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GéMagazine n°243 : Le Maréchal Lyautey

Décembre 2004

Hubert Lyautey - “ L'homme du Maroc ”

Le Maréchal Lyautey est une des grandes figures de notre histoire contemporaine. L'année 2004 est l'année du cent cinquantième anniversaire de sa naissance. Premier résident général de France au Maroc en 1912, Ministre de la Guerre de décembre 1916 à avril 1917, élevé à la dignité de Maréchal de France en 1921, membre de l'Académie Française à partir de 1912, Commissaire général de l'Exposition Coloniale de 1927, le Maréchal Lyautey fut aussi Président d'honneur du Scoutisme français.

 

Un père, inspecteur des Ponts et Chaussées.

Louis Hubert Gonzalve Lyautey naît le 17 novembre 1854 dans un hôtel particulier de Nancy où résident ses parents. Son père, Léon Just Emile Lyautey (n° 2), ingénieur des Ponts et Chaussées est alors en charge de construire un secteur du canal de la Marne au Rhin. La famille Lyautey est une famille de la grande bourgeoisie franc-comtoise.

L'année précédant la naissance du Maréchal Lyautey, Léon Just Emile Lyautey (n° 2) avait épousé Laurence Charlotte de Grimoult de Villemotte (n° 3), descendante d'une lignée dont les origines normandes sont attestées depuis le XIVe siècle. Le Maréchal Lyautey eut un frère, Raoul Aimé Lyautey (1856-1935) qui épousa en 1888 Charlotte de Bouvier, et une sœur, Blanche Lyautey (1867-1932) qui s'allia en 1889 avec Marie Joseph Maurice de Ponton d'Amecourt (1859-1914) dont elle eut quatre garçons. Ce dernier, né le 31 mai 1859 à Mitau, en Russie, est décédé des suites de blessures de guerre le 27 août 1914 à l'Hôpital militaire de Verdun ; il était Lieutenant Colonel au 1er Régiment de Chasseurs à cheval. Blanche née Lyautey eut aussi la douleur de perdre un fils durant la même guerre, Henri de Ponton d'Amécourt, Lieutenant pilote du 2e groupe d'aviation, tué à l'ennemi le 26 septembre 1916 au Bois de Saint-Pierre Vaast.

Raoul Aimé Lyautey, frère du Maréchal, Colonel de Hussards, eut une fille, Marie Thérèse Lyautey, qui épousa en 1914 Jean Vitu de Kerraoul, et un fils, Pierre Lyautey (1893-1976), Chef d'escadron, Commandeur de la Légion d'honneur, marié à Paris en 1946 avec Andrée de Luze (1902-1973), veuve du Comte Max de Pourtalès.

 

Un mariage tardif.

Si le Maréchal Lyautey a fait de sa vie une aventure, comme beaucoup de militaires, il se maria passé quarante ans. Louis Hubert Gonzalve Lyautey a fait la connaissance d'Inès de Bourgoing (1862-1953), veuve du colonel Joseph Fortoul (1847-1900). Elle est la fille du baron Philippe de Bourgoing (1827-1882), écuyer de Napoléon III, premier inspecteur de Haras, député de la Nièvre, Commandeur de la légion d'Honneur, et de Anna Dollfus qu'il avait épousé en 1856. Les Dollfus sont l'une des familles les plus anciennes de la haute bourgeoisie industrielle d'Alsace. Cette famille est étudiée dans “ Filiations protestantes ” de Eric Bungener [Volume I - France. Tome I. Editions Familiales 1996]. Inès de Bourgoing avait trois enfants de son premier mariage : 1° Antoine Fortoul né en 1881, lieutenant de vaisseau ; 2° Mathieu Fortoul né en 1882, lieutenant de spahis ; et 3° Anne Fortoul (1886-1888).

La cérémonie du mariage entre Louis Hubert Gonzalve Lyautey et Inès de Bourgoing eut lieu le 14 octobre 1909, en l'église Sainte-Clotilde, à Paris. Cette union fut sans postérité.

 

Son corps repose aux Invalides, à Paris.

La passion de sa vie fut l'Afrique du Nord. Bâtisseur et administrateur, le Maréchal Lyautey s'est attaché à restaurer l'autorité de la monarchie marocaine et à doter le pays de structures politiques et économiques. Arrivé comme résident général au Maroc en 1912, il en partira définitivement le 10 octobre 1925. Il fut chargé de l'organisation de l'Exposition coloniale internationale de 1927. Dès son retour en France, Louis Hubert Gonzalve Lyautey s'installe dans son château lorrain de Thorey, devenue “ demeure historique du Maréchal Lyautey ”. Il y a reçu le sultan du Maroc. Le maréchal Lyautey s'est éteint le 27 juillet 1934 à Thorey. Selon sa dernière volonté, son cercueil traversa la mer et mis en terre à Rabat. Toutefois, depuis le 10 mai 1961, son corps repose dans la chapelle de l'Hôtel des Invalides, à Paris.

 

Les Lyautey, famille bourgeoise franc-comtoise.

L'ascendance est connue depuis Hugues Lyautey (n° 256), bourgeois de Roche sur Linotte (Haute-Saône), qui vivait à la fin du XVIe siècle. Il laissa quatre enfants dont probablement Claude Lyautey (n° 128), né vers 1630, allié vers 1650 à Marguerite Liebaud (n° 129), auteur d'une branche qui n'a pas été anoblie et dont descend le Maréchal Lyautey. Un des fils de Claude Lyautey (n° 128), autre Claude Lyautey (n° 64), né à Vellefaux le 21 février 1654, décédé en septembre 1720, épousa Claudine Pirolley (n° 65), née en 1659 et décédée à Vellefaux le 23 mai 1714. Vient ensuite leur fils, Claude Nicolas Lyautey (n° 32), né le 6 décembre 1680 et décédé le 17 août 1758, laboureur à Vellefaux, qui prit comme épouse Jeanne Françoise Roussel (n° 33), native de Noroy le Bourg (Haute-Saône) - dit alors Noroy l'Archevêque. Née en 1691, Jeanne Françoise Roussel (n° 33) s'est éteinte le 21 janvier 1739 à Vellefaux. Leur fils, Claude François Lyautey (n° 16), cultivateur à Vellefaux, y est né le 24 juin 1716 et décédé le 10 mars 1789. De son épouse, Suzanne Druhot (n° 17), il eut au moins Pierre Antoine Lyautey (n° 8).

 

Pierre Antoine Lyautey commence la série des grands serviteurs de l'Etat.

Né à Vellefaux en 1761, mort à Geneuille (Doubs) le 14 septembre 1854, Pierre Antoine Lyautey (n° 8) épousa Anne Josèphe Pique (n° 9). Commissaire Ordonnateur à l'Armée des Alpes, Ordonnateur en Chef à l'Armée de Hollande, il eut cinq enfants : 1° Just Lyautey né à Vellefaux le 1er septembre 1787, capitaine, fut tué à l'ennemi le 22 octobre 1811 et fut fait Officier de la Légion d'honneur ; 2° Hubert Joseph Lyautey (n° 4), grand-père du Maréchal ; 3° Anne Marie dite Maria Lyautey née le 1er décembre 1790 à Vesoul (Haute-saône), mariée avec Charles Beneyton ; 4° Antoine Nicolas Lyautey né le 27 juin 1794 à Besançon (Doubs), Général de brigade d'artillerie, Commandeur de la Légion d'honneur, décédé en 1878 ; et 5° Charles René Lyautey né en 1795, décédé en 1868, Intendant général, Commandeur de la Légion d'honneur, qui épousa en 1865 Jenny Hamelin (1825-1899).

Hubert Joseph Lyautey (n° 4) fut Général de division d'Artillerie, sénateur de l'Empire, Grand officier de la Légion d'honneur. Son seul fils, Léon Just Emile Lyautey (n° 2), préféra faire carrière aux Ponts et Chaussées, mais la fibre militaire fut transmise à ses deux petit-fils, Louis Hubert Gonzalve Lyautey, futur Maréchal, et Raoul Aimé Lyautey, Colonel de Hussards.

 

Des mariages réglés par contrats.

Lors des décès survenus à Paris 7e de Hubert Joseph Lyautey (n° 4) et de Béatrix Jeanne Claire Guillaume (n° 5), les 26 décembre 1867 et le 6 janvier 1889, furent rédigées deux déclarations de succession [A. Paris. DQ8.1689 et DQ.8 1673. DQ7.10489 et DQ7.11907]. Y figurent, entre autres, les mentions des contrats de mariage, de la vente d'une maison située à Besançon en 1849, et des successions de Jean François marie Guillaume (n° 10) et de Marie Antoinette Gaulme (n° 11), respectivement en 1848 et 1860. Hubert Joseph Lyautey (n° 4) épouse par contrat du 3 septembre 1816 passé par devant maître Caseau, notaire à Besançon, une bisontine, Béatrix Jeanne Claire Guillaume (n° 5), fille d'un avocat, juge au Tribunal de Besançon. De ce mariage sont nés trois filles et un garçon : 1° Aimée Antoinette Lyautey (1817-1894), mariée par contrat du 19 novembre 1837 passé par devant maître Malaizé, notaire à Montreuil, avec François Paul Auguste Michelot, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, dont au moins un fils, Gustave Michelot, qui déclare le décès de sa grand-mère maternelle en 1889 ; 2° Léon Just Emile Lyautey (n° 2), né en 1821, marié par contrat du 9 janvier 1854 passé par devant maître Drouet, notaire à Nancy ; 3° Marie Joséphine Lyautey (1824-1916), reçu une dot constituée par sa mère, mariée en 1847 avec Jean Claude Menans, propriétaire au château de Montrambert, à Marpain, dans le Jura ; et 4° Félicie Mathilde Lyautey (1826-1890), mariée par contrat du 13 août 1849 passé par devant maître Potier, notaire à Paris, avec Théodore Didier Delamarre de Monchaux (1824-1883), artiste peintre.

 

D'une lignée dont les origines normandes sont attestées depuis le XIVe siècle

L'ascendance Grimoult est connue depuis Michel Grimoult, écuyer, Sieur de La Motte à Acqueville (Calvados) qui vivait en 1391. Laurence Charlotte Grimoult de Villemotte (n° 3) est la fille du vicomte de Villemotte, Gonzalve Louis Grimoult (n° 6) et de Pauline Charlotte Louise de Lalance alias de La Lance (n° 7). De ses grands-parents paternels, Louis Joseph Grimoult de Villemotte (n° 12) et de Françoise de Paris (n° 13), nous savons qu'ils se sont mariés le 10 juillet 1803 à La Ferté Saint Aubin, dans le Loiret. Louis Joseph Grimoult de Villemotte (n° 12), mort pendant la campagne de Russie, avait un frère, Louis Raoul de Grimoult, comte de Villemotte (1799-1880). Ce dernier épousa en 1841 Louise Elisabeth Tillette de Mautort, veuve de Jacques Gabriel Lecoigneux, marquis de Bélabre. Qualifié à son mariage d'ancien lieutenant au 6e Régiment de Dragons, il y est dit fils de Louis Philippe Grimoult, comte de Villemotte, et de dame Louise Caroline de Paris.

L'ascendance se poursuit avec Jacques Jean Baptiste Philippe Louis de Grimoult (n° 24) dit Grimoult de Villemotte, qui fut baptisé à Esson (Calvados) le 1er mai 1745. Il fut admis en 1760 parmi les pages du duc d'Orléans et épousa sa cousine germaine, Marie Elisabeth Rose Victoire de Beaurepaire de Louvagny (n° 25), fille de Jean Baptiste de Beaurepaire (n° 50) et de sa première épouse, Elisabeth de Cugnac de Ranville (n° 51). Jean Baptiste de Beaurepaire est le frère de Marie Charlotte Antoinette de Beaurepaire (n° 49) [épouse de Jacques Gédéon Grimoult (n° 48), écuyer, Sieur d'Esson], et sont tous deux les enfants de Jacques Charles Alexandre de Beaurepaire (n° 98 et 100), chevalier, seigneur de Louvagny, et de Charlotte Catherine de Saint-Martin (n° 99 et 101).

 

Mademoiselle de Lalance, héritière de Cervic.

Le vicomte Gonzalve Louis Grimoult de Villemotte (n° 6), comme cadet de famille, ne possédait plus de terre en Normandie. Il s'allia en 1830 à Pauline Charlotte Louise de Lalance (n° 7), d'une maison de chevalerie lorraine, qui remonte à Mathieu Lalance (n° 224) allié en 1661 avec Françoise des Oudets (n° 225) qui lui donna au moins trois enfants, Barbe, Anne et Jacques de Lalance (n° 112). Ce dernier épousa la fille d'Alexandre de Perelle (n° 226) et de Claude de Desgres (n° 227), Françoise de Perelle (n° 113), dont au moins François Florimon. François Florimon de Lalance (n° 56) a épousé Marie Louise Frédérique de La Marche (n° 57), fille de Nicolas Alphonse de La Marche (n° 114) et de Eve Rose de Reissen (n° 115), dont au moins un fils, Paul Joseph. Paul Joseph de Lalance (n° 28), épousa le 7 juillet 1772 à Crévic (Meurthe-et-Moselle) Françoise Henriette Catherine de Feriet (n° 29), originaire de Saint Mihiel, dans le département de la Meuse, dont Nicolas Louis Joseph. Nicolas Louis Joseph de Lalance (n° 14) a épousé Marie Charlotte Mathieu de Dombasle (n° 15) fille de Joseph Antoine Mathieu de Dombasle (n° 30) et de Marie Marthe Charlotte Lefebvre de Montjoye (n° 31).

Pauline Charlotte Louise de Lalance (n° 7) fut héritière de Cervic, domaine situé près du canal de la Marne au Rhin. Gonzalve Louis Grimoult de Villemotte (n° 6) et Pauline Charlotte Louise de Lalance (n° 7) résidèrent au fil des saisons ou à Crévic ou à Nancy. Ils eurent : 1° Berthe de Lalance dite “ tante Bébé ” ; 2° Joseph Victor de Lalance (1799-1807) ; 3° Paul Eugène de Lalance (1802-1821) ; 4° Charlotte Louise de Lalance (1809-1809) ; et 5° Pauline Charlotte Louise de Lalance (1810-1869), grand-mère maternelle du Maréchal.

 

Bibliographie :

“ Lyautey ” de Arnaud Teyssier. Perrin 2004.

“ Lyautey l'Africain ou le rêve immolé ” de Benoist Méchin. Clairefontaine, lausanne 1966.

“ Lyautey ” Lieutenant Colonel Ch. Bugnet. Maison Mame, Tours, 1935.

“ Lyautey ” d'André Maurois. Plon. 1931.

“ Recueil généalogique de la bourgeoisie ancienne ” d'André Delavenne. Paris 1954-1955.

“ Les conseillers du Parlement de Normandie sous Henri IV et sous Louis XIII (1594-1640) ” de Henri de Frondeville. Tome III. Picard, Paris, 1964.