il est de notoriété que le père de Louise Michel était soit Laurent Demahis, soit Etienne Charles Demahis ; le premier étant le fils du second. Dans une lettre adressée à Victor Hugo, Louise Michel écrit : « mon père soutenait que j’étais sa sœur et non sa fille ».

Une famille Demahis vivait au château de Vroncourt-la-Côte à la naissance de Louise Michel survenue audit lieu le 29 mai 1830 ; la mère de l’enfant y était servante. La famille Demahis était composée du père, Etienne Charles Demahis, né dans les années 1762, qualifié d’Ecuyer et avocat au Parlement de Paris, de la mère, Louise Charlotte Porquet, née vers 1772, et de trois enfants, Louise Agathe Demahis, née en 1798, de Laurent Demahis, né en 1800, et d’Etienne Charles Demahis né en 1803.

Le père Etienne Charles Demahis, châtelain et maire, s’est éteint à Vroncourt le 30 novembre 1845, son épouse, elle, est décédée le 23 octobre 1850 au même lieu. Louise Michel les appelait grand-père et grand-mère. Des trois enfants, Etienne Charles Demahis est décédé âgé de huit ans, Louise Agathe Demahis a épousé Jules Kinkleton Pelleton et est morte le 23 mars 1847 à Vroncourt, quant à Laurent Demahis, il est dit domicilié à Luzerain, ferme d’Adeloncourt.

 

Un enfant du pays d’Audeloncourt.

Les ancêtres maternels de Louise Michel sont tous nés en Champagne-Ardenne, dans le département de la Haute-Marne, arrondissement de Chaumont. Des origines, somme toute, très concentrées même si elles sont éparpillées sur quatre cantons : Clefmont, Bourmont, Nogent et saint Blin Semilly.

Quoique née et ayant habité à Voncourt-la-Côte, Louise Michel est considérée comme un enfant d’Audeloncourt puisque sa mère était originaire de cette commune et que Louise Michel y fit sa première année d’institutrice dans son école libre ouverte en janvier 1853. Audeloncourt, petit village du Bassigny, à l’est département de la Haute-Marne, est situé au fond d’une petite vallée. C’est dans ce lieu que vivaient les ancêtres maternels de Louise Michel. La famille Michel y est citée dès la fin du XVIIè siècle, à l’instar des familles Bertrand, Crevoisier, Leconte, Beguinot, Ozaine, Alais, Royer, Soulois, Monginot et Thevenot.

Dominique Ozaine (n° 116), décédé le 14 juin 1750 à Audeloncourt, était laboureur à la ferme du Grand Moulin, où le fermier aurait pu être un Flammarion. En effet, depuis la fin du XVIIIè siècle, une partie de la famille Flammarion était implantée dans ce petit village, un nommé Pierre Flammarion vint s’installer à la ferme du Grand Moulin avant la Révolution française.

 

Anne Monginot, enfant naturelle.

Rémonde Monginot (n° 63), née en 1688 à Audeloncourt, fils d’un manouvrier, Jean Monginot (n° 126) et de Françoise Thévenot (n° 127), donna naissance à une petite fille en dehors du mariage : Anne Monginot (n° 31). Lorsque Anne Monginot (n° 31) épouse le 27 octobre 1730 à Audeloncourt Antoine Marchand (n° 30), la future est accompagnée de sa mère. Ses grands-parents maternels étaient tous deux décédés, Jean Monginot avant 1725, Françoise Thévenot, le 16 décembre 1725.

Rémonde Monginot s’est éteinte le 8 juin 1732 à Montigny-le-Roi, sur l’arrondissement de Langres, elle n’eut pas le plaisir d’assister à la naissance de la petite Libaire Marchand (n° 15) en 1745. Moins d’un an après la naissance de l’enfant, Antoine Marchand (n° 30) mourait, plus précisément le 25 juin 1746.

 

Des familles paysannes.

Les ascendants de Louise Michel sont qualifiés de laboureurs à quelques exceptions près. Les femmes sont dites pour la majorité « sans profession » même si le monde agricole, on le sait, doit beaucoup aux femmes, puisqu’elles exerçaient les activités agricoles proches des bâtiments de la ferme, comme par exemple le nourrissage des volailles.

Les Leconte sont « tixiers en toile » de père en fils, et ce sur au moins quatre générations : Joseph Leconte (n° 14), François Leconte (n° 28), Claude Leconte (n° 56) et autre Claude Leconte (n° 112). Les « tixiers en toile » sont des tisserands de toile, ils confectionnaient en général le linge de la famille, les trousseaux, nappes, chemises et draps à partir de lin et de chanvre.

Antoine Marchand (n° 30) est qualifié à son mariage de bourrelier. A son décès, il est dit colleron. En fait, il s’agit de la même profession puisque le colleron est le bourrelier spécialisé dans la fabrication de colliers pour les animaux, c’est-à-dire les pièces de harnais qui entourent le cou.

Quant à François Poirot (n° 54) il est dit charron, puis admodiateur. L’admodiateur est celui qui loue une terre cultivable à ferme, le loyer étant généralement payé pour une part du produit de la récolte.

 

Parenté avec l’éditeur Albin Michel.

Albin Jules Michel (1873-1943) était natif de Bourmont (Haute-Marne) et fils de François Michel et d’Emilie Mayeur, tous deux mariés le 26 novembre 1861 à Bar-le-Duc (Meuse). L’ascendance se poursuit en ligne directe patronymique par :

  • Jean Baptiste Michel, époux de Anne Anastasie Huot;
  • Louis Michel et Marie Madeleine Miellot mariés le 9 novembre 1803 à Levécourt (Haute-Marne) ;
  • François Michel qui épousa le 27 novembre 1752 à Doncourt-sur-meuse (Haute-Marne) Marguerite Beaudoin;
  • Jean Michel et Françoise Gérard mariés le 17 novembre 1722 à Levécourt (Haute-Marne) ;

Pour arriver à François Michel et Marguerite Bertrand qui s’unirent le 2 juin 1687 à Audeloncourt, ascendants n° 48 et 49 de la sixième génération de Louise Michel.

C’est par les Bertrand que Louise Michel est aussi apparentée à Bernard Dimey (1931-1981). Né à Nogent-en-Bassigny, maintenant Nogent tout court (Haute-Marne), installé à vingt cinq ans sur la butte Montmartre à Paris, Bernard Dimey était un poète et un auteur de chansons comme « Mon truc en plume » que chante Zizi Jeanmaire.

 

Bibliographie :

« Leurs ancêtres étaient haut-marnais ». Centre Généalogique de Haute-Marne.

« La Commune. Histoire et souvenirs » de Louise Michel. Nouvelle Edition Paris : La découverte, 1999.