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GéMagazine n°250 : Jean Le Fèvre d'Ormesson

Juillet-août 2005

Grand Officier de la Légion d’honneur, Jean d’Ormesson a été élu à l’Académie française le 18 octobre 1973 au fauteuil de Jules Romains. Il y fut reçu le 6 juin 1974. Romancier et chroniqueur, Jean d’Ormesson est né à Paris en 1925.

 

Originaire de l’Ile de France.

Jean Le Fèvre d'Ormesson dit Jean d’Ormesson est issu de l'une des plus illustres familles de la noblesse de robe. Originaire de l'Ile-de-France, cette famille fut anoblie dans la seconde moitié du XVIe siècle. Dix individus de la cinquième génération ont vu le jour à Paris, sous l’Ancien Régime sur les paroisses de Saint Jean en Grève, de La Madeleine, St Germain l’Auxerrois, et pendant la période révolutionnaire sur les premier, cinquième, sixième et dixième arrondissements anciens. C’est ainsi que Marie Henri François de Paule Le Fèvre d’Ormesson (n° 16) fut baptisé le vendredi 16 septembre 1785 dans l’église de Saint Jean en Grève, né du même jour rue d’Orléans d’un père qualifié de « haut et puissant seigneur Messire Henry François de Paule Lefèvre d’Ormesson, seigneur de Maurepas, le Ménil en France et autres lieux, conseiller d’état, contrôleur général des finances et chef du Conseil d’administration du transport de la royalle Maison de St Cy r». L’enfant fut porté sur les fonds baptismaux par « haut et puissant seigneur messire Claude Henry Defeydeau de Marville, chevalier, conseiller d’état ordinaire, doyen du Conseil, directeur général des Economats », demeurant rue de Verneuil, sur la paroisse Saint Sulpice, et par « haute et puissante Dame Marie Anne Geneviève Lucas, épouse de haut et puissant seigneur, messire Louis François de Paule Lefèvre d’Ormesson de Noyseau, chevalier, Seigneur de Thiais et Grignon, président du Parlement, honoraire de l’Académie royalle des inscriptions et belles lettres », grande tante de l’enfant, demeurant rue de l’Egout, paroisse Saint Paul.

 

De Lezignan La Cebe, dans l’Hérault, à Paris.

Carlos Henrique Gonzague de Carrion d’Espagne de Nisas-Paulin (n° 22) a vu le jour sur le 6è arrondissement ancien de Paris, au n° 32 de la rue Sainte Apolline, le 21 Frimaire de l’an IV, ce qui correspond au 12 décembre 1795. Les parents du nouveau-né s’étaient mariés en 1791 à Lézignan La Cebe, dans le département de l’Hérault, ville où était installé Marie Henri François Elizabeth de Carrion d’Espagne de Nisas-Paulin (n° 44). L’acte de naissance fut reconstitué suite aux incendies provoqués lors des événements de la Commune de Paris sur la présentation d’un extrait du registres des Actes de naissance établi le 18 Prairial de l’an XII, soit le 7 juin 1804. La naissance avait été déclarée le père absent par Jean Louis Baudelocque qui demeurait alors rue de Thionville n° 44, dans la section du Théâtre français.

 

Un acte extrait des archives de la Chambre des Députés en 1877.

Le dimanche 27 octobre 1776 fut baptisé à Saint Germain l’Auxerrois Alexandre Jacques Laurent Anisson du Peron (n° 24). Il est le fils de messire Etienne Alexandre Jacques Anisson, (n° 48) Chevalier, Directeur de l’imprimerie royale, domicilié rue des Orties, et de Françoise de Chabenat (n° 49). Le parrain de l’enfant fut messire Jacques Anisson du Péron, Chevalier et Directeur de l’imprimerie royale, la marraine, Anne Marguerite L’Escot Defayette, veuve de messire Philippe Alexandre de L’Allier, chevalier, seigneur du Fayet, ancien capitaine de Cavalerie au régiment de Berry, marraine absente et représentée par demoiselle Alexandrine Jeanne de Chabenat, tante de l’enfant. La reconstitution de cet acte fut rendue possible sur présentation d’une copie extraite des archives de la Chambre des Députés le 9 mai 1877.

 

Particule et titres passés sous silence.

La naissance de Edouard Raymond Marie de Boisgelin (n° 28) fut déclarée à la mairie du dixième arrondissement ancien de Paris par le père de l’enfant, Alexandre Joseph de Boisgelin (n° 56), qui ne se nomme alors que « Boisgelin » et qui se qualifie de « propriétaire » ; tout déclarant étant avant tout un « citoyen », passant sous silence particule et titres. La naissance fut enregistrée le 26 Vendémiaire de l’an X selon le calendrier républicain, soit le 18 octobre 1801. L’enfant était né de la veille à onze heures du matin au 60 rue de Lille, Division de Grenelle. Les parents avaient convolés à Chilly, alors dans le département de Seine-et-Oise, en l’an IX (1800-1801). Il s’agit de l’actuel Chilly Mazarin, dans l’Essonne.

Quant à la naissance de Marguerite Marie Louise Omer Adélaïde Lepeletier de Mortefontaine (n° 29), elle eut lieu le 28 octobre 1809 sur le premier arrondissement ancien de Paris, plus précisément rue du Faubourg Saint Honoré, au n° 43, alors Division des Champs Elysées. La déclaration a été faite le 30 suivant par le père de l’enfant, Louis François Léon Lepeletier de Mortefontaine (n° 58).

 

Mariés à Orléans, dans le Loiret.

Bien que mariés à Orléans, dans le département du Loiret, le 13 Vendémiaire de l’an V, soit le 4 octobre 1796, André Laurent de Guenifey (n° 52) et Claude Catherine de Savonnières (n° 53) ont fait enregistrée la naissance de leur fils André Claude Alphonse de Guenifey (n° 26) le 15 Messidor de l’an VI, soit le 3 juillet 1798. Là aussi, période troublée oblige, le père oublie la particule et se qualifie de propriétaire. L’enfant est né à Paris deux jours avant, le 13 à onze heures du matin, au 290 de la rue Neuve Egalité, Division de Bonne Nouvelle. Le père est accompagné de Louis Sert, homme de loi et de Claude Chenard, dite veuve Savonnières domiciliée à Orléans et qualifiée d’aïeule maternelle de l’enfant. Dans l’ascendance établie et reprise en partie dans cet article, la mère de Claude Catherine de Savonnières (n° 53) est identifiée comme étant Anne Marie Nau de l’Etang (n° 107). Cette filiation reste à vérifier et à confirmer.

 

Grand-père et grand-oncle paternels témoins à la naissance.

Le 14 février 1807 est né sur le dixième arrondissement ancien de Paris, place du Corps Législatif n° 83, Division de Grenelle, Ambroisine Cécile Alexandrine Lauralba de Montesquiou-Fézensac (n° 31). Elle est la fille de Charles Eugène de Montesquiou-Fézensac (n° 62), capitaine de la Garde impériale, officier d’ordonnance près l’Empereur, Chambellan de l’Impératrice, et de Alexandrine Louise d’Harcourt (n° 63). Le père étant absent, c’est un professeur à l’Ecole de médecine de Paris, Jean Louis Baudelocque, déjà cité plus haut, qui déclara la naissance de 15 en présence du grand-père paternel de l’enfant, Elizabeth Pierre de Montesquiou-Fézensac, membre du Corps législatif, âgé de quarante deux ans, et domicilié même adresse que l’enfant, et du grand-oncle paternel de l’enfant, Ambroise Policarpe de La Rochefoucauld-Doudeauville, âgé de quarante un ans, propriétaire au 23 rue de Varennes à Paris.

 

Carrières de Préfets.

Olivier Le Fèvre d'Ormesson (n° 4) et Roger Léon Anisson du Peron (n° 12), à l’instar de Pierre Marie Antoine Charles Dubreuil-Hélion de La Guéronnière (n° 10) et de Claude Ignace Brugière de Barante (n° 50), furent préfets. Le répertoire biographique des Préfets cité en Bibliographie dresse la carrière des deux derniers.

Pierre Marie Antoine Charles Dubreuil-Hélion de La Guéronnière (n° 10), « né au Dorat, dans la Haute-Vienne le 16 mai 1827, fut sous-préfet de Bressuire qu 1er au 17 décembre 1851, d'Etampes du 16 mars au 12 avril 1853, secrétaire général de la Seine-Inférieure du 8 au 14 août 1855, préfet des Vosges du 13 novembre au 23 du même mois de l'année 1857, de Saône-et-Loire du 19 septembre au 7 octobre 1862, de la Haute-Garonne du 31 décembre 1865 au 25 janvier 1866, jour de sa mort ». Claude Ignace Brugière de Barante (n° 50), « né à Riom le 10 décembre 1755, mort au château de Barante à Dorat le 20 mai 1814. Il fut préfet de l'Aude du 11 ventôse au 19 germinal de l'an VIII, du Léman du 19 frimaire au 26 nivôse an XI, appelé à d'autres fonctions le 30 novembre 1810, il cessa ses fonctions de préfet le 5 janvier 1811. Son fils, Amable Guillaume Prosper Brugière de Barante, né à Riom le 10 juin 1782, fut tout d'abord auditeur au conseil d'Etat le 11 mars 1806, puis sous-préfet de Bressuire du 8 juillet au 25 décembre 1807, de la Vendée du 12 au 27 février 1809, de la Loire-Inférieure du 12 mars au 7 avril 1813. Conseiller d'Etat, député, il fut ambassadeur de France à Turin puis à St Pétersbourg de 1835 à 1848. Il s'est éteint comme son père au château de Barante le 21 novembre 1866 ».

 

Emmanuel de Grouchy : Pair de France et maréchal d’Empire.

Si le rôle des pairs de France était honorifique sous l’Ancien régime, Louis XVIII leur permit de participer au pouvoir législatif en 1814. Ce n’est qu’à partir de 1815 et ce, jusqu’en 1830 que les Pairs de France furent nommés à titre héréditaire. L’ascendance de Jean d’Ormesson compte au moins deux Pairs de France à la cinquième génération, Alexandre Laurent Anisson du Peron (n° 24) et Edouard Raymond Marie de Boisgelin (n° 28), deux aussi à la sixième génération, Emmanuel de Grouchy (n° 34), ce dernier nommé le 11 octobre 1832 par Louis-Philippe, et Alexandre Joseph de Boisgelin (n° 56), et un à la septième génération, Charles Hector d'Harcourt d'Olonde (n° 114).

Pair de France, Emmanuel de Grouchy (n° 34) est né à Paris d'une « famille de noblesse normande. Très tôt destiné à la carrière militaire, il embrasse la cause de la Révolution en faisant la campagne de 1792 dans l'armée de La Fayette. Toujours en avant montrant un courage héroïque, Emmanuel de Grouchy sera élevé à la dignité de maréchal d'Empire le 15 avril 1815, au retour de l'île d'Elbe. Proscrit par la restauration, il se réfugie aux Etats-Unis jusqu'en 1821, année où une ordonnance royale d'amnistie lui permet de revenir en France. Il sera rétabli dans sa dignité de maréchal après la révolution de Juillet et nommé pair de France. Mort à Saint-Etienne, le maréchal de Grouchy fut inhumé au Père-Lachaise. De son mariage avec Cécile Céleste Le Doulcet de Pontécoulant (n° 35), il eut quatre enfants dont la postérité est nombreuse ». Comme barons et comtes de l'Empire, on relève aussi Henri de Carrion d'Espagne de Nisas-Paulin (n° 44), Claude Ignace Brugière de Barante (n° 50), Charles Eugène de Montesquiou-Fézensac (n° 62) et Anne Pierre de Montesquiou-Fézensac (n° 124).

 

Conventionnels, conseillers généraux, députés

D’une famille de conseillers d’Etat, de contrôleurs généraux des finances, de parlementaires, l’ascendance de Jean d’Ormesson compte deux députés à la Convention nationale, Conventionnels aux parcours bien différents. Le premier, François Antoine Boissy d'Anglas (n° 94), issue d’une famille protestante, était avocat au Parlement de Paris lorsqu’il fut élu député du tiers aux Etats généraux. Elu à la Convention, il vota contre la mort du roi. Comte de l’Empire le 26 avril 1808, grand-officier de la Légion d’honneur le 30 juin 1811, il est fait pair de France par Louis XVIII le 4 juin 1814. Le second, Louis Michel Lepeletier de Saint-Fargeau (n° 118), magistrat, représentant de la noblesse aux Etats généraux, fut assassiné par Pâris, la veille de l’exécution du roi, le 20 janvier 1793 et devint le « premier martyr de la liberté ».

L’exemple de ces gentilshommes dévoués à une cause fut suivi, certains sont devenus, conseillers généraux ou députés, comme Roger Léon Anisson du Peron (n° 12), Alexandre Laurent Anisson du Peron (n° 24), et Bruno de Boisgelin (n° 14).

Toujours très proche du pouvoir, on compte : des chambellans, Anne Pierre de Montesquiou-Fézensac (n° 124) fut grand chambellan de Napoléon 1er, Charles Eugène de Montesquiou-Fézensac (n° 62), chambellan de l'impératrice, Henri Claude de Namur d'Elzée (n° 36), chambellan de l'Empire ; un gentilhomme, Georges Aldonce de Guéroult (n° 30), gentilhomme de la chambre du roi ; et un garde du corps, André Alphonse de Guenifey (n° 26), page de Louis XVIII.

Louise Françoise Le Tellier de Courtanvaux de Montmirail (n° 125) fut la gouvernante du roi de Rome, son époux n’était-il pas le grand chambellan de Napoléon 1er.

 

Fabricant d'indiennes : Jacques Just Barbet de Jouy.

Fils de Jacques Juste Bonaventure Barbet (n° 108) et de Marie Marguerite Gogibus (n° 109), Jacques Just Barbet (n° 54), se nomma Barbet de Jouy pour se distinguer de ses frères, Henri et Louis Auguste Barbet, et y fut autorisé officiellement en juillet 1859. Fabricant d’indienne à Bapeaume les Rouen, près de Canteleu, dans le département de la Seine-Maritime, il céda sa fabrique à son beau-frère, Pierre Louis Armand Arnaud-Tizon, en 1813, puis s’associa avec Emile Oberkampf en 1814 dans son usine de Jouy qu’il a rachetée en 1815. En 1810, c’est donc à la mairie de Canteleu qu’il vient déclarer le 17 octobre, accompagné de messieurs Ezéchiel Demarest, membre de la Légion d’honneur et maire de Canteleu, et de Jean Louis Bottin, négociant demeurant à Rouen, la naissance de sa fille, Marie Claudine Barbet (n° 27) née le 15 à trois heures du matin dans sa maison sise à Bapeaume. Il avait épousé précédemment, le 14 juin 1808 à Rouen Claudine Victoire Arnaud-Tizon (n° 55). Lorsque Marie Claudine Barbet (n° 27) épouse religieusement le 4 février 1834 à Saint-Louis d’Antin, et civilement le même jour sur le premier arrondissement ancien de Paris, le Baron André Claude Alphonse de Guenifey (n° 26), la famille de l’épouse et l’épouse elle-même sont dits domiciliés de droit à Jouy, et de fait à Paris, rue Taitbout n° 19. Les futurs époux sont accompagnés de Claude Arnaud-Tizon, domicilié 6 rue Trudon (actuellement rue Boudreau), Henri Barbet, député demeurant à Rouen, Charles Jules Laborte, avoué, et Charles Alexandre, comte de Lostanges.

 

Bibliographie :

- “ A la découverte de leurs racines ” de Joseph Valynseele et Denis Grando. Première série. ICC 1988.

- “ Familles d'écrivain ” Aurélie de Cacqueray et Julien Dieudonné. Archives & culture 1999.

- “ Les préfets du 11 ventôse an VIII au 4 septembre 1870. Répertoires nominatif et territorial ” Paris Archives nationales 1981.

- “ Dictionnaire des surintendants et des contrôleurs généraux des finances ” Comité pour l'Histoire Economique et Financière de la France. Mai 2000.

- “ Dictionnaire des Maréchaux de France. Du Moyen Age à nos jours  ”. Perrin 1988.